Nadrien est plutôt grand, 192cm pour 81kg pour convertir en unités de mesure connues. Son corps a été façonné par sa vie de travailleur. Il ne se tient plus si droit malgré son jeune âge, ses bras sont puissants mais il manque de graisse. Sa peau est claire mais ses cheveux le sont encore plus, rappelant la neige tombant sur Layane durant l’hiver. Ces derniers sont coupés de façon anarchique et sans cesse ramener en arrière par Nadrien ne supportant pas les avoir dans les yeux pour travailler. Ils ont fini par adopter cette coiffure de façon à peu près ordonnée et naturelle.

Son visage est osseux : menton en avant, pommettes et arcades marquées.  Son nez, cassé deux fois, est légèrement de travers sans pour autant qu’une véritable bosse ne soit visible. Ses yeux sont d’un marron givré et semblent perpétuellement juger ce qu’ils observent.

Le saisonnier porte ce qu'il peut, c'est-à-dire avec des tissus communs du Nord de l'Empire et des tuniques et pantalons élimés, voir troués. Il ne se permet aucune extravagance, préférant garder son salaire pour se nourrir et économiser pour l'avenir.

Nadrien travail. Il sait se vendre, sait obéir et n’a pas peur de la fatigue. Après tout, il n’a que sa force de travail à offrir, donc il n’a pas le choix. Résigné ? Sûrement ; il n’a plus d’ambition depuis son renvoi de l’armée et la société lui rappelle souvent l’importance de rester à sa place. Il rêve cependant de mariage, de famille, bien qu’il n’ait pas énormément de temps pour rencontrer des gens. Lorsqu’un autre travailleur mentionne une sœur à marier, cela n’aboutit en général jamais. Il finira sûrement avec une fille de pêcheur de Layane. Il espère juste qu’elle sera agréable à regarder.

A part cela, Nadrien est quelqu’un de bonne compagnie. Il ne parle que lorsqu’on l’invite à le faire et aime rire, partager un repas ou boire. Ces petits plaisirs simples lui suffisent pour être de bonne humeur. Et lorsqu’il sent de la colère, de la tristesse ou un autre sentiment négatif, il a pour habitude de les ignorer. Après tout, il est dans ces fermes ou ces communautés pour aider et non pas pour leur faire subir ses crises.

À côté de ça, le garçon peut sembler un peu timide ou renfermé. La raison de cela est son manque de confiance en lui. Après tout, si ne pas savoir lire ni écrire n’est pas rare dans les campagnes, Nadrien ignore vraiment beaucoup de chose, notamment les bonnes manières et le vocabulaire utilisés par les citadins. Il commence à peine à comprendre le fonctionnement de la pêche au Nord et certaines méthodes d’agriculture que son père ne lui avait jamais montrées. Les saisonniers plus âgés sont souvent bien plus polyvalents que lui. Mais il apprendra. En revanche, il est très en forme physiquement et est très indépendant. Il connaît les rudiments de la chasse, de la survie en pleine nature et le maniement des armes.

À une demi-journée de cheval de Layane, Vika Espen eut le temps de donner naissance à deux enfants avant de mourir. Nadrien et Yegor, nés avec un peu plus d’une heure d’intervalle. Elle succomba des suites de l’accouchement quelques jours plus tard. Saleh se remaria avant la fin de la saison. Comme le voulait l’ancienne tradition du nord de l’Empire, il épousa la plus vieille femme célibataire de la famille de la défunte. En l’occurrence, il s’agissait de Ticita, une nièce d’une petite vingtaine d’années. Elle éleva les jumeaux comme s’il s’agissait des siens tout en donnant d’autres enfants à son époux.

Saleh était un paysan, mais ne possédait pas ses terres. Nadrien aurait pu, s’il le désirait, reprendre la suite de son père, mais s’y refusa par orgueil : il ne serait pas les bras d’un homme riche. La qualité des terres du Nord lui promettait une vie de misère. Malgré les sermons de son entourage, sauf de Saleh qui comprenait sûrement la frustration du jeune homme, l’aîné choisit de rejoindre la garde. Son frère, Yegor, se dirigea vers la religion comme son statut de cadet lui indiquait. Complices mais pas fusionnels, ils se séparèrent sans pleurer lors de leur quinzième hiver. Nadrien rejoignit une caserne de Layane et Yegor un monastère à l’ouest de leur ville natale.

L’aîné passa trois années enfermé entre ces murs. Il s’entraîna sans répit, mais son corps élevé avec un minimum de nourriture souffrait le martyr. Parfois effronté, il ne parvenait pas à lier d’amitiés et devint vite le souffre-douleur des autres adolescents. Après tout, ce roturier devait être remis à sa place. Il aurait dû prendre la suite de son père au lieu de chercher à s’élever. Pour lui apprendre, on le battit à plusieurs reprises. Nadrien se relevait à chaque fois et appris ainsi l’humilité. À 18 ans, il se fit battre une dernière fois. Il se releva sans peine, mais trois doigts de la main droite furent brisés et ne retrouvèrent jamais leur mobilité. Contraint de quitter l’armée par son handicap, Naidrien rentra la queue entre les jambes sur les terres cultivées par son père mais dut faire face à une triste réalité : un de ses demi-frères avait pris la suite et il n’y avait plus de place pour lui.

Depuis cinq années, Nadrien travaille là où on veut bien de lui, n’hésitant pas à s’éloigner de Layane durant l’hiver. Parfois, il arrive à se faire embaucher sur un bateau de pêche ou sur un marché. Il prend tout ce qu’on lui offre et essaie de mettre un peu d’argent de côté afin de se sédentariser une fois marié. Son caractère s’est adouci pendant cette période. Il a perdu son orgueil et gagné rapidement en maturité, apprenant la survie sur le tas.