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    Adelmiro Ybaria
    Adelmiro Ybaria
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    Jeu 3 Nov - 22:50

    Tu peux nous ignorer autant que tu veux, nous ne disparaîtrons pas pour autant
    Le soleil commençait à peine à poindre au milieu de la brume matinale. Le péristyle était sombre et désert, silencieux comme jamais. Quelques heures plus tôt, on entendait encore le bourdonnement lointain des prières psalmodiées par des centaines de fidèles mais presque tous étaient endormis à présent. Les célébrations de la fête du Salut ayant terminé à minuit, seuls deux moines avaient repris la liturgie habituelle, deux minuscules silhouettes abandonnées dans une salle qui, l’instant auparavant, semblait pleine à craquer. Adelmiro était resté à leurs côtés un moment, désireux de prolonger le ravissement que lui avaient procuré les cantiques de la Gratitude. Les oreilles vibrant encore des chants sacrés, il avait récité à mi-voix les prières quotidiennes, les répétant en boucle jusqu’à tomber dans un état proche de l’hypnose.

    Il n’avait émergé de cette transe qu’à l’aube, lorsqu’il n’avait plus réussi à ignorer la douleur dans ses jambes. Malgré le rembourrage épais intégré aux genoux de son pantalon de cérémonie, la dureté du sol devenait difficile à supporter. La faim et la soif, eux aussi, commençaient à se faire insistants.

    Adelmiro s’était relevé lentement en massant ses membres ankylosés, et depuis il se dirigeait vers le réfectoire. Arrivé sous le péristyle, il dévia sa route tout naturellement, comme si ç’avait toujours été son intention. En réalité, l’envie de s’approcher de la fontaine au centre de la cour lui était venue sans prévenir. Dans la fraîcheur de l’aube, sous le ciel indigo, l’eau ressemblait à du vif-argent, brillante et sirupeuse. Il y trempa le bout de ses doigts. Le froid l’attaqua, le mordant comme un millier de petits poissons aux dents acérées. Il ne s’en préoccupa pas.

    Après des heures de prière, il se sentait gagné par un profond apaisement. Ce n’était pas juste la fatigue qui s’abattait sur lui après une nuit sans sommeil : il se sentait ainsi à chaque fois qu'il revenait au Quenda. Comme si, en ce lieu sacré, il était réconcilié avec le monde. Il savait parfaitement que l’univers dans lequel il évoluait était ridicule et absurde. La politique, au lieu d’être le service que l’aristocratie rendait au peuple, était une lutte de pouvoir mesquine. La noblesse se complaisait dans son confort, oubliant ceux qui rendaient ce confort possible et qui donc pouvaient bien leur reprendre. Adelmiro savait aussi qu’il aimait se frayer un chemin dans cette mélasse infâme et qu’il ne crachait ni sur le pouvoir ni sur le confort, d’autant qu’il avait la conviction de les mériter. Mais il appréciait aussi de s’entendre rappeler qu’au-delà de son petit univers étriqué, un autre monde existait, un monde doué de sa propre logique et où il n’avait pas à gagner à tout prix. S’il montrait la moindre faiblesse à Talehe, il finirait humilié et oublié de tous, mais cette condamnation ne serait vraie que dans le cercle très fermé de la rive gauche. Cela ne changerait rien à l’absolu, à la vraie valeur de son âme aux yeux de Dieu.

    Il pensa une seconde aux habitants révoltés de Taytambo. Il était fier de ce qu’il avait fait lors de ce conseil exceptionnel. Certes, son coup d’éclat n’était pas totalement dénué de calculs politiciens mais il avait enfin osé exprimer tout haut ce que, depuis des semaines, il se contentait de ruminer tout bas. Dans l’immédiat, cela lui rapportait surtout des ennuis et de la défiance ? Tant pis. Il rebondirait, comme toujours. Et ses parents s’en remettraient, même sa mère avec qui il avait pourtant été assez dur. Il avait un peu honte, en se souvenant de ce qu’il lui avait dit, mais il écarta vite ces pensées. Il ne voulait pas penser à cela, pas en cet instant ni en ce lieu.

    Il sortit enfin ses doigts de l’eau et se retourna vers le couloir menant au réfectoire mais il n’avait pas fait un pas qu’il se figea. Dissimulée dans l’ombre du péristyle, une silhouette l’observait, immobile.
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    Hua Bao Xia
    Hua Bao Xia
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    Sam 12 Nov - 22:20

    Voilà quelque chose d'inédit... Cela signifiait-il qu'elle était assez âgée à présent ? Partir pour assister à la cérémonie du Salut, c'était quand même quelque chose après tout. Bao se sentait vraiment honoré d'une telle responsabilité, elle en avait même bredouillé tellement elle était contente, faisant sourire la sœur supérieur. En tout cas, elle était vraiment contente qu'une telle chance se présentait à elle : d'accord de ce n'était pas vraiment à côté du monastère mais ce n'était pas ça qui allait lui couper les ailes, elle voulait vraiment y assister.

    Bien sûr qu'elle ne serait pas seule, c'était même une petite délégation de sa pagode qui allait en rejoindre d'autre en un même lieu, mais elle était vraiment vraiment impatiente. Bavardant à voix basse avec ses comparses qui étaient plus anxieuse qu'enthousiaste, elle ferma son baluchon et les suivit avec entrain, tout à son impatience et à sa curiosité : comment cela serait ? Que faudrait-il faire ? Qui aurait-il ? Oui, il y aurait qui... Bao était tellement curieuse de tout et tellement sociale : quand elle soignait quiconque avait besoin, elle écoutait avec un plaisir non dissimulée les histoires de ses patients ou même des marchands quand ils venaient au monastère.

