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    Adelmiro Ybaria
    Adelmiro Ybaria
    - Indépendantiste -
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    Date d'inscription : 17/02/2016

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    Dim 7 Aoû - 20:07

    Adelmiro se força à réprimer un soupir. C’était bien la première fois qu’il regrettait d’être arrivé en avance à un conseil des ministres. Normalement, il restait en retrait près d'une colonne et regardait, les bras croisés, les serviteurs installer les tables et les fauteuils au centre de la salle, ainsi que les chaises pour les spectateurs dans les ailes latérales lorsque la séance était publique. Quelques collègues venaient parfois lui parler avant le début de la session mais c’était rare, et toujours lié au travail.

    Aussi, quand Hibraïm N’raëm, ministre du Commerce, lui avait fait signe d’approcher, il s’était posé des questions : il n’avait aucun dossier en suspens avec lui. Mais, poli, il s’était exécuté… et s’était soudain trouvé face à la fille de son collègue. Il la connaissait de vue, bien sûr : avec sa chevelure écarlate et son caractère bien trempé, il était difficile de ne pas remarquer Filyana. Mais jamais encore Hibraïm n’avait fait mine de vouloir les présenter. C’était pourtant ce qu’il venait de faire, insistant un peu lourdement sur le titre d’Adelmiro.

    En politicien aguerri, celui-ci cacha son trouble et se montra même tout à fait charmant.

    - Mademoiselle, la salua-t-il d’une voix douce.

    Sans trop savoir pourquoi, il joua un peu avec la jeune fille en exagérant son baisemain : ses lèvres effleurèrent brièvement la peau douce de sa main. En se relevant, il lui lança un regard et un sourire fugaces indiquant que ce n’était ni un accident ni la preuve d’une éducation bâclée. Son père n’y vit que du feu.

    La seconde d’après, Hibraïm s’excusa. Adelmiro eut l’impression qu’il lui adressait un clin d’œil et, avant qu’il ait pu réagir, son collègue partit à grands pas en direction du ministre des Finances. Qu’est-ce que c’était censé signifier ? Il lui semblait pourtant qu’Hibraïm avait déjà choisi un fiancé pour sa fille, même s’il ne connaissait pas son identité. Ce pouvait n’être qu’une façon de dire « Bon courage pour t’en sortir avec elle », mais dans ce cas pourquoi les laisser en tête-à-tête ?

    Il décida de ne pas trop y penser. Tout ce qu’il avait à faire, c’était entretenir la conversation jusqu’à ce que le conseil s’asseye, ou même simplement jusqu’à ce que le ministre des Relations avec l’Empire arrive et lui donne une bonne excuse pour s’éclipser.

    - J’ignorais que vous vous intéressiez à la politique, dit-il avec une légèreté un peu forcée. À moins que ce ne soit votre père qui vous ait encouragée à venir ?

    Par "encouragée", il voulait plutôt dire "contrainte". Quelque chose dans le regard de Filyana lui disait qu’elle aurait préféré être n’importe où ailleurs qu’ici. Et vu le programme du conseil de jour, fait uniquement de formalités sans intérêt, il ne pouvait pas le lui reprocher.


    Anonymous
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    Lun 8 Aoû - 1:03


    Fi ne cessait de tortiller une mèche de cheveux entre ses doigts longs et graciles, nerveuse. Ce matin là, son père lui avait expressément demandé de l'accompagner au conseil des ministres pour lui présenter quelqu'un. Croyant qu'il s’était enfin décidé à lui présenter son promis, la demoiselle avait fait un effort de présentation pour ne pas décevoir l'homme respectable lui servant de paternel. Revêtue d'un Caftan de soie rouge brodé de papillons dorés dans le bas et retenu à la taille par un ceinturon de cuir large de couleur clair, elle avait longuement brossé sa chevelure flamboyante afin de leur donner un aspect sage et disciplinés. Elle savait toutefois que la moindre brise la ferait ondoyer telle des flammes qu'on ne pouvait éteindre, mais cela l'importait peu. Un fin maillage d'or entourait son cou délicat, agrémenté d'un rubis dont la coupe faisait penser à un rose, un présent de sa mère qu'elle appréciait beaucoup. Ses escarpins noirs marquaient un staccato régulier sur le sol de marbre du couloir qui menait à la salle du trône et l'endroit lui déplaisait d'avantage à mesure qu'elle progressait. Il semblait désespérément vide, meublé à la hâte avec ce qu'on avait pu trouver non loin. Ce n’était pas la première fois que la demoiselle était amenée à se rendre au palais, mais jamais encore elle n'avait été invitée dans la grande salle où présidait les plus hauts fonctionnaires du royaume. Le poing serré, masqué par la longue manche éclatante, Filyana tentait de faire bonne figure, de répondre aux sourires et salutations polies des personnes qu'ils croisaient. 

    Une idée lui était venue lorsqu'elle avait accepté de suivre son père ce matin là. Peut être l'homme à qui voulait la présenter son père serait il niais et facilement manipulable ? S'il était, en plus, haut gradé, cela lui permettrait peut être d'obtenir des informations intéressantes à transmettre sur l'autre rive. C'est pourquoi elle avait décidé de jouer ce rôle qu'elle haïssait au plus haut point, celui de la famille d'un important ministre. En entrant dans l'immense salle où s'affairait de nombreux serviteurs au milieu d'un décor somptueux, les yeux de Fi écarquillèrent malgré elle. Comment pouvait on dépenser tant pour un petite réunion et laisser de pauvres hères mourir de faim de l'autre coté du pont. Bien sûr, parmi ces paysans il y avait ceux qui ne faisait rien pour gagner leur vie, attendant que nourriture et vin viennent leur remplir la pense quand d'autres étaient disposer à le leur laisser. Mais toutes ces fioritures faisaient tourner la tête à la jeune femme. Si bien qu'il lui fallut quelques minutes avant de remarquer le jeune homme qui s'avançait vers eux. Fixant son regard embrasé dans celui, plus sombre, du nouveau venu, Fi laissa son père faire les présentations. Quand il eut répété au moins six fois qu'il était le plus jeune ministre de leur histoire et sans doute le plus ambitieux.

    Le sourire poli, similaire à tous ceux que l'on voyait ici, d'Adelmiro, seule information qu'elle avait jugé nécessaire de retenir jusque là, l'agaçait déjà sans trop que la jeune femme sache pourquoi. Peut être avait elle espéré rencontrer une personne différente de toute celles qu'elle côtoyait à la cours ? Plus franche ou sincère que réservée. Ou peut être le jugeait elle un peu trop vite. Elle tendit la main gracieusement, suivant le protocole qu'on avait inscrit dans sa chair, afin que le ministre puisse à son tour respecter celui-ci. La demoiselle n'y prêtait presque pas attention quand soudain, surprise du contact délicat qui s'était opéré sans que son père ne le remarque, Fi s'empourpra, fronçant les sourcils en se concentrant à nouveau sur l'individu. Peut être avait il un petit quelque chose finalement, le bref regard qu'il lui envoya en se redressant le confirma et elle s'en voulu presque de s'être laisser prendre. Un air de défi transparu sur son visage mais disparu bien vite quand son père décida de les abandonner pour se diriger vers un de ses confrères. La situation, devenue délicate, consistant à faire un choix entre s'éclipser discrètement après s'être excusée, ou rester, faire à la fois plaisir à son père et confirmer ce petit quelque chose qui l'avait interpellé plus tôt. 

    Fi opta pour le deuxième choix, se saisissant d'un verre de jus de fruit sur le plateau d'un serviteur pour masquer son trouble. Il ne restait que peu de temps avant que le conseil débute. Une trentaine de minute tout au plus. Elle devait être capable de faire la discussion calmement pendant ce laps de temps. Laissant son père à sa chaleureuse accolade avec le ministre des finances, la jeune femme se concentra sur Adelmiro. Il lui semblait l'avoir déjà aperçu de loin, sans doute même à plusieurs reprises. Ses longs cheveux de jais et son visages délicats rehaussé par une mâchoire carrée lui donnant un air plus sérieux n’étaient pas désagréables à regarder. Mais même le plus bel adonis n'aurait su lui faire baisser sa garde et accepter pareil arrangement. Les yeux de Fi demeuraient perçant, comme s'ils cherchaient à scruter l'âme du jeune homme dont on ne disait pas que du bien. En cherchant dans sa mémoire, la jeune femme s’était souvenue de certaines histoires qui ne lui rendaient pas grâce au sujet de son ascension au gouvernement. Lorsque le jeune ministre la questionna au sujet de son intérêt pour la politique, Filyana ne put retenir un léger gloussement, masquant cet égarement de sa main avant de déclarer :

    " Je n'ai d'autres choix avec un père qui ne parle que de cela à longueur de journée, voyez vous. Si je ne faisais pas mine de m'y intéresser un peu, il m'obligerait à l'étudier d'avantage. Je préférerait rejoindre notre Dieu plutôt que cela." 

    Buvant une gorgée du liquide sucrée et rafraîchissant tout en réfléchissant, la demoiselle laissa libre cours à la question qui lui venait instinctivement, le regards rêveur, sans même se demander si cela mettrait mal à l'aise le jeune home.

    " Pour vous il ne s'agit sans doute pas d'intérêt mais d'une véritable passion. Votre vie semble liée aux décisions qui sont prises lors de ces réunions. Rythmée par des sujets à aborder à mesure qu'ils se présentent, comme si tout pouvait être résolu par la seule force de vos convictions. Comme cela doit être ennuyeux. N'avez vous jamais envisagé un autre destin ?"

    Le sourire provocateur que Fi ne cherchait même pas à dissimuler derrière un masque de politesse travaillé se reflétait dans ses deux rubis incandescents. C’était pour la jeune femme une façon distinguée de lui renvoyer sa précédente provocation, et ce n’était là qu'un début car elle avait prévu de mettre la patience du jeune homme à rude épreuve pendant les trente prochaines minutes. Si la demoiselle parvenait à l'agacer ou le décontenancer suffisamment pour le faire fuir, ce mariage ne serait plus qu'on lointain, et mauvais, souvenir.


    Adelmiro Ybaria
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    Lun 8 Aoû - 13:52


    Un rire. Sa première réaction fut un rire. Un gloussement qu’elle dissimula pudiquement derrière sa main, ininterprétable. Mais après cette légère surprise, elle confirma ce qu’Adelmiro avait suspecté. Il tiqua un peu quand elle parla si légèrement de se faire nonne, lui qui prenait la religion tellement au sérieux, et se rendit compte que cette discussion allait mettre son sang-froid légendaire à l’épreuve.

    Il profita du passage d’un serviteur près de lui pour attraper un verre. Il appréciait rarement ce genre de boissons, trop sucrées à son goût, mais il lui paraissait plus courtois d’accompagner son interlocutrice. De plus, et ce détail n’était pas étranger à son geste, ce genre d’accessoire était toujours pratique pour détourner l’attention de son interlocuteur.

    Comme pour faire écho à ses pensées, elle leva sa propre coupe, laissant son regard dériver quelque part sur les marbres de la salle. Quand elle reprit la parole, ce fut sur un ton plus détendu que sa tirade précédente, plus pensif. En même temps, elle se tournait doucement vers lui et ses pupilles écarlates semblaient vouloir lui mettre le feu.

    - N’avez-vous jamais envisagé un autre destin ?

    Son regard, cette question, son sourire narquois, tout confirmait son impression : elle ne souhaitait rien tant que le voir tomber en cendres à ses pieds. Il s’était présenté à elle avec les meilleures intentions du monde mais allez savoir pourquoi, elle avait choisi d’attaquer, et d’une façon particulièrement ciblée. Qu’à cela ne tienne. Elle voulait jouter, elle n’allait pas être déçue.

    - Si, affirma-t-il.

    Il laissa une seconde de silence, le temps que cette réponse qu’elle n’attendait sans doute pas pénètre l’esprit de Filyana.

    - Avant chaque décision importante, je pense à ce que je deviendrai dans les différents cas. Je sais qu’à l’heure qu’il est je pourrais être un moine, un rentier retraité de la politique ou même un révolutionnaire. Mais savez-vous pourquoi je ne suis ni au Quenda, ni dans la Résidence libre, ni à Taytambo ?

    Sans lui laisser le temps de répondre, il se pencha vers l’oreille de son interlocutrice comme s’il s’apprêtait à lui confier un secret.

    - Parce que j’ai choisi ce destin, chuchota-t-il. Je ne laisse pas ma vie être rythmée par les décisions prises ici : je prends moi-même ces décisions.

    Il se redressa en haussant les épaules.

    - Du moins, j’y participe.

    L’apparente modestie de cette correction était complètement effacée par ton regard et son ton exagérément hautains. Il n’était pas aussi direct, normalement, mais cette jeune fille était différente des politiciens auxquels il était habitué. Eux étaient mielleux, hypocrites, sournois. Ils vous prenaient dans leurs bras pour mieux vous poignarder dans le dos. Elle, elle se plantait face à lui et sortait ses armes sans les cacher. Le perdant serait le premier à flancher.

    Mais hors de question que lui, considéré comme le politicien le plus implacable et le plus impassible de ces dernières décennies, se laisse sortir de ses gonds par une fille à papa caractérielle. Cette perspective lui arracha une grimace de dégoût, qu’il dissimula en levant sa coupe pour faire mine de boire. Il trempa cependant à peine ses lèvres dans le jus de fruit, décidément trop douceâtre à son goût.

    Il commençait à voir comment l’attaquer. De face, selon ses propres règles, et avec les armes qu’il lui avait elle-même données. Ce genre de victoires étaient les plus jouissives. Un sourire d’anticipation commençait déjà à apparaître sur son visage, il le réprima difficilement.

    - Mais vous, mademoiselle…

    Alors qu’il fixait le joli minois de son adversaire, il aperçut du coin de l’œil le ministre des Relations avec l’Empire entrer dans la salle. Quelques minutes plus tôt, il se serait sans doute précipité vers lui mais à présent que la bataille était engagée, hors de question de battre en retraite. Il se rapprocha même d’un pas de la jeune fille, la toisant de toute sa hauteur. Malgré ses talons, dont il entendait parfois le claquement sur carrelage, il faisait près d’une tête de plus qu’elle.

    - Vous dites que pour ne pas laisser votre requin de père vous manger le bras…

    Cette métaphore était très clairement ironique, gentiment moqueuse : Hibraïm N’raëm était plus proche du phoque que du requin.

    - … vous lui sacrifier votre doigt. J’ai toujours trouvé que faire des concessions était, quoique parfois nécessaire, ce qu’il y avait de plus ennuyeux dans la vie. Je suis sûr que vous aussi.

    Il aurait pu une fois de plus forcer le ton se voix, exagérer son dédain puis sa compassion, mais il préférait revenir à une joute plus subtile. Il se décala légèrement, pour se placer perpendiculaire à elle et tourner le dos au reste de la salle, donnant ainsi une apparence de confidentialité à leur échange.

    - Dites-moi plutôt, souffla-t-il : vous, de quel destin rêvez-vous ?


    Anonymous
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    Mar 9 Aoû - 0:11


    Son affirmation laissa une lueur de surprise, bien vite masquée, étirer les traits de la jeune femme avant qu'elle ne fasse disparaître cette expression derrière son verre, bientôt vide. Il s'expliqua avec franchise, comme si? La langue déliée par la pique de la demoiselle, il cherchait à parer son attaque, voir la lui renvoyer. Fi en oublia presque où et avec qui elle se trouvait. Ses mots l'effleuraient, lui donnant presque la chair de poule et elle su à cet instant que son père avait trouvé un partenaire fort divertissant avec qui la laisser. L'imaginer en moine faillit lui faire perdre le peu de retenue qu'il lui restait mais quand il prononça le mot révolutionnaire son regard se glaça. Elle cru un instant qu'il l'avait percé à jour, mais Adelmiro continua sa tirade comme si de rien n’était et un soupir de soulagement resta bloqué dans sa gorge. La demoiselle resta muette mais souriante devant son interrogation, ayant pressenti qu'il y apporterait une réponse qu'elle le veuille ou non. Cela devenait amusant, elle n'avait pas imaginé un seul instant qu'il suffirait d'une étincelle pour allumer un brasier mais elle se refusait à l'éteindre dans l'immédiat. Elle avait rarement une compagnie digne de ce nom, autant en profiter.

    Il était si proche que Filyana parvenait à percevoir une fragrance particulière, différente de celles qu'elle connaissait déjà, lorsqu'il murmura à son oreille qu'il dirigeait sa vie comme il l'entendait. Il se ravisa toutefois sur l'importance de sa place mais le ton qu'il employait avait clairement appuyé ses premiers propos, ne laissant pas de place au doute quand à son but. Il voulait être celui qui prenait les décision, cette information se grava précieusement dans un coin de son esprit tandis qu'elle restait attentive à ce qu'il se passait autour d'eux. Sa coupe demeurait pleine et la jeune femme se demanda pourquoi il l'avait prise si elle demeurait hors de ses goûts. Peut être préférait il quelque chose de plus fort, ou de moins sucré ? Pourquoi s’intéressait elle à ses goûts ? Ce qu'elle vit dans ses yeux au moment où il reprit la parole la força à délaisser son soudain intérêt pour ses préférences et à se recentrer sur l'expression qui animait ses traits. Il avait avancé d'un pas, comme pour affirmer sa supériorité, ce qui ne manqua pas de renforcer l'éclat de défi, frôlant la colère, dans les yeux de la jeune femme. Son père avait cette même attitude lorsqu'il s'adressait à elle, il s'arrangeait toujours pour la regarder de haut, de cette même façon irritable. Les paroles qui vinrent ne firent que renforcer sa position dans la guerre discrète qu'ils se livraient au milieu d'une masse de personnalités importantes qui n'y voyaient rien de plus qu'une banale discussion. 