    « J'ai hâte... »

    Serrant son baluchon en souriant de plus belle, Bao ne faisait pas attention aux soupires de ses sœurs qui étaient très habitués à ce côté-là de la jeune femme. Quand ils arrivèrent en ville, ils se rendirent directement au monastère et présentèrent leurs respects avant de s'installer pour avoir le temps de s'occuper des préparatifs et des tenues.

    Quand la cérémonie débuta, ce fut avec ferveur et ravissement qu'elle chanta et scanda avec les autres, un sourire ravie aux lèvres. C'était magnifique...  Bientôt, l'enthousiasme céda la place à la sérénité, les battements de son cœur ralentissant aux rythmes des cantiques et bientôt le murmure se mit à la bercer alors qu'elle soupirait ses prières en somnolant. Oui c'était ce genre de cérémonie qui durait plusieurs jours et plusieurs nuits, mais tellement intense...

    L'éclat d'un rayon de soleil lui fit cligner les yeux et ses lèvres se fermèrent alors qu'elle émergea de sa torpeur. Le matin venait de se lever de toute évidence... Son estomac se rappela à elle et elle regarda autour d'elle, amusée de voir que ses comparses étaient déjà partie. Trop timide sûrement... Bao se frotta ses yeux et se leva en grimaçant, se massant les cuisses et les genoux avant de sortir doucement pour ne pas déranger ceux qui continuaient quand même. Lentement, le cœur bourdonnant toujours des cantiques, elle ne faisait pas vraiment attention à ses déambulations avant de suivre l'odeur de nourriture, son estomac grognant de plus belle alors qu'elle remerciait le cuisinier.

    Un petite gourde d'eau, un pain de viande et un pain de légume. Simple mais néanmoins consistant et le mieux c'était que c'était chaud. Elle irait rejoindre ses sœurs plus tard, Bao avait encore envie de rester dans le temple encore un peu... Mais pas dans le réfectoire, trop de monde, trop bruyant, trop étouffant. Faisant demi-tour en gardant ses pains précieusement serré dans ses bras, elle cherchait un endroit calme et frais, ayant l'étrange impression d'avoir son esprit dans du coton.

    Ses pas finirent par la mener jusqu'à une fontaine, l'eau pure jaillissant en fines gouttelettes, pierres précieuses qui scintillèrent dans la lumière du soleil avant de rejoindre le lit calme de leur berceau de marbre. Personne à l'horizon... Une main jouait avec l'eau. Rêveuse, elle observait le manège de ces doigts qui taquinaient le cristal liquide avant de s'en détacher... Il y avait quelqu'un. Lentement, ses yeux remontèrent le long d'un bras puis des épaules avant de se fixer sur un visage qui semblait bien surpris de voir qu'il n'était pas seul.

    Tous deux surpris de voir l'autre... Sans pudeur ni jugement, elle le dévisagea et l'observa avec attention avant de sortir de l'ombre et de s'avancer lentement vers lui. Sans un mot, sans un bruit, elle passa à côté de lui et s'assit au pied de la fontaine, se mettant en tailleur et le regardant de nouveau en tapotant la place à côté d'elle en lui tendant le pain de viande, l'invitant avec un sourire silencieux à partager son repas.
    ---

    {hrp: désolée pour avoir mis autant de temps, j'ai pas eu beaucoup de temps libre... N'hésite pas à me dire si la réponse ne te convient pas d'accord?}

    Adelmiro Ybaria
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    Sam 19 Nov - 22:05

    Tu peux nous ignorer autant que tu veux, nous ne disparaîtrons pas pour autant
    La première surprise d’Adelmiro passée, une seconde lui succéda : une Qiang… Une femme qiang se tenait là devant lui. Sans doute un membre de cette délégation qu’il avait remarquée, sur la plage, lors des offrandes à la mer. Elle l’observa un instant, une éternité lui sembla-t-il. Son regard le parcourut entièrement plusieurs fois. Impossible de savoir ce qu’elle vit en lui : son visage resta parfaitement neutre. Jusqu’à ce sourire. Ce sourire d’une douceur candide, avec lequel elle l’invita à s’asseoir à côté d’elle pour partager son repas.

    Adelmiro resta un instant pétrifié. Il n’avait jamais rencontré d’Occidentale et ne savait trop s’il attendait ou redoutait cet instant où il serait confronté à des représentantes du peuple de sa mère. Il n’avait jamais pensé à ce qu’il ferait lorsque l’occasion se présenterait, en partie parce qu’il était persuadé qu’il n’aurait pas le temps de faire quoi que ce soit. Il imaginait que les Qiang elles-mêmes refuseraient cette confrontation. Après tout, il représentait tout ce qu’elles détestaient : un homme, un homme de pouvoir même, issu d’une union entre une Qiang marquée et un étranger.

    Celle-ci, pourtant, semblait amicale. Il avait beau l’étudier attentivement, il ne réussissait pas à percevoir la moindre trace de malice ou d’hypocrisie dans le sourire qu’elle lui présentait. Désirait-elle vraiment sa compagnie ? Que diraient ses compatriotes si on les surprenait ensemble ? Il releva les yeux et regarda anxieusement autour de lui. Le péristyle était désert. Les seuls bruits audibles étaient ceux de l’eau de la fontaine et de quelques oiseaux qui, depuis les toits, saluaient le lever du soleil. Peut-être des habitants ou des hôtes du monastères étaient-ils déjà levés mais ils devaient tous être au réfectoire, prenant lentement des forces avant de se lancer dans leurs tâches quotidiennes ou de rentrer chez eux.

    Et ce n’était pas son problème, réalisa-t-il soudain, si elles se faisaient rabrouer pour s’être montrée trop amicale avec des étrangers. La question n’était pas de savoir si cette rencontre lui apporterait des ennuis, mais si lui avait envie qu’elle ait lieu.