    Son tir, bien qu'ajusté, avait manqué sa cible, n'éraflant pas même la confiance de la demoiselle dont le sourire avait retrouvé son espièglerie. Amusée de le savoir penser qu'elle avait accepté de venir uniquement car elle y était contrainte Fi planta son regard dans le sien. Puis finalement cet aura de provocation s'apaisa tandis qu'il se replaçait, rendant son espace à la demoiselle, qui curieuse d'en savoir la raison, ne le quitta pas des yeux. La question ultime fut lâchée, comme s'il cherchait à ramener leur échange sur un terrain plus fréquentable sans savoir qu'il marchait en réalité au milieu d'un champ de mines. Fi profita du passage d'un serveur pour poser son verre vide sur le plateau et gagner quelques secondes de réflexion. Mentir était aisé, elle en avait l'habitude et n'avait aucun besoin de se forcer. Mais le devait elle dans le cas présent ? Ne pouvait elle pousser à son avantage cette question piège avant de l'abandonner à une intense étude de la réponse apportée ? La jeune femme soupira, jouant avec une mèche de ses cheveux avant de déclarer, mystérieuse :

    " Qui n'a jamais souhaité changer l'ordre des choses ? Renverser les puissants et laisser l’opportunité à ceux que l'on croit faible de faire tourner la roue du Destin à leur avantage ? Vous devriez vous méfiez des apparences, elles sont bien souvent trompeuses et n'attendent que l'occasion parfaite pour se dévoiler."

    Un sourire félin se dessina sur ses lèvres de la demoiselle alors qu'elle ajoutait dans un murmure :

    " Une fourmis seule ne peux rien face au tamanoir. Mais une colonie entière peux le dévorer pour n'en laisser que des os."

    Délaissant son air moqueur pour adopter celui d'une sincérité véritable, Fi chercha son père des yeux, repérant rapidement la large cape rouge qui quittait rarement ses épaules en public. Son regard s'assombrit un instant, magmatique, alors qu'elle serrait son poings à s'en faire mal.

    " Je consacrerais chaque seconde de ma vie à annihiler tout ce que vous vous évertuerez à construire, et ce jusqu'à ce que cette cage dorée se brise en mille morceaux."

    Fi éclata de rire sans se cacher cette fois, changeant totalement de visage comme pour démentir ses sombres paroles, cherchant à semer le trouble chez cet homme que rien ne semblait atteindre. Si son père l'avait entendu il l'aurait sans doute immédiatement traîné à la maison pour éclaircir cette histoire. Heureusement il se trouvait à l'opposé de la pièce et d'ici qu'Adelmiro démêle le vrai du faux dans cette histoire la demoiselle avait le temps de voir venir. Surtout qu'elle pouvait aussi bien parler du mariage que de leur gouvernement. Qui oserait le faire ici toutefois ? Et ce n’était pas la seule subtilité de ses paroles, loin de là. La jeune femme effectua un rapide pas de côté, tournoyant sur elle même en faisant virevolter sa chevelure de feux qui capta la lumière des torches qu'on installaient à mesure que la luminosité s'affaiblissait. Faisant alors face au jeune ministre, un sourire plein d’innocence et de charme illumina son visage délicat, contredisant chacune des réponses qu'elle avait apporté jusque là. Imprévisible, Fi désigna le verre au contenu intact en se penchant légèrement vers lui pour le regarder par dessous ses cils, plaisantant gentiment, tout défi oublié :

    " Prenez quelque chose que vous pouvez boire la prochaine fois."


    Adelmiro Ybaria
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    Mar 9 Aoû - 2:16


    Adelmiro se doutait que la jeune femme ne répondrait pas directement à sa question. Si elle l’avait attaqué, ce n’était pas pour lui ouvrir son cœur dès qu’il en ferait la demande. Durant sa tirade, son regard s’était animé plusieurs fois, tour à tour glacial, amusé ou irrité, mais son visage était resté figé sur ce sourire poli qui était sans doute son expression par défaut dans ce genre d’environnement.

    Elle prit le temps de reposer son verre et réfléchit encore un instant à la réponse à lui donner, tortillant une mèche de cheveux autour de son doigt. L’expression de son visage avait changé, son sourire s’était un peu tordu. Adelmiro jura intérieurement contre lui-même. Il n’arrivait pas à se l’expliquer mais il semblait l’avoir involontairement emmené sur un terrain sur lequel elle se sentait à l’aise.

    Sa réponse le glaça. Il voulut se convaincre qu’il était simplement paranoïaque, qu’il interprétait les paroles d’une autre à l’aune de sa propre sensibilité, mais quand, avec le sourire du chat sur le point d’attraper sa proie, elle ajouta cette métaphore de la fourmi, il n’eut plus beaucoup de doute.

    Les deux interlocuteurs, pour des raisons différentes, perdirent leurs sourires en même temps. Tandis que Filyana parcourait la salle du regard et parlait avec une hargne d’une intensité qui ne pouvait être feinte, Adelmiro sentait une certaine peur monter en lui. À quel point était-elle sérieuse, et consciente de la portée de ses paroles ?

    Son rire, franc et glaçant, ne le calma pas. Pas plus que sa pirouette, ou que son air soudain enfantin quand elle vint se placer juste sous son visage. Et le conseil qu’elle lui donna d’un ton candidement docte, comme celui d’une petite fille n’ayant pas conscience que les adultes ont eux aussi connu le monde de l’enfance, finit de l’énerver. Perdant soudain tout ce sang-froid dont il se targuait, il attrapa vivement le bras de Filyana.

    - Et vous, la prochaine fois, surveillez vos paroles, grogna-t-il entre ses mâchoires serrées.

    Il avait oublié où il était, les personnes qui l’entouraient. Ses pensées affolées tournaient à toute vitesse. "Renverser les puissants"... Ne parlait-elle pas seulement de s’émanciper, elle seule, du carcan imposé par son père et par l’étiquette de la cour ? Non, elle avait bien parlé d’une colonie de fourmis. Elle était persuadée qu’elle n’était pas seule dans ce combat, et à moins qu’elle ne se trompe très fortement sur les autres rejetons des Grandes Familles, elle ne pouvait parler que du peuple naidien. Et quel combat menait le peuple naidien ? Une seule réponse possible.

    Il se rendit soudainement compte de sa situation. Il desserra son emprise sur le bras de Filyana et redonna à son visage une expression plus neutre. Inquiet, il regarda brièvement par-dessus ses épaules. Par chance, il tournait le dos à la salle et personne ne semblait avoir remarqué ce qui se tramait entre eux. Il se pencha un peu pour chuchoter :

    - Je vais faire comme si je n’avais rien entendu, ou comme si j’étais trop formaté par cette cage dorée que vous détestez tant pour avoir compris. Mais sachez que tout le monde n’agirait pas ainsi. Votre père, pour ne citer que lui, ne veut pas entendre parler de ce que vous évoquez. Et ne croyez pas que vos insinuations criantes et vos métaphores fumeuses vous protégeront. Auprès de votre père elles suffiront peut-être, parce qu’il refusera de croire que sa jolie petite fille puisse être impliquée dans quelque chose dont, le croit-il, elle ignore tout, mais d’autres ne seront pas aussi naïfs.

    Son ton était dur, sec. Il ne voulait pas qu’elle ait le moindre doute sur son sérieux. Tout en parlant, il se forçait à dissimuler sa nervosité et regardait fréquemment autour de lui. Leurs voisins étaient trop proches d’eux à son goût. Cette conversation devait s’arrêter immédiatement. Elle était en train de s’engager sur un terrain dangereux et si n’importe qui en saisissait le moindre mot, ils risquaient gros tous les deux. Les ordres officiels étaient de ne punir que les actions révolutionnaires, pas les simples paroles, mais leurs réputations, ainsi que celle d’Hibraïm, en pâtiraient tout de même gravement. Le plus sage était sans aucun doute de revenir à un sujet anodin, comme la météo ou son adaptation à Talehe mais…

    D’après ses paroles et son manque de discrétion, elle n’avait qu’une vague idée de ce dans quoi elle s'embarquait. Si elle continuait ainsi, elle n’allait pas tarder à être démasquée. Moralement, il ne pouvait pas la regarder se saboter toute seule. Au fond de lui persistait encore l'espoir qu'il se trompait du tout au tout et qu'elle parlait juste de se libérer des lourdeurs de la vie d'aristocrate, mais il savait cet espoir faible.

    - Venez, soupira-t-il en la prenant de nouveau par le bras, mais cette fois délicatement et de façon tout à fait protocolaire. Discutons plutôt de ça dans un coin plus tranquille.

    Il repéra du regard un coin de la pièce, derrière les chaises des spectateurs, où personne ne s’aventurait. S’il réussissait à faire bonne figure, il pouvait faire croire qu’il emmenait la jeune fille à l’écart pour lui faire la cour. C’était pourtant la dernière chose dont il avait envie en cet instant.


    Anonymous
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    Mar 9 Aoû - 4:29


    La douleur vive liée à la poigne se refermant sur son bras fit exulter Fi, elle était enfin parvenue à trouver sa limite et un sourire victorieux illumina ses yeux de mille-feux. Il avait marché de plein pied dans un piège dont il ne soupçonnait pas même la complexité du mécanisme et s'y enfonçait d'avantage à chaque seconde qui passait. La demoiselle avait espéré ce revirement, car s'il s’était laissé avoir par son sourire attendrissant et son soudain changement d'humeur, elle aurait été grandement déçue. Loin de s’inquiéter de son attitude soudainement réprobatrice et sévère, la jeune femme se délectait de chaque nouvelle expression qui apparaissait sur son visage. Quand celui-ci se figea sur un soupçon d’inquiétude et qu'il relâcha enfin son bras, une infime douleur qu'elle ne pouvait ignorer d'avantage la fit légèrement grimacer. Mais elle en avait connu d'autres. Le jeune ministre se tourna discrètement pour scruter l'assistance et la demoiselle eu un geste similaire. Elle aurait voulu que quelqu'un aperçoive la scène, même en partie. Cela aurait pu être intéressant. Toutefois, personne ne semblait avoir repéré l'altercation et Filyana haussa les épaules. Avant qu'Adelmiro ne se tourne à nouveau vers elle, la jeune femme avait retrouvé son masque de politesse, impassible.

    La Naidienne écouta sa longue tirade sous sourciller, feignant une colère froide. L'aura qui se dégageait du ministre la fascinait, mais elle ne devait rien laisser transparaître. Il n’était pas encore temps de déclamer l'acte final de cette tragédie. Elle voulait rester sur scène, profiter de la moindre seconde sous le feu des projecteurs avant de disparaître derrière un écran de fumée qui laisserait perplexe l'unique spectateur de cette représentation. Adelmiro avait perdu son sang-froid, jetant de nombreux regards sur les nantis se trouvant proches de l'étrange duo. La demoiselle savait qu'aucun d'entre eux n'avait pu entendre cette conversation, elle n'aurait pas prit ce risque car trop de témoins étaient gênants et elle ne souhaitait pas s’embarrasser des formalités qui en auraient découlé. Ce spectacle était exclusivement réservé au partenaire que lui avait choisi son père, elle ne désirait le partager avec aucun autre. Lorsqu'enfin, trop soucieux des regards qui pourraient à tout moments se tourner vers eux, le jeune homme l'invita à le suivre à l'écart de la foule, Fi su qu'elle avait gagné.

    Elle se concentra alors sur le souvenir le plus triste qu'elle ai, laissant ses sentiments déborder, inonder son âme jusqu'à ce qu'ils transparaissent sur ses traits et que des billes salines glissent en silence sur ses joues invisibles pour celui dont le regard portait à l'opposé de la pièce. Masquée par ses longues mèches éclatantes, traverser la salle sans se faire remarquer au bras d'un jeune homme à la forte affluence fut aisé. Il restait une poignée de minutes avant que le conseil ne commence et chacun continuait de vaquer à ses occupations sans prêter attention aux autres. Si n'importe qui était venu les saluer à cet instant, la prestation de Fi aurait prit fin. Elle aurait essuyé ses larmes et feint de rire à une blague un peu trop drôle avant de s'excuser et de rejoindre son père. Au combien cela aurait été frustrant ! Abandonner si proche de son but ! De l'apogée de de cette journée ! Mais ils parvinrent sans encombre jusque dans un recoin de la pièce, derrière les sièges du public, masqués par des colonnes de marbre régulières. Alors les épaules de Fi se détendirent d'un coup et elle fit un pas brusque en arrière, se soustrayant à l'emprise du ministre, désormais hors d'atteinte du monde extérieur. Pour un instant intemporel seulement.  

    Les larmes continuaient de grignoter son visage, l'une après l'autre, elle voulait le voir décontenancé, soulagé, peu importe. Le tout était d'ajouter une nouvelle expression à celles qu'elle avait déjà capturée. La colère et la tristesse se mêlaient dans son regard sans qu'elle ai à les feindre lorsqu'elle redressa la tête vers lui. Les yeux ancrés dans les siens elle entama la lente démolition de ses propres arguments, un par un, la voix basse et tremblante. 

    " Vous ne savez pas ce que c'est, de devoir évoluer sous la menace d'un père aussi tyrannique et respecté que le mien. Quelqu'un qui décide de votre sort sans jamais vous consulter. Qui vous empêche de vivre, de vous épanouir dans ce qui vous passionne."

    Elle prit une grande inspiration, chassant rageusement une larme qui menaçait de tacher le précieux tissus de son habit, et laissa sa voix se briser :

    " De choisir à qui offrir son cœur."

    Elle n'avait pas besoin de surjouer la scène, tout était dans les mots choisis, la mesure de son débit de paroles, des trémolos dans sa voix, et des spasmes qui agitaient sa cage thoracique. Elle développa son monologue, ne le laissant pas briser sa lente litanie :

    " Si au moins... Si seulement j’étais une fourmis ! ... j'aurais des centaines de mes semblables pour me comprendre. M'appuyer. Mais au lieu de cela... Je n'ai rien !"

    Filyana essuya son autre joue, se souvenant que si elle frottait trop ces dernières sa peau rougiraient et ne passerait pas inaperçue aux yeux de son père. Patiente, minutieuse, la jeune femme appuya sur ce point, se permettant plusieurs hoquets de douleurs :

    Ne me faites pas croire que votre cœur n'est qu'un morceau de roche inébranlable ! Même vous, devez bien avoir quelqu'un à qui vous confier... Ne serait ce qu'un endroit ou vous réfugier quand la pression fait sauter le cran définitif... Le dernier rempart avant la folie..."

    Encore. Elle devait continuer, jusqu'à ce qu'il craque, qu'elle perçoive un minuscule changement en sa faveur dans son attitude.

    " Je n'ai même pas ce droit ! Si je sors sans y être autorisée ou que je rencontre quelqu'un qu'il n'a pas approuvé, père envoi son garde du corps me ramener de gré ou de force !"

    Il était temps, à présent, de porter le coup de grâce, l'ultime pierre au merveilleux édifice qu'elle avait bâti au nom de son ennui, de son manque de divertissement et de son goût pour le danger. S'autorisant enfin à briser le lien qui reliait leur regard, Fi se laissa glisser contre une colonne, dos à la salle, jusqu'à ce que ses genoux entrent en contact avec le marbre frais. Les yeux rivés au sol, le visage masqué par sa chevelure flamboyante, l'artiste acheva son tour de force, dopée par l'adrénaline. Enserrant ses genoux de ses bras dans une position de soumission, et de protection à la fois, la jeune femme brisée murmura, si bas que c’était à peine audible pour l'homme qui se tenait pourtant si près d'elle:

    " Je refuse de me marier à un homme que je n'aime pas... Alors, si vous m'y contraignez, j'utiliserais chaque seconde offerte par notre Dieu que vous m'avez volé contre vous. Jusqu'à vous détruire, vous voler la clef qui vous octroi le droit de penser que je vous appartiens parce que mon père en a décidé ainsi... Je reprendrais la seule chose qui m’ai jamais appartenu... Le droit d'aimer."


    Adelmiro Ybaria
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    Mar 9 Aoû - 14:41


    Tout en se déplaçant, se forçant à marcher bien lentement pour ne pas éveiller les soupçons, Adelmiro lançait des regards en coin à sa partenaire. Son attitude avait changé du tout au tout à partir du moment où il avait laissé transparaître sa colère, et il ne savait pas comment interpréter cela. Il aurait cru que son sermon l’aurait choquée, ou même seulement surprise ; que se savoir démasquée l’aurait inquiétée. Mais rien de tout ça. Elle était restée impassible, il avait même cru apercevoir une fois ou deux un léger sourire satisfait mal dissimulé. Il se serait trompé sur elle ? Elle se serait attendue à ce genre de discours ? Il ne savait pas ce qui l’énervait le plus : l’idée de s’être fait avoir à ce genre de piège grossier, qui plus est tendu par une jeune fille, ou avoir peut-être raison et savoir que la jeune fille en question puisse s’être lancée tête baissée dans une entreprise qui la dépassait.

    Et voilà que sans prévenir, elle se mettait à sangloter. Adelmiro se sentit un peu déstabilisé : il n’était pas habitué à ce qu’une femme pleure devant lui, mais il se maîtrisa vite. Cette fois, il ne se laisserait pas avoir. Ce nouveau revirement était trop soudain et rien ne le motivait, il ne pouvait pas être sincère. Et même si le pathos de la scène réussissait presque à l’émouvoir, il devait désormais se montrer extrêmement prudent.  

    Quand ils s’arrêtèrent dans le coin le plus tranquille de la salle, elle s’échappa brusquement de son emprise. Elle se planta face à lui et leva la tête, comme pour lui balancer au visage ses joues mouillées de larmes. Elle voulait être sûre qu’il n’en rate pas une miette et ce détail, sans doute destiné à le perturber encore plus, lui permit au contraire de se reprendre. Filyana n’était pas le genre de fille à exhiber ses faiblesses, ce qui signifiait qu’elle prenait ces pleurs comme une force, une arme. Et les coups bas, Adelmiro savait les éviter.