    Aucune réponse évidente ne lui vint. Il aurait aimé réussir à haïr les Qiang pour avoir rejeté sa mère mais le politicien en lui ne pouvait s’empêcher de justifier ce geste. De plus, il s’agissait de ses origines. Sa mère n’avait rien fait pour cultiver ce sentiment, pourtant il n’avait jamais réussi à faire abstraction de son lien avec ces terres lointaines. D’autres paysages, d’autres traditions, une autre façon de vivre. Une alternative exotique, et donc excitante, à son quotidien guindé. Mais une alternative où il savait qu’il serait méprisé et bridé, voilà qui avait de quoi limiter ses regrets.

    Finalement, alors qu’il croyait ne pas pouvoir prendre de décision, son corps se mit soudain en branle et s’accroupit à côté de la jeune femme. Ses cuisses protestèrent mais il se força à s’agenouiller, de nouveau. Il ne pouvait tout de même pas se résoudre à s’asseoir dans la poussière.

    - Merci, dit-il en attrapant le pain à la viande.

    Il avait la gorge tellement serrée qu’il ne savait pas s’il réussirait à avaler quoi que ce soit. Il venait de prononcer son tout premier mot en langue qiang, et il s’apprêtait à en prononcer d’autres – car sinon, à quoi bon rester ici ? Tout en essayant de rassembler ses souvenirs de ces heures passées penché sur les livres qiang dans la galerie de la connaissance, il se rompit un morceau de la miche puis la lui rendit.

    - Vous êtes venue pour la fête ? demanda-t-il en se concentrant. Ou peut-être pour parler avec les… euh… avec nos prêtres ?

    Il ne connaissait pas le mot pour « moine ». Il avait encore beaucoup à apprendre. Restait à savoir s’il avait l’envie pour ça.

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    Hua Bao Xia
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    Sam 10 Déc - 23:04

    Il semblait vraiment surpris de sa réaction. Pourtant il ressemblait fortement à un Quiang et il n'avait pas l'air mauvais ou dangereux... Pourquoi était-il étonné à ce point qu'elle lui sourit et l'invite à partager son maigre repas ? Curieux. Mais elle n'avait pas la force de réfléchir correctement. De toute façon, plus d'une fois les sœurs lui avaient reprochés d'être trop amicale et sociale avec les gens qu'elle ne connaissait pas, mais ça ne la travaillait pas vraiment donc bon. Au pire, si ce n'était pas quelqu'un de convenable, elle se fera disputer une nouvelle fois, ça ne fera qu'une fois de plus mais étant ce qu'elle était, ça ne la changerait pas apparemment.

    Alors, patiente et sereine, Hua Bao attendit tranquillement sans le quitter du regard qu'il accepte ou non sa proposition. Le moment fut long mais elle n'était pas pressée, le laissant s'habituer à l'idée avant de lui tendre le pain de viande.

    « Cela me fait plaisir. Et puis, il aurait été dommage de gâcher la nourriture si généreusement donné même si je suis végétarienne. Prenez-la entièrement s'il vous plaît. »

    Un sourire doux et chaud aux lèvres, la brune lui tendit sa gourde d'eau avant de manger de petites bouchées, le cœur et l'esprit bourdonnant toujours des cantiques. Elle ne pensait pas que ce genre d’événement était si intense et puissant... Bao secoua la tête quand elle entendit de nouveau sa voix résonner dans le péristyle, clignant des yeux pour se concentrer sur lui. C'est amusant, il avait un petit accent quand il parlait... Lui aussi devait être encore tout retourné par ces longues heures à prier...

    « Oui, pour la fête. Les anciennes ont jugé que j'étais assez âgée pour y participer. C'est ma première cérémonie du Salut... C'est quelque chose n'est-ce pas ? Tous ces gens, cette ferveur, cette confiance... »

    La Qiang se frotta légèrement les yeux avant de le regarder de nouveau en lui souriant gentiment.

    « Et vous ? Vous vouliez parler aux moines ou participez-vous à la cérémonie ? Vous habitez ici ? »

    Malgré le fait qu'elle avait un peu de mal à se centrer dans la conversation, elle continuait de grignoter de petites bouchées, en tailleur sur le sol, adossée contre la fontaine, bercée par le silence à peine rompu par le son cristallin de la cascade d'eau. Il était beau et serein lui aussi... L'avait-elle vu en arrivant à la cérémonie ? Elle n'arrivait pas à s'en souvenir.
    ---

    {hrp: désolée de faire traîner les choses ^^' mais les vacances approchant, je vais avoir l'opportunité de rp un peu plus souvent jusqu'à la reprise Smile }

    Adelmiro Ybaria
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    Lun 19 Déc - 21:27

    Tu peux nous ignorer autant que tu veux, nous ne disparaîtrons pas pour autant
    La jeune femme l’invita à garder toute la miche mais il ne comprit pas bien pourquoi. Peu importait, son ton était doux et dénué de tout reproche. Elle lui proposa même de l’eau, preuve qu’il n’avait pas commis d’impair. Il en but un peu puis grignota quelques miettes de pain à la viande. Il était délicieux, épicé et encore tiède, mais la réponse de sa compagne l’empêchait d’y prêter véritablement attention. Ses phrases n’avaient rien de compliqué, grammaticalement parlant, mais il lui manquait quelques mots pour tout saisir. En tout cas, elle avait l’air impressionnée. Impressionnée et fatiguée.

    Quand elle lui posa à son tour des questions, Adelmiro prit son temps avant de répondre. Il réfléchit bien afin d’être sûr d’avoir bien tout compris, mais il ne semblait pas y avoir la moindre ambiguïté, puis pour construire sa réponse.

    - Je suis venu voir la cérémonie. Je viens tous les ans. Je n’habite pas ici mais à Taytambo. Enfin, en ce moment, j’habite à Talehe, mais je voudrais retourner à Taytambo dès que ce sera possible.