    Son regard, c’était une autre histoire. Il n’était pas en accord avec ces larmes de crocodile, et venant de quelqu’un qui avait réussi une performance que même Adelmiro n’avait su éventer, ce ne pouvait pas être un oubli. Ce regard-là était sincère, la colère qui s'y lisait était ce qu’elle ressentait réellement.

    Le fixant toujours du regard, elle se mit alors à parler d’une voix tremblante. Adelmiro en admira d’abord la maîtrise, puis ce qu’il entendit le poussa à se concentrer sur le fond bien plus que sur la forme. Ce qu’il saisit lui permit de se détendre, si bien que quand elle lui servit son grand final, à genoux par terre, il s’accroupit devant elle en souriant. Et quand elle eut fini, il rit carrément.

    Ce rire n’était pas moquer, ne visait pas à la blesser. Il exprimait son soulagement profond. Enfin, il avait compris Filyana et elle ne lui faisait absolument plus peur.

    - Je crois qu’il faut que je vous avoue quelque chose, dit-il une fois son gloussement maîtrisé : je n’ai pas l’intention de vous épouser. D’abord parce que, pour autant que je sache, votre père a en tête un autre prétendant pour vous, et ensuite parce que je n’ai aucune envie de partager ma vie avec une épouse qui ne veut pas de moi. Surtout avec vous : je ne suis pas suicidaire.

    Ponctuant sa plaisanterie d’un large sourire, il l’aida à se relever. Il était tellement détendu qu’il ne pensait plus à ce qui se dirait si jamais on les surprenait dans cette position, simplement qu’elle n’était pas bien confortable. Et que Filyana risquait de salir sa belle robe.

    - Ma mère est une Qiang, je vous rappelle, continua-t-il. Je suis bien le dernier ici à croire qu’une femme puisse appartenir à un homme, ou même se laisser dicter son destin par qui que ce soit.

    Après un dernier coup d’œil prudent en direction de la salle, il se pencha vers elle et souffla :

    - Ceci étant dit, peut-être arrêterez-vous de me voir comme un ennemi ? Je pourrais même être votre allié. J’ai le pressentiment que vous et moi pourrions former une paire redoutable. Quel que soit votre but et quel que soit le mien.

    En gage de bonne volonté, il lui tendit la main.


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    Mar 9 Aoû - 19:01


    Alors qu'il s'abaissait à sa hauteur, Fi ramena son regard à hauteur du sien, curieuse de découvrir l'expression qui couvrait ses traits. Le sourire qu'il lui présentait avait quelque chose de franc, de détendu. Rien à voir avec celui que le jeune ministre lui avait servit lors de leurs premiers échanges, trop poli. Lorsqu'il se mit à rire sincèrement, le soulagement transparaissant sur son visage, l'incrédulité se refléta sur celui de la demoiselle. La Naidienne se demandait ce qu'elle avait bien pu dire qui ai un tel impact et elle fut incapable, à cet instant, de masquer la surprise de sa réaction. Elle s’était attendu à ce qu'il s'excuse, qu'il fasse mine de la comprendre dans le pire des cas. Mais surement pas à cela. Ses sourcils se froncèrent mais dès les premiers mots de l'homme son cors se décrispa et le soulagement devint réciproque. Ainsi il n’était pas celui à qui son père la promettait. Le comportement de ce dernier l'aurait pourtant laissé parier aisément. Il faudrait qu'elle tire cela au clair une fois la maison familiale regagnée, mais il n’était pas temps de penser à ce qui se passerait après. L'instant présent restait tout à fait passionnant. Il venait de sous entendre que l'épouser serait suicidaire et Filyana, les lèvre pincées, lui jeta un regard foudroyant. Mais c’était de bonne guerre et, aux vues de son cafouillage monumental elle ne pouvait lui en vouloir. Lui offrant son aide, Adelmiro l'aida à se redresser et la jeune femme défroissa l’étoffe, qui n'avait pas apprécier ce mauvais traitement, avant de réajuster son ceinturon et de chasser les dernières traces salines sur ses joues.

    Le ministre évoqua ses origines, dont la jeune femme avait déjà eu vent, afin de la rassurer quand à son opinion sur les femmes, juste avant de se pencher à nouveau vers elle. Lui proposant alors de repenser son avis sur sa personne avant de déclarer qu'ils pouvaient trouver des intérêts communs à bien s'entendre. Fi plissa les yeux alors que sa bouche se tordait dans un rictus amusé et suspicieux. Était ce la moitié d'un aveu quand à son incapacité à parvenir à ses fin en ne comptant que sur ses propres capacités ? La demoiselle choisi de le voir ainsi pour sa satisfaction personnelle, bien que se demandant comment elle pourrait lui apporter un quelconque soutien. L'idée en soit n'était pas pour lui déplaire, peut être pourrait elle en tirer un avantage certain, ne serait ce que dans la procuration d'informations qui pouvaient paraître sans intérêt mais qui, par un infime détail, se transformaient en armes infaillibles. Filyana posa gracieusement sa main dans celle, tendue, d'Adelmiro, tout en répondant, sa confiance en soi soudainement retrouvée :

    " Je veux bien reconsidérer ma position à votre égard maintenant que la situation a été clarifiée."

    Ses yeux s'égarèrent un instant sur le sol immaculé et Fi ajouta, légèrement honteuse :

    " Je me dois de m'excuser pour cet horrible malentendu. Père agit rarement de cette façon alors j'étais persuadée que... Peu importe."

    La jeune femme soupira puis se ravisa soudain, relevant brusquement les yeux pour fixer ceux de son interlocuteur, une lueur d'espoir les animant. Excitée comme une enfant avant les festivités, elle l'interrogea, le ton pressant :

    " M'aiderez vous à voler quelques heures de liberté en convainquant mon père, de je ne sais quelle façon, qu'elles me sont nécessaires ? Je ne supporte plus de sentir l'haleine fétide de son garde du corps dans mon cou quoi que je fasse et où que j'aille."

    Les sentiments qui se manifestaient sur le visage de Fi changèrent encore, comme si la lave mouvante qui composait son regard la poussait à souffler le chaud et le froid tour à tour. Ce fut à nouveau le défi, la provocation mais aussi une certaine forme d'assurance qui prirent le relais alors qu'elle ajoutait, enjôleuse :

    " Je saurais vous rendre la pareille le moment venu, soyez en certain. Nous n'avons peut être pas le même but, mais vous avez au moins raison sur un point. Notre binôme pourrait donner du fil à retordre à bien du monde ici bas."

    Une sorte de gong retenti, signifiant qu'il restait très peu de temps avant que la séance du jour ne débute. Filyana se planta bien droite devant Adelmiro, se fichant de transgresser son éducation en se tenant trop proche de lui. Elle ne le laisserait partir qu'après avoir obtenu une réponse et la détermination qu'elle affichait ne laissait transparaître aucun doutes quand à sa volonté d'obtenir une fin positive à sa demande.


    Adelmiro Ybaria
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    Mer 10 Aoû - 17:15


    Bien sûr qu’elle accepta sa proposition. Elle semblait en colère contre à peu près tout le monde autour d’elle mais elle savait aussi que se battre seule était une cause perdue. Et si vraiment elle se sentait isolée, elle ne pouvait pas refuser une des rares mains qu’on lui tendait.

    Durant son instant d’hésitation, avant d’accepter son offre, elle afficha un sourire qui déplut à Adelmiro. Il se demanda encore une fois s’il ne s’était pas fait avoir. Il l’avait crue prête à faire la révolution puis avait oublié ses craintes en gobant son jeu de jeune fille incomprise. Il pensait que son ennui et sa méconnaissance du monde la poussait à sortir les grands mots, la persuadait que le seul moyen d’améliorer son petit monde était de faire sauter tout le système. Mais était-elle aussi ignorante qu'il le croyait ?

    Une chose était sûre : elle était décidée à faire quelque chose. Est-ce qu’elle savait déjà ce qu’elle quoi exactement, cela restait à découvrir mais quoi qu’il en soit, elle pourrait lui être utile. Pour cela, deux possibilités : soit il essayait de la manipuler à son insu, mais ce risquait de ne pas être facile, soit il lui expliquait précisément tous les tenants et aboutissants de la situation et peut-être pourraient-ils non seulement s’entraider mais aussi réellement coopérer. Encore fallait-il qu’elle accepte de comprendre qu’il ne s’agissait pas seulement de détruire un système et ses carcans mais aussi d’en reconstruire un nouveau derrière.

    Tout à ses pensées, il ne se rendit pas compte tout de suite qu’elle avait délicatement posé sa main dans la sienne, et qu’elle lui avait parlé. Le temps que ses yeux se posent réellement sur elle, les siens avaient dévié vers un point quelconque du sol et son ton était devenu légèrement plus bas. Pendant une seconde, le temps de deux petites phrases, elle laissa transparaître son embarras, puis un nouveau saut d’humeur ralluma un éclat dans ses yeux.