    Des phrases lourdes, sans la moindre subtilité, mais il n’était pas encore en mesure de soigner son style. Du moins, il n’était pas encore assez en confiance pour cela. À ses yeux, rien n’était plus ridicule que les nouveaux riches de Talehe qui essayaient d’imiter le beau parler des aristocrates mais utilisaient des termes qu’ils ne maîtrisaient visiblement pas. Quelques jours avant son départ pour le monastère, il avait reçu une lettre destinée « à l’intention de M. le ministre de la Paix Civile ». Il avait trouvé cette confusion tellement pitoyable qu’il n’avait tout simplement pas ouvert l’enveloppe. Il ne voulait surtout pas commettre ce genre d’erreur, quand bien même il avait l’excuse qu’il ne s’agissait pas de sa langue maternelle et que la jeune fille devant lui ne lui en aurait sans doute pas voulu.

    - J’aime beaucoup ces chants, continua-t-il dans sa grammaire basique. En même temps, ils font réfléchir sur le monde et oublier ce qui nous entoure.  Et la cérémonie sur la plage est aussi un moment important.

    Entendant sa propre voix résonner faiblement autour de lui, il sourit. Ce qu’il disait n’avait à peu près aucun intérêt mais la sonorité de la langue qiang l’emplissait d’un calme presque comparable à celui des cantiques. Il aimait le naidien, tellement moins agressif que l’ivrian, mais le qiang semblait faire appel à quelque chose de profondément ancré en lui, des souvenirs depuis longtemps oubliés.

    - Parlez-moi de votre pays, demanda-t-il.
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    Hua Bao Xia
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    Ven 23 Déc - 19:20

    Tous deux encore sûrement sous le choc de la cérémonie qui n'était toujours pas terminé, Hua Bao le regardait avec beaucoup de bienveillance et de curiosité, picorant son pain aux légumes. Le silence paraissait bourdonner dans ses oreilles alors qu'il était quand même relativement reposant. Adossée à la fontaine, les jambes croisées, elle dialoguait calmement avec lui, lui qui semblait toujours autant déstabilisé par sa présence ou ses manières. Qu'est-ce qu'il y avait de si curieux, elle ne savait pas... Mais son petit accent était vraiment charmant... Décidément, ça leur avait fait vraiment beaucoup d'effet pour qu'ils soient tous deux dans un état pareil.

    « Talehe... Taytambo... »

    Elle plissa légèrement son nez avant de hocher la tête en comprenant.

    « Vous êtes un sang mêlé. Qiang et Naïdii c'est ça ? Je me disais aussi que vous aviez un accent quand vous parliez. »

    Bao ne le jugeait aucunement, se contentant de savoir cela et de toujours lui sourire.

    « Les marchands qui viennent dans la pagode, parfois ils parlent de l'extérieur. Je sais que les choses ne sont pas simples là-bas... »

    Elle se frotta les yeux avant de prendre une nouvelle bouchée, remontant ses jambes contre sa poitrine pour prendre appui sur ses genoux, penchant la tête sur le côté.

    « Vous avez tout à fait raison. Mais, on ne fait pas que réfléchir aussi. On confie notre peine, nos questions et nos remerciements à l'océan et aux dieux. On se rappelle du passé et on construit le futur. »

    Bao but une gorgée avant d'éternuer en frissonnant.

    « Mon pays... Je ne connais pas grand-chose. J'ai grandi parmi les forêts et les champs, les vastes étendues de plaines avec ses fleurs sauvages et ses grandes herbes acides. Les pins et les sapins, les faucons et les loups, le soleil rougissant le ciel avant de se faire dévorer par les collines. Les rivières qui gazouillent entre les rochers, les pagodes se fondant dans le paysage, les cheveux et les bœufs en troupeau libre. »

    Son regard se fit rêveur alors qu'elle l'observa avec le regard pétillant.

    « Les étoiles qui veillent sur nous, nos ancêtres et nos dieux qui nous protègent. Les vachers avec leurs flûtes qui parlent au vent... Le murmure de la brise dans les roseaux. Les jeunes garçons qui courtisent les jeunes femmes avec des couronnes de fleur ou des colliers.

    Bao lui offrit un sourire éblouissant.

    « Je me souviens de mes genoux cagneux à force de courir les champs pour attraper oiseaux et papillons, cueillir mangue et pitaya pour ramener à la maison. J'étais adroite à grimper aux arbres pour attraper les fruits les plus beaux et les fleurs les plus belles pour les fêtes du village. Les femmes qui tissent la soie des vêtements ou des tentures en chantant ou se moquant des hommes qui reviennent bredouillent. »

    La brune rit doucement en croisant de nouveau ses jambes, prenant une nouvelle bouchée de son pain de légumes.

    « Parlez-moi votre pays. »

    Hua Bao souffla sur une de ses boucles pour l'observer de ses grands yeux.


    Adelmiro Ybaria
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    Mar 10 Jan - 23:17

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    La jeune Qiang sembla un peu déstabilisée par sa réponse. Elle répéta les noms des villes comme si elle ne les connaissait pas. Il fallut une minute à Adelmiro pour réaliser qu’effectivement, elle ne les avait peut-être jamais entendus, ou du moins qu’ils ne lui étaient pas familiers. Sa vie à lui tournait autour de ces noms et de quelques autres : Talehe, Taytambo, Lilz, Aeron… Mais elle, elle était loin de tout ça. Elle en était préservée.

    Préservée. Ce mot lui vint une seconde fois à l’esprit quand elle il entendit l’insouciance avec laquelle elle lui posa une question sur ses origines. Généralement, cette interrogation sonnait comme un reproche, ou Adelmiro y sentait clairement de la défiance. Là, rien que de la curiosité innocente.

    Soudain, elle éternua en s’ébrouant. Adelmiro sourit, pensant à un chareneuil. Sauf que le sien, de chareneuil, était un casse-pieds hautain et caractériel. La Qiang, elle, faisait preuve d’une douceur dont Ambassadeur était incapable.