    Malheureusement pour elle, la demande qu’elle lui fit n’était pas exactement ce qu’Adelmiro avait en tête. Que croyait-elle ? Qu’il lui proposait de se mettre à son service ? Elle le lui demandait peut-être en papillonnant de ses longs cils mais ses intentions étaient toutes autres.

    Son gloussement fut étouffé par le bruit du gong qui annonçait l’ouverture imminente du conseil. Il entendit le brouhaha qui bourdonnait au fond de la salle diminuer tandis que chacun allait prendre sa place mais lui ne pouvait pas partir tout de suite. D’ailleurs, son interlocutrice n’allait pas le laisser s’en sortir comme ça.

    - Je vous obtiens quelques heures de liberté et vous me rendez la pareille à l’occasion ? se moqua-t-il. Loin de moi l’idée de mettre en doute votre parole, mais ce n’est pas exactement ce que j’avais en tête.

    Il lui lança le même regard joueur qu’après son baisemain. Il était grand temps qu’il reprenne la main sur cette conversation, et cela passait par l’affirmation de sa confiance en lui.

    - Je vous proposais de nous allier, pas de nous rendre de menus services à l’occasion. Vous avez besoin de moi, non pour échapper un peu à votre père mais pour bien plus : s’il ne s’agissait que de ça, vous auriez déjà dégoté un autre pigeon à manipuler. Quant à moi, je pourrais sans doute vous trouvez un travail à la hauteur de votre talent.

    Un peu de pommade ne pouvait pas faire de mal. Mais toujours passée avec un ton à la limite de la condescendance, pour ne pas avoir trop l’air en admiration.

    Malheureusement, le deuxième coup de gong se fit entendre, l’obligeant à couper court à son manège. S’il n’était pas à sa place au troisième, il risquait une sanction. Discuter dans un coin sombre avec une jeune jolie jeune fille lui donnait une excuse pour arriver légèrement en retard, mais dans une certaine limite.

    - Voilà ce que je vous propose, dit-il rapidement : je peux facilement vous faire sortir pour une après-midi. Je prétexterai vous faire visiter le palais royal, en compagnie de ma mère bien sûr. Cela pourra passer pour une cour en bonne et due forme, et étant donné que votre père n’a toujours pas révélé ses intentions vous concernant, il ne pourra pas me refuser cette sortie. Là, vous m’écouterez attentivement pendant, disons, une heure, à l’issue de laquelle je vous ferai une proposition. Si vous l’acceptez, ce sera le début réel de notre alliance. Si vous la refusez, vous pourrez user des deux ou trois heures suivantes à votre guise, et nous nous arrêterons là. Qu’en dites-vous ? Vous avez deux minutes pour répondre.


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    Mer 10 Aoû - 20:54


    Sa réponse fut pour le moins inattendue. Le jeune ministre se moqua de Fi ouvertement, ridiculisant sa proposition en la remmenant à une simple requête infantile. Cette expression d'amusement à ses dépends réapparu sur son visage et la jeune femme senti que le vent tournait. Si elle avait réussi à reprendre la main jusque là, elle savait son adversaire coriace et il le lui démontra avec aplomb. Précisant son offre telle que la demoiselle l'avait attendu, car il était plus simple de provoquer que de demander gentiment, ou plus amusant, peu importe, Adelmiro avait même compris qu'elle n'attendait pas de lui ce qu'un de ces idiot manipulable aurait pu aisément réaliser sans qu'elle ai à déployer tous ses talents d'actrice. Ce détail ne fit qu’accroître son sourire de satisfaction, elle avait la certitude de s'adresser exactement à la bonne personne. Le compliment qu'il lui accorda ne lui fit pas autant plaisir qu'elle l'aurait imaginé, la Naidienne avait l'habitude qu'on la brosse dans le sens du poil pour obtenir plus facilement ce qu'on esperait d'elle. Seul son père savait la contraindre après tout. Et c’était déjà bien suffisant. 

    Bien décidée à répliquer, mais voyant déjà les lèvres du ministre former un nouveau mot, elle préféra s’abstenir et attendre de voir jusqu'où il allait aller. Plus ils discutaient et plus la jeune femme était curieuse d'apprendre à connaitre les multiples facettes de cet étrange personnage. Elle l'avait d'abord pris pour du menu fretin, mais se rendait à présent compte qu'il devait évoluer dans un milieu tout à fait différent, et cela l'intriguait. Mieux, la fascinait. Buvant ses paroles tout en gardant cet aspect calme et provocateur, Filyana écouta sa proposition jusqu'au bout, en étudiant le moindre mot et les différents sens qu'ils pouvaient prendre. Quand il eut fini, déclarant qu'elle n'avait que deux minute pour choisir quelle attitude adopter, la demoiselle se repassa rapidement en revue les avantages que pouvait avoir cette alliance. L'idée de cette entrevue lui paraissait bonne, peut être même suffirait elle à faire lâcher du leste à son père concernant ce fameux mariage. Mais il y avait une chose qu'elle n’était pas prête à concéder. Ces quelques heures de libertés totale. Aussi dur et glaciaux que puissent l'être des rubis, ceux ci s'ancrèrent dans ceux de son vis-à-vis alors qu'elle répliquait d'un ton si neutre qu'il semblait contenir trop d'émotions pour n'en exprimer qu'une :

    " Je crains que vous m'ayez mal comprise."

    Fi s'accorda un léger silence afin d'obtenir les mots justes, presque menaçants, nécessaire pour faire comprendre à Adelmiro qu'elle n'abandonnerait pas ses positions.

    " Il ne s'agit pas là d'un petit service sans conséquences. Père n'enverra jamais quelqu'un me surveiller s'il pense que je suis en votre compagnie et il faudra bien sûr une bonne raison à cela. C'est pourquoi vous devrez lui mentir et ainsi risquer de vous attirer son courroux et les dommages collatéraux pouvant en résulter. Vous n'êtes pas sans savoir qu'il est très rancunier, c'est un fait connu de tous. Imaginez un instant qu'il pense que vous cherchiez à me détourner du droit chemin ? Vous l'avez dit vous même, il refusera de croire que sa petite fille chérie est impliqué dans une quelconque sombre affaire, il fera tout pour retourner les accusations contre quelqu'un."

    Fi soupira, haussant les épaules, et se détendit aussi soudainement que le ton de sa voix s'était précédemment durcie. Puis elle reprit, plus mesurée mais infiniment plus persuasive :

    " Maintenant que j'ai rétabli l'ordre des choses, cessez de me parler comme à une enfant, cela fait bien longtemps que je ne le suis plus. Si vous n'êtes pas prêt à prendre ce genre risque vous ne m'êtes d'aucune utilité et cette alliance n'a pas lieu d'être. Réfléchissez y et venez me donner votre réponse après le conseil. Notre absence ne saurait passer inaperçue plus longtemps."

    Après un dernier regard entendu, et alors que le troisième gong résonnait, Filyana regagna la lumière de la salle sans se retourner, n'accordant pas même le droit au jeune ministre d'en décider autrement. Le masque poli s'étant octroyé le monopole de ses traits, personne n'aurait la moindre idée de l'échange qui avait pu se produire dans se coin sombre, loin d'éventuels témoins.  Il avait voulu jouer, mais la demoiselle avait horreur de perdre la main, au moins il le saurait à présent. Elle n’était pas de celle qu'on pouvait rabaisser sans répercussions directes.


    Adelmiro Ybaria
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    Jeu 11 Aoû - 1:13


    La réponse de Filyana fut cinglante et sans ambiguïté. Et intelligemment juste, Adelmiro fut forcé de le reconnaître. Il lui serait impossible de prouver qu’il essayait de la traîner dans des actions peu recommandables, lui-même faisant très attention aux fréquentations qu’il entretenait, et elle ne pourrait prétendre qu’il en avait après sa vertu tant qu’il ne la rencontrait qu’en public, mais elle pourrait tout de même attirer l’attention sur lui d’une façon qu’il n’apprécierait pas. Consciente de cet avantage, elle semblait fermement décidée à s’en servir. Mais cet argument était à double tranchant et elle ne semblait pas s’en rendre compte.

    Adelmiro prit plus mal son accusation de la traiter comme une enfant. Ce n’était pas son intention, justement parce qu’il savait qu’elle n’apprécierait pas. Il n’eut cependant pas le temps de se justifier : elle s’éloignait déjà, alors que le troisième gong résonnait. Il s’empressa de la suivre. Détendant ses épaules et les traits de son visage, il se dirigea vers la grande table du conseil. Par une chance inouïe, ni le premier ministre ni la reine n’étaient encore présents et son retard, s’il ne passa pas totalement inaperçu, ne fut pas puni.

    Le conseil lui parut encore plus interminable que prévu. Cette conversation incroyable lui donnait beaucoup de choses auxquelles penser et ce n’était pas les discussions politiques du jour qui allaient l’en distraire. On pourrait croire qu’en ces temps troublés, il serait particulièrement sollicité mais au contraire, toute l’aristocratie, à commencer par le gouvernement, semblait préférer ignorer ce qui se passait au-delà des murs du quartiers de la rive gauche. On le laissait gérer tout ça comme bon lui semblait, la seule chose importante étant que rien n’arrive jusqu’à eux. Il n’ouvrit pas la bouche durant la séance, et l’écouta même à peine.

    Dès que le conseil fut déclaré clos, il se leva de sa chaise et se dirigea vers Filyana. Son père avait déjà été alpagué par le ministre des Affaires religieuses, lui laissant le temps de la rejoindre et d’entamer la conversation. Elle eut à peine le temps de se lever qu’il était déjà à ses côtés.

    - Avant tout, je tiens à m’excuser, souffla-t-il. Pour deux choses. D’abord, si vous vous êtes sentie rabaissée par mes paroles, je vous prie de m’en excuser. Si je vous voyais comme une enfant, nous n’aurions pas eu le quart de cette conversation.

    Il enchaîna immédiatement, ne voulant pas lui laisser le temps de réagir. Il parlait un peu trop vite, comme s’il était un peu gêné de se justifier ainsi. C’était tout ce qu’il travaillait dans son attitude, ne voulant pas prendre le risque d’être surpris en train de sur-jouer. Cela aurait été très contreproductif.

    - Ensuite, si vous avez eu l’impression que je dénigrais votre désir de liberté, je vous assure que ce n’était pas mon intention. Ça a été maladroit de ma part de parler de « menus services ». Je voulais seulement dire par là que vous faire sortir de chez vous n’était qu’une étape alors que nous savons tous les deux que vos désirs ne s’arrêtent pas là, et que nous pouvons réaliser bien plus.

    En préparant ce discours, il avait hésité à parler de « se faire confiance pour bien plus », mais il avait jugé que c’était présomptueux. Elle n’avait pas l’intention de lui faire confiance de sitôt, elle n’aurait sans doute pas apprécié de l’entendre prétendre le contraire.

    - Je sais, bien sûr, que ce dont nous discutons est risqué. Vous pourriez me dénoncer, je pourrais aussi vous trahir en vous laissant partir puis en disant à votre père que vous m’avez faussé compagnie à mon insu, mais dans les deux cas le résultat sera le même : nous y perdrions tous les deux. Moi, ma réputation sera mise à mal et ma carrière politique certainement compromise, et vous, vous ne reverriez plus la lumière du soleil avant un long moment, ce que soit parce que votre père sera encore plus protecteur envers vous ou en représailles de votre fuite.

    « Mais sincèrement, mademoiselle : croyez-vous vraiment que j’en sois arrivé où j’en suis aujourd’hui, qui plus est avec mes origines, sans jamais prendre de risques ?

    Nouveau regard assuré, nouveau sourire, plus joueur et large que jamais. Ne pas insister sur la menace qu’il avait discrètement distillée au milieu de son discours. Le but n’était pas de l’effrayer, juste de lui rappeler que face à elle, il n'était pas tout à fait aussi démuni qu'elle semblait le croire


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    Jeu 11 Aoû - 4:09


    Fi n'avait pas quitté le ministre des yeux durant toute la séance, se fichant éperdument que cela lui soit désagréable. S'il ne s'en était pas aperçu, ce ne fut pas le cas de son père qui lui lança un regard signifiant clairement qu'ils en discuteraient plus tard. La demoiselle craignit une instant que cette affaire prenne de l'ampleur trop rapidement, mais l'idée d'Adelmiro suffirait probablement à l'apaiser. Alors qu'Hibraïm se dirigeait vers sa fille, les sourcils froncés, il fut happé par un de ses confrère et la jeune femme soupira. Sursautant quand, lorsqu'elle se retourna, elle se retrouva face à face avec celui qu'elle cherchait, la Naidienne n'eut qu'une poignée de seconde pour se reprendre. Ils se trouvaient au milieu de la foule, cela ne lui plaisait guère. Le moindre mot prononcé trop haut pourrait être mal interprété. Il n’était déjà pas facile de négocier avec cet homme, si en plus il fallait qu'elle se méfie de leurs voisins cela deviendrait rapidement un exercice fatiguant. Haussant les sourcils devant ses excuses bien qu'elles paraissent sincères, Filyana se détendit progressivement, convaincu que, même s'il faisait cela par intérêt, cette facilité à jouer sur les sentiments pouvait être utile. Pourtant, pour quelqu'un qui maîtrisait aussi cet art, il était aisé d'en repérer les défauts. L'attitude adoptée par le jeune ministre ne lui ressemblait guère et une personne un minimum sensé aurait senti l'arnaque de loin. Ou peut être se trompait elle, mais c'était peu probable. Il l'avait toutefois déjà surprise plus d'une fois depuis le début de leur conversation.

    Lorsqu'il évoqua ce qu'ils pourraient réaliser ensemble, Fi eut un mauvais pressentiment. Il avait évoqué ses désirs qu'il pensait connaitre, mais qu'en était il des siens ? Son ascension fulgurante lui revint en tête et la demoiselle se promit d'être prudente, de ne pas le sous estimer. Car cette affaire pouvait avoir une fin bien sinistre s'il décidait soudain de la piéger. Les spectateurs les plus proches s’étaient éloignés pour se diriger vers le buffet quand Adelmiro aborda justement ce sujet. Son discours était juste et les mots choisis, suffisamment clair pour qu'un enfant comprenne qu'il essayait de les mettre sur un pied d'égalité en dénonçant le risque, tout aussi important, qu'ils encouraient chacun de leur côté. Puis après la mise en garde, le demi-Qiang retrouva cet air sournois qu'elle lui connaissait déjà et qui lui plaisait bien. Sa dernière tirade et le sourire qu'il affichait furent contagieux et Filyana pouffa, incapable de douter de l'assurance qu'il mettait en avant à cet instant précis. Les mains sur les hanches, la jeune femme répliqua, l'amusement et l'ironie transparaissant dans sa voix :

    " Et croyez-vous, monsieur le ministre, que malgré notre rencontre fortuite, je me sois intéressée à vous uniquement pour vos beaux yeux ? N'en soyez pas vexé, mais pour moi les mots n'ont d’intérêts que s'ils sont suivi d'actes tout aussi grands. C'est pourquoi je ne me prononcerais pas avant de connaître vos projets."

    La jeune femme croisa les bras sur sa poitrine, fit mine de réfléchir et ajouta en plaisantant :

    " Si votre proposition tiens toujours, je serais ravie de passer quelques heures enfermée dans un endroit différent de ceux que je connais. Oh, et j'adorerais vraiment déguster les calissons de cet artisan qui vient d'ouvrir, juste avant le pont menant à la rive droite. Notre servante refuse de s'y rendre et depuis que mère m'en a vanté l’exquise saveur je me languis de m'y essayer à mon tour. Cela doit être dans vos cordes, non ?"

    Le père de Fi arriva quelques minutes plus tard, posant ses immenses mains sur les épaule de sa fille, il fixa son collègue sévèrement, l’interrogeant comme un criminel prit en flagrant délit, ses gros sourcils formant un accent circonflexe :

    " Hé bien ! Il est inhabituel de voir ma fille accorder à un homme plus d'une poignée de secondes. Vous semblez bien vous entendre. De quoi discutiez vous ?"

    La jeune femme leva les yeux au ciel discrètement avant de glisser plusieurs fois ses pupilles vers son père, allant jusqu'à faire un infime mouvement de tête indiquant à Adelmiro que c’était l'occasion parfaite pour arranger ce fameux rendez-vous. Cela pouvait sembler rapide, voir irréfléchi, mais la demoiselle avait déjà perdu suffisamment de temps dans sa tour d'ivoire et tenait à en sortir le plus rapidement possible. Il était temps pour le jeune ministre de prouver qu'il en avait dans le pantalon et que le courage qu'il vantait n’était pas que pure invention.


    Adelmiro Ybaria
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    Jeu 11 Aoû - 13:42


    Après une longue heure passée à ressasser sa conversation passée et à imaginer celle qui pourrait venir, Adelmiro n’était plus aussi facile à surprendre. Il avait saisi le jeu de la jeune fille : il savait que s’il ne répondait à sa demande qu’à minima, elle n’allait pas se satisfaire de ça et augmenter ses exigences. Elle avait foncé tête baissée là où il voulait l’emmener.

    Un peu plus tôt, lorsqu’il avait proposé de lui emprunter une heure de son temps pour lui expliquer ses projets, elle avait refusé, prétextant qu’elle seule pouvait choisir comment utiliser sa liberté. À présent, c’était elle qui réclamait qu’il la kidnappe pour lui parler de ses intentions. Et pour l’emmener manger des calissons : il se demandai si c’était une nouvelle provocation, puisqu’elle avait remarqué qu’il n’avait pas bu son jus de fruits, ou si finalement son côté petite fille aimant les sucreries n’était pas un peu plus présent que ce qu’elle prétendait. Peu importe.

    À son défi, il répondit d’un simple mais assuré :

    - Je vais vous le démontrer immédiatement.