    La réponse à sa question, notamment, fut susurrée, assez lentement pour qu’Adelmiro puisse détacher tous les mots, même si encore une fois, il ne les connaissait pas tous. Il renonça vite à les saisir et se concentra sur sa voix. Il y sentait une jolie poésie, de la nostalgie et surtout, beaucoup d’amour pour ses origines. À travers cette musique, il pouvait presque voir les flancs des montagnes dentelé par les champs en terrasse, la brume qui se soulevait de l’eau des rizières sous le soleil levant, les silhouettes des hommes qui repiquaient les jeunes pousses.

    Il n’avait jamais vu tout ça. Il avait lu de vieux récits de voyage magnifiquement illustrés, mais les couleurs des aquarelles avaient terni. Quand il essayait d’imaginer les terres qiang, il ne voyait que des paysages délavés, lointains, un peu irréels. Mais la voix de la jeune fille, bien réelle, elle, donnait de la consistance à ces images. Comme si entendre la langue de ce pays était ce dont il avait besoin pour intégrer son existence.

    Quand elle lui retourna sa question, il se figea. Que pouvait-il lui répondre ?

    - Nous avons deux îles. Et une partie sur le continent, mais on l’oublie souvent. Elle est trop proche de l’Empire, commença-t-il laborieusement.

    Déjà fatigué de chercher ses mots, il décida de changer totalement de stratégie. Elle l’avait envoûté par la musique de sa voix, il chercha à faire de même.

    - C’est un pays enfermé. Un pays pressé de tous côtés par l’eau, dit-il spontanément, mêlant sans complexe les langues qiang et naidienne. L’eau nous pousse les uns contre les autres, et nous en profitons pour nous embrasser ou nous confronter les uns aux autres. Nous pouvons faire preuve d’un amour sans borne ou d’une méchanceté inadmissible.

    Est-ce que tu ne parles pas un peu trop de toi, là ? se demanda-t-il un court instant. Il sourit de cette confusion.

    - Mon pays est la mer. Il peut y régner un calme plat, et alors chaque nouveau de rayon de soleil nous en révèle une nouvelle couleur. Ou une tempête peut s’abattre dessus : les ténèbres règnent, on entend et sent vaguement notre environnement se faire secouer mais on ne peut que s’agripper et qu’attendre que l’orage s’éloigne pour constater l’ampleur des dégâts. Ce qui se passe aujourd’hui est un exemple parmi d’autres de ce genre de crises.

    Il avait prononcé cette dernière phrase sur un ton plus sombre qu’il n’aurait voulu. Il se força à prendre un air un peu plus jovial.

    - Je m’appelle Adelmiro. Et toi ?
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    Ven 13 Jan - 0:10

    N'ayant jamais vraiment eu l'autorisation de sortir de la pagode pour sillonner les chemins avec les sœurs plus âgées, Hua Bao ne pouvait que se baser sur les dires des marchands ambulant. Et pourtant ce n'était pas faute d'avoir essayé d'imaginer le monde... Serrant ses jambes contre sa poitrine, elle frotta ses joues contre ses genoux avant de le regarder de nouveau, attentive et distante. Talehe, Taytambo... A quoi ressemblait vraiment le monde hors des frontières de son pays ? Il lui tardait tellement de vieillir pour pouvoir quitter la pagode et aller où le vent pouvait l'emmener...

    Qu'il soit un sang-mêlé ne l'a dérangeait aucunement par ailleurs mais elle se gardait bien de confier ses jugements à voix haute : cela lui aurait sûrement valu des ennuis. C'était un homme sympathique qui cherchait à comprendre cette part de lui qu'il ne devait pas très bien connaître... Hua Bao avait l'impression de sentir sa sincérité alors qu'il répondait tranquillement à ses questions. Aussi l'avait-elle accepté sans rien dire d'autre, acceptant de lui parler de son pays et de ses souvenirs, le voile de la nostalgie brumant ses grands yeux. Il était bien rare que le foyer familiale lui manque mais parfois, lorsqu'elle y repensait... Son cœur arrivait encore à se serrer alors qu'elle se prenait à s'imaginer de retour là-bas.

    « Des îles... »

    Elle sourit en chassant sa mélancolie pour l'écouter avec davantage d'attention. Cependant, alors qu'elle le voyait hésiter et se confesser, son cœur se serra quand elle le voyait s'assombrir dans son récit : son pays semblait sans pitié, donnant tout ou rien, sans aucune demi-mesure, presque exigeant à vrai dire... Se remettant en tailleur, elle posait une main fine sur sa jambe, cherchant son regard pour lui sourire.

    « Je te touche et te souris, je te parle et je te vois. C'est un signe qu'un rayon de soleil est présent sur ta mer. »

    Elle espérait avoir réussit à lui réchauffer le cœur ne serait-ce qu'une fraction de seconde.

    « Je suis Hua Bao de la famille Xia. »

    Elle inclina la tête, mutine, avant de reprendre son pain aux légumes pour le finir, s'étirant en soupirant de plaisir, offrant ses mains au soleil.

    « C'est vraiment une très bonne journée. Les dieux sont heureux. »

    La brune approuva avant de se tourner pour plonger ses doigts dans l'eau, s'amusant avec l'élément sans cesser de l'observer avec attention.

    « Avez-vous voyagé ? Quitté les chemins connus pour vous enfoncer vers l'inconnu ? Qu'avez-vous vu en ce monde ? »

    Avide de tout savoir, les yeux brillants de curiosité, elle se cala sur le côté pour être confortable en entendant ses récits.


    Adelmiro Ybaria
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    Dim 29 Jan - 20:47

    Tu peux nous ignorer autant que tu veux, nous ne disparaîtrons pas pour autant
    Le contact de la main de la jeune fille sur sa cuisse fut presque imperceptible, aussi léger qu’un moineau qui se serait posé sur lui. Pourtant, une agréable tiédeur semblait émaner de cette menotte d’enfant, et de son sourire. Sa réponse aurait pu être tirée directement d’un de ces livres d’adages qiang précieux et tarabiscotés, ces ouvrages qui prenaient la poussière sur les étagères de la galerie de la Connaissance mais semblait prononcée avec les meilleures intentions du monde. Adelmiro la remercia d’un sourire.

    Hua Bao de la famille Xia était maintenant toute détendue. Elle laissa échapper un râle de plaisir en s’étirant, s’offrant au soleil qui commençait à apparaître au-dessus du péristyle. Sa réflexion sur les dieux, qui seraient heureux puisqu’ils dégageaient le ciel, parut un peu naïve à Adelmiro. En ce jour fatidique pour le royaume, quelques mois plus tôt, les nuages s’étaient dispersés justement au moment où la colère de la foule avait commencé à gronder. Pour lui, la météo reflétait la curiosité de Dieu plutôt que sa bonne ou mauvaise humeur, son envie ou non de contempler les actions des hommes. Et il fallait croire que ce jour-là, il s’intéressait à cette étrange rencontre.

    La jeune fille semblait pourtant satisfaite de son affirmation. Elle joua un instant avec l’eau de la fontaine mais n’oublia pas Adelmiro pour autant.

    - Ce que j’ai vu ? répéta-t-il.

    Il réfléchit un instant, et il réalisa que la question était un peu étrange, pour ne pas dire bête : elle lui demandait de lui parler du monde, elle qui avait parcouru des miles et des miles pour arriver jusqu’ici alors qu’il était venu en voisin ? Il étouffa un petit rire jaune.

    - J’en ai vu moins que vous, répondit-il, toujours dans ce nouveau sabir, mélange de naidien et de qiang. Je n’ai jamais passé plus de trois jours sur les chemins, et quels chemins ! Des routes maritimes que les capitaines connaissent par cœur, avec une escorte assez conséquente pour décourager les pirates… Pas de surprise, pas d’inconnu. Rien qui ne vaille la peine d’être raconté.

    Quelle expression affichait-il en parlant de ça ? Soulagement, regrets ? Pour une fois, il ne s’en préoccupait pas. Il fixait le sol devant lui. Un pavé comportait une irrégularité, une bosse minuscule mais qui, si on la fixait bien, si on concentrait tout son regard sur elle, pouvait paraître immense.  

    Et si c’était ça qui lui manquait ? Regarder les choses de près ? Lui qui se targuait d’avoir une vision d’ensemble… Il écartait tant de choses sous prétexte qu’elles n’avaient pas de véritable importance mais peut-être qu’en cet instant, elles pouvaient en avoir un peu.

    - Avez-vous vu des baleines, en venant ici ?se ravisa-t-il. Probablement pas, jugea-t-il lui-même sans attendre de réponse. Ce n’est pas la bonne saison. Les baleines sont des animaux gigantesques, plus grand qu’une maison. Et pourtant, régulièrement, on les voit jaillir hors de l’eau, comme s’ils avaient troqué leur poids contre la grâce divine. Et leur chant ! Indescriptible.

    Il souriait, à présent. Il aimait les baleines, les voir l’apaisaient presque autant que les cantiques et l’ambiance du Quenda. Comment avait-il pu les oublier ?
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    Lun 20 Fév - 16:08

    Alors qu'il semblait s'enfoncer dans la tristesse de ses pensées, Bao caressa doucement sa cuisse pour lui apporter un peu de chaleur et de sourire. Son monde avait l'air impitoyable, bien loin de l'innocence et naïveté de son esprit vierge de découverte. Cependant elle ne voulait pas le laisser dans cet état. Un sourire plein de soleil à son égard et elle se rassit correctement pour jouer avec l'eau, appréciant la caresse de la lumière. Un vrai jour béni des dieux.

    A présent qu'il semblait aller un peu mieux, Bao lui demanda ce qu'il avait pu voir dans le monde, s'amusant de le voir réfléchir à ce qu'il pourrait éventuellement lui répondre.

    "Moins que moi... J'ai rarement quitté la pagode vous savez donc à part les plaines de mon enfance et cette ville aujourd'hui, je ne connais rien au monde à part les récits des voyageurs et des marchands."

    Bao fit une légère moue avant de rire doucement, l'imaginant aisément coincé au milieu d'une foule armé jusqu'aux dents. Effectivement ça ne devait pas du tout être facile tous les jours... Voilà qu'il repartait dans ses sombres pensées, cela ne lui plaisait pas.

    "Des baleines? Non..."

    Mais il ne semblait pas l'entendre, continuant sans faire vraiment attention. Et Bao prit plaisir à le regarder: il semblait adorer les baleines pour sourire à ce point. Elle préférait cela... Son visage détendu et lumineux par le plaisir et le bonheur.

    "Je n'en ai jamais vu. Les avez-vous aperçu alors que vous voyagiez en navire?"

    La brune se redressa avant de regarder autour d'eux, un peu plus vive. Et si... Et puis ils étaient non loin de l'océan... Donc, peut-être... Et puis après tout... Le regard pétillant de malice, Bao s'étira et termina rapidement son pain de légumes avant de se frotter les mains.

    "Vous voyagez de nouveau avec une escorte? Vos journées sont-elles déjà établies à l'avance?"

    Bao essayait de paraître innocente alors que sa vivacité la fit pétiller de plus belle, presque frétillante sur place alors qu'elle se mordillait les lèvres.


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    S’il n’avait pas réagi à la réponse un peu naïve de la jeune fille sur sa connaissance du monde, c’était parce qu’Adelmiro espérait pouvoir trouver un sujet de conversation plus agréable (comme les baleines). Il ne l’approuvait pourtant pas : elle avait voyagé des jours et des jours, traversé les plaines ivrianes, passé deux frontières. Même si elle n’avait pas eu le temps de découvrir véritablement les lieux par lesquels elle avait transité, elle avait pu voir plus de paysages et elle était là confrontée à une culture autre que la sienne. C’était des chances que lui n’avait jamais eues.