    Il avait vu, derrière elle, qu’Hibraïm avait réussi à se libérer de son collègue et se dirigeait vers eux. Il devait être à portée d’oreilles, à présent, donc hors de question d’en dire plus.

    Hibraïm confirma ce qu’Adelmiro suspectait : que peu d’hommes trouvaient un intérêt quelconque aux yeux de sa fille. Et visiblement, il n’appréciait pas qu’un arriviste à moitié étranger soit l’exception. S’il les avait laissés seuls, c’était probablement pour le plaisir de voir Adelmiro se faire mettre en pièces par une fille de dix ans sa cadette. Le jeune ministre contint difficilement un sourire narquois.

    Malgré les regards impatients de Filyana, il laissa une seconde s’écouler, la bouche entrouverte comme s’il avait réellement été pris en faute puis répondit avec un air un peu gêné :

    - Je m’étonnais d’entendre que votre fille n’ait toujours pas eu le loisir de visiter la rive gauche, alors je lui en décrivais les merveilles. J’aurais aimé lui faire découvrir une boutique très appréciée, celle de ce pâtissier qui s’est installé près du pont. Vous savez que je ne suis pas un bon juge dans ce domaine, mais les avis à son propos me semblent unanimes.

    Il s’interrompit une seconde, attendant une réponse, mais avant qu’Hibraïm ait pu ouvrir la bouche, il prit l’air horrifié de celui qui vient de dire une énorme grossièreté et ajouta un peu précipitamment :

    - Ma mère peut nous accompagner, bien sûr, si vous le préférez.

    Savoir que ni Filyana ni son père n’allaient apprécier sa façon de faire rendaient la manœuvre encore plus jubilatoire. La meilleure couverture pour leurs rencontres était de jouer le prétendant et il avait l’intention d’être parfaitement crédible dans ce rôle. Si en plus il laissait croire qu’il était sincèrement amoureux et que cela lui faisait perdre ses moyens, il pourrait endormir la méfiance du père et le voir encore plus déconfit une fois son jeu dévoilé.

    Le seul risque était que cela précipite la décision d’Hibraïm d’annoncer les fiançailles de sa fille, mais il ne semblait pas encore prêt à officialiser les choses. Quant à Adelmiro, à part confirmer la réputation d’ambitieux qu’il avait déjà, cela ne changerait pas grand-chose pour lui.

    Resterait à convaincre sa mère, si Hibraïm la réclamait, de leur lâcher un peu de lest : ce ne serait pas difficile. Bien sûr, s’il leur imposait son propre chaperon, cela allait lui compliquer le travail, mais c’était un risque calculé. Adelmiro partait du principe que si le ministre avait une duègne pour sa fille, celle-ci ne passerait pas autant de temps enfermée. Même si se faire suivre continuellement par une vieille fille acariâtre n’était sans doute pas l’idée que Filyana se faisait de la liberté.


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    Jeu 11 Aoû - 20:10


    L’interprétation de l'idiot prit la main dans le sac était tellement bonne que Fi du se retenir de rire à deux ou trois reprises. Décidément, il était pleins de ressources auxquelles la demoiselle ne s’était pas attendue ! La grimace qu'il mima pour feindre la peur fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase et Fi du se mordre la lèvre inférieure pour ne pas les trahir tout deux. L'idée de se voir chaperonner par une femme qu'elle ne connaissait pas ramena toutefois la jeune femme sur terre et ce fut son tour d'afficher une moue réprobatrice. Elle savait que c’était là une obligation due à leur rang, et préférait cette possibilité au fait d'être suivie par une vieille fille choisi par son père, mais l'idée ne lui plaisait guère pour autant. Le grand costaud au cheveux de feux n'en croyait pas ses yeux. Il fit pivoter sa fille vers lui et planta son regard dans le sien, suspicieux :

    " Ne serait ce pas là une de vos nouvelle manigance pour pouvoir quitter la maison ? Je vous ai déjà dis de ne pas entraîner des adultes responsables dans vos caprices d'enfant Filyana."

    Fi tint tête à son père, prenant l'air effarouché de celle qu'on accuse à tord :

    " Je vous assure que ce n'est pas là mon intention ! Mère m'a ramené des calissons la dernière fois et le ministre Ybaria me parlait justement de la pâtisserie dont ils proviennent..."

    Admettre qu'elle n’était pas totalement innocente dans cette invitation paru rassurer Hibraïm qui se redressa en soupirant, réajustant sa cape sur ses épaules avant de lâcher, comme désespéré :

    " Bien. S'il ne s'agit que de cela je ne vois pas pourquoi je vous refuserais cette entrevue. Je préférerais toutefois effectivement que votre mère soit présente. Si madame a des obligations je trouverais moi-même quelqu'un pour vous accompagner, ceci ne devant pas vous empêcher de profiter du temps partagé pour apprendre à mieux vous connaitre."

    L'imposant ministre du commerce avait lancé sa dernière phrase sur le ton de la plaisanterie bien que son regard mette clairement en garde Adelmiro de ne rien tenter de stupide. Et comme pour appuyer ce point, l'homme reporta son attention sur son unique enfant, raffermissant sa poigne sur ses épaules en ajoutant sans détours, implacable :

    " N'oubliez pas que l'annonce de vos fiançailles est proche, ne faites rien qui pourrait me mettre dans l’embarras."

    Enfin, Il prit congé après avoir salué le jeune homme. La demoiselle cru qu'elle allait défaillir tant elle se sentait soulagée que cela se soit bien passé. Dès que son père eu disparu dans la foule, qui se dirigeait petit à petit vers la sortie, Filyana retrouva son assurance et déclara, déçue :

    " C’était presque trop facile."

    La Naidienne sentait encore la force de la poigne de son père sur sa peau délicate. Ô combien il serait en colère s'il découvrait que tout ceci n’était qu'une farce, mais Fi le craignait moins que de devoir se marier. Si la supercherie tenait bon, la demoiselle parviendrait peut être même à le convaincre que le ministre avait conquis son cœur et qu'elle ne pouvait se donner à un autre. Cette idée la fit grimacer et rire en même temps alors même qu'elle savait qu'Adelmiro le remarquerait. Le fixant à nouveau, la jeune femme déclara les yeux brillants d'excitation :

    " Et bien, j'ai hâte de manger à nouveau de ces calissons, quel dommage que vous n'aimiez pas le sucré ! Cette pâte fondante au goût délicieux de melon et d'amande savamment proportionné. C'est véritablement divin ! J'en salive d'avance."

    Se giflant mentalement devant son égarement, Filyana s'empressa d'ajouter plus sérieusement :

    " Je vais devoir me retirer à présent. Père attend sans doute que je le rejoigne pour rentrer. Je vous laisse vous occuper des préparatifs de notre prochaine rencontre et vous souhaite une bonne soirée."

    Juste avant de se tourner vers les grandes portes permettant de quitter la salle, la demoiselle l'informa moqueuse :

    " Sachez que je n'ai jamais vu une expression d'effroi aussi peu convaincante, il va falloir travailler cela si vous espérer l'utiliser à nouveau." 


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    Connaissant bien sa fille, Hibraïm comprit vite que Finalya n’était pas totalement étrangère à ce projet, mais avec ses grands yeux expressifs, elle n’eut aucun mal à lui faire croire le contraire. Tout comme elle avait semblé apprécier sa propre prestation, Adelmiro admira la sienne, quand bien même un père est un public peu objectif et donc facile à mener en bateau.

    La mention des fiançailles était apparemment destinée à Filyana mais Hibraïm parla assez fort pour qu’Adelmiro l’entende et celui-ci savait que ça le concernait aussi. Il lui adressa un signe de tête très sérieux que personne ne remarqua. Sur ce, le ministre salua son jeune collègue, qui lui répondit en s’inclinant légèrement.

    Finalya ne se sentit plus de joie. Savoir qu’elle devrait faire des concessions lui déplaisait mais l’idée d’être bientôt libérée de la surveillance de son père, ne serait-ce que pour quelques heures, compensait largement cela, et le rire effaça vite la grimace. Elle aurait eu quelques années de moins et ne se serait pas trouvée en public, elle aurait sans doute sautillé sur place en tapant des mains. Elle s’oublia au point de divaguer sur le goût sublime des calissons, un panégyrique auquel Adelmiro resta totalement insensible, avant de se reprendre brusquement.

    Comme pour faire oublier cet instant d’égarement, elle s’en alla sur une affirmation très dure en apparence mais dont Adelmiro ne fit pas grand cas. Elle critiquait après coup mais Hibraïm avait marché à fond, et ce vieux roublard de la politique n’était pas des plus faciles à berner. Filyana voulait juste avoir le dernier mot et une sortie théâtrale. Adelmiro hésita à lui laisser ce petit plaisir mais finalement, il ne put résister à l’envie de jouer une dernière fois avec elle. Tandis qu’elle s’était déjà éloignée de lui de quelques pas fiers, il lança, assez fort pour être entendu de leurs plus proches voisins :

    - Tout le plaisir était pour moi, mademoiselle !



    (Fin ?)


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