    Heureusement, elle rebondit tout aussi vite sur le sujet des baleines. Il lui semblait que dans sa voix joyeuse, une curiosité sincère transparaissait.

    - Je les vois parfois lorsque je viens ici en été, répondit-il. Il m’arrive même de demander à faire un détour, à nous éloigner un peu des côtes, spécialement pour les voir.

    Il aurait aimé continuer sur ce sujet léger mais Hua Bao sembla s’en lasser très vite. Elle se mit à observer la cour, comme si elle cherchait quelque chose. Finalement, elle qui semblait décidée à prendre tout son temps, elle s’empressa de terminer son pain. Elle avait visiblement une idée derrière la tête.

    Ses questions suivantes furent posées avec une légèreté qui, comparée au reste de la discussion, paraissait un peu forcée. Le jeune ministre eut vite sa petite idée sur ce que cela signifiait. Il avait assez souvent utilisé le ton de la conversation pour extirper des informations précises à son interlocuteur. Il aurait pu répondre directement à la question sous-jacente mais préféra jouer le dupe, pour préserver la futilité de la discussion. Retenant un sourire, il répondit tout aussi innocemment :

    - Mon escorte ne me suit que durant les trajets. Tant que je suis dans ce monastère, je suis le seul maître de mes journées. Ou plutôt, j’en profite pour n’être maître de rien. J’avise au jour le jour.

    S’il ne s’était pas trompé sur les intentions de Hua Bao, c’était précisément ce qu’elle désirait entendre.
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    Sam 11 Mar - 13:17

    Non, définitivement non. Cela ne lui plaisait vraiment de le voir s'assombrir et devenir mélancolique. Pas alors que les dieux étaient de si bonnes humeurs aujourd'hui et que la beauté des prières baignaient leur âme d'une énergie positive.

    « C'est une très bonne idée... Elles doivent être magnifiques... Certains marchants soufflaient qu'elles étaient bien plus grandes que les bateaux, c'est vrai ? »

    Elle en rit, curieux et pétillante. L'esprit ouvert, cela ne lui paraissait pas si inconcevable : il y avait des temples et des palais bien plus grands que les navires alors pourquoi pas des animaux ? Les océans étaient si vastes et moins aisés à découvrir que les terres déjà peuplées de bipèdes en tout genre, donc cela ne l'étonna guère.

    … Bao voulait lui faire plaisir. Et si c'était un éclair de folie qui lui donna l'idée, qu'à cela ne tienne...

    La jeune prêtresse termina de manger et regarda autour d'eux avant de le fixer en lui demandant s'il était seul et s'il avait des obligations, bien trop innocente pour être honnête. Et sa réponse lui plût énormément... Un sourire mutin aux lèvres, elle se pencha vers lui, le rire dans les yeux, et chuchota dans son oreille.

    « Faites tout ce que je vous dis. »

    La brune se redressa et lui fit un clin d’œil avant de rassembler ses cheveux pour plus de facilité, les nouant brièvement avant de se lever, enroulant ses doigts autour des siens.

    « Venez ! »

    Elle le tira pour s'enfuir avec lui de la pagode, courant dans les couloirs et quittant l'enceinte protectrice afin de se faufiler dans les rues, direction le rivage. Bao espérait réussir à n'alerter personne et encore moins ses sœurs tout en arrivant à bon port : devant l'horizon et l'océan, voulant ainsi faire plaisir à Adelmiro et chasser définitivement les sombres pensées qui étaient non loin de son cœur.

    Le soleil rayonnait dans le ciel, à peine voilé par les nuages, l'air sentait le sel et l'océan, la bise légèrement fraîche et marine chatouillait leur nez et les mèches rebelles. C'était définitivement un temps parfait pour un brin de folie dans leur vie n'est-ce pas ?

    « Viens Adelmiro ! »

    Familière sans s'en rendre compte, elle lui sourit en courant, le tirant à elle pour qu'elle le suive jusqu'à l'endroit où elle voulait l'emmener, aux abords de l'océan.


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    Sam 1 Avr - 18:45

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    Le sourire de Bao confirma l’intuition d’Adelmiro : il n’aurait pas pu lui faire plus plaisir. L’ordre qu’elle lui souffla à l’oreille aurait sans doute choqué n’importe quel aristocrate coincé mais il avait été lancé avec l’autorité un peu gonflée d’une enfant et aucune arrière-pensée ne lui traversa l’esprit. Ce qui s’annonçait était un jeu des plus innocents, où l’on pouvait laisser tomber sa garde et ne penser à rien qu’à son propre amusement. La fatigue aidant, Adelmiro se laissa gagner par cette humeur joyeuse.

    Bao fit encore preuve d’un peu de sérieux, le temps de relever ses cheveux noirs, puis elle l’attira dans une course folle. Soudain revigorées, ses jambes endolories le menèrent dans les couloirs. Sans jamais lâcher sa main, la jeune Qiang poussa la grande porte d’entrée et continua le long du chemin qui descendait au rivage.

    Une journée magnifique s’annonçait. Une petite brume matinale finissait de se déliter, comme fondant sous les rayons du soleil qui s’extirpait de l’horizon. Ses poumons, au fonctionnement accéléré par cet exercice impromptu, s’emplissait d’un air frais, chargé d’iode et d’odeurs marines. Depuis qu’ils étaient sortis du monastère, ils n’entendaient plus d’autres bruits que les cris des mouettes et, de plus en plus fort, le bruit des vagues, qui venaient frapper la plage puis se retiraient en la caressant gentiment.

    Dès ses premiers pas sur le sable, Adelmiro trébucha sur ce sol mouvant, et il tomba à genoux. Dans sa chute, par réflexe, il raffermit sa prise sur la main de Bao. La petite silhouette ne pouvait bien sûr pas le retenir, et elle chuta avec lui. La surprise et un court instant de honte passés, le ministre rit de sa maladresse.

    Le sable était sec et frais, n’ayant pas encore eu le loisir de se gorger de la chaleur du soleil. Sous ses genoux maltraités par la dureté du sol de la salle du Salut, il formait un matelas confortable. Adelmiro lâcha la main de Bao et roula sur le côté pour s’allonger sur le dos, les bras grands ouverts. Les paupières closes, il se laissa bercer par le roulis de l’océan.

    À l’instant où il se sentit glisser dans le sommeil, il se redressa brusquement. Lançant à son tour un regard malin à sa partenaire d’escapade, il ôta ses chaussures, remonta le bas de son pantalon de prière et se releva.

    - As-tu déjà mis les pieds dans la mer ? demanda-t-il en attrapant Bao par la main.

    Et comme elle l’avait fait avant lui, il l’attira doucement à sa suite.
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    Lun 17 Avr - 18:49

    Trop heureuse de l'emmener avec elle en aventure, c'était avec un regard pétillant de rire qu'elle courut en l'entraînant avec elle jusqu'à l'océan. Puisqu'il aimait tant cet élément et que rien ne le retenait pour le reste de la journée, libre à eux de s'évader de tout n'est-ce pas ? En tout cas, Bao avait prit cette décision pour eux deux.

    Cramponnés l'un à l'autre, c'était à souffle perdu qu'ils cavalèrent dans les couloirs du temple puis dans les petites rues, slalomant entre les habitants et les étals dans un rire fou, l'horizon finissant par s'engloutir dans l'océan qui s'étalait sous leur yeux. C'était magnifique... Alors qu'elle allait l'entraîner pour se rapprocher, Bao poussa un petit cri aigu de surprise alors qu'elle se sentait tombée, entraînée par Adelmiro qui trébucha dans le sable. L'instant de stupeur s'évaporant telle la rosée du matin, la jeune prêtresse finit par pouffer de rire en s'accrochant à l'homme, cramponnée à lui alors qu'elle le fixait avec amusement. Elle faisait si sauvageonne à côté de lui...

    Le souffle court, la brune l'observa s'allonger dans le sable, un sourire ourlant ses lèvres. Il semblait bien loin l'homme tourmenté par ses secrets... C'était bien. Se mettant en tailleur à ses côtés pour le laisser profiter de sa liberté, Bao se mit à tresser des feuilles d'oyat pour en faire quelques bracelets, le roseau des sables comme l'appelaient certaines de ses sœurs. Résistantes et assez malléables, elles étaient idéales pour fabriquer des paniers ou des ornements, voir même des tapis ou des fermetures de portes et fenêtres.

    « Adelmiro ? »

    Tout à sa concentration, le voir se mettre debout brusquement la prirent au dépourvu et elle l'observa en écarquillant les yeux. Que ?!

    « Les pieds dans la mer... ? »

    Euh pas dans son souvenir non mais pourquoi... Son espièglerie lui firent tout de même perdre toute réserve et elle répondit à son sourire en retroussant son pantalon avant d'abandonner ses chaussures sur le sable, posant manteau et objets divers en un petit tas, restant en simple haut en lin et pantalon retroussé. Liant ses doigts au sien, Bao hocha la tête et le suivit avec soin sans le quitter du regard, frissonnant alors que l'eau fraîche finit par lécher leurs orteils.

    « C'est froid ! »

    Amusée, elle resserra son emprise sur le bras de son comparse mais s'enhardit dans son exploration, s'avançant peu à peu dans cet élément en soupirant de bien-être. Il avait fait tellement chaud pendant ces heures de prières et avec le bruit sourd de toutes ces voix... Bao en ferma les yeux, libérant peu à peu Adelmiro pour se mettre à tourner sur elle-même, laissant le vent emporter son esprit. La liberté...

    « Ca fait du bien... »

    Le visage toujours aussi illuminé, la prêtresse se tourna vers lui et prit un peu d'eau dans ses mains pour l'arroser, éclatant de rire, fière d'elle. La vie est belle !


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    Dim 30 Avr - 17:37

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    Adelmiro regarda Bao retrousser son pantalon, ôter ses souliers et déposer sagement ses affaires sur le sable. Des gestes doux, sans empressements ni signe de réticence. Il n’avait pas remarqué ces bracelets d’oyat qu’elle déposa sur son manteau, mais ils étaient à son image : fin, délicats, simples avec pourtant leur propre élégance.

    Lorsqu’il releva la tête vers elle, elle semblait l’attendre. Elle avait repris sa main, après l’avoir lâchée le temps de se préparer, et quand leurs regards se croisèrent, elle hocha la tête, lui signifiant qu’elle était prête à la suivre.

    Le soleil avait presque fini de se lever. À présent qu’il la voyait en pleine lumière, il réalisait qu’elle était peut-être plus âgée que ce qu’il avait d’abord cru. Il lui avait donné une petite vingtaine d’années, il pouvait en fait en ajouter quatre ou cinq. Il haussa intérieurement les épaules : c’était plutôt étonnant, vu son comportement insouciant, mais sans grande importance. Lui-même n’avait pas envie de faire son âge, ce matin-là. Par réflexe, il s’assura rapidement que personne ne pouvait les voir, puis il l’entraîna vers l’eau, jusqu’à ce qu’une vague un peu plus hardie que les autres se lancent à l’assaut de leurs pieds nus.

    Surprise, elle lui attrapa le bras dans un sursaut mais cette attaque ne réfréna pas sa curiosité. Elle le tira même plus en avant, jusqu’à avoir de l’eau jusqu’aux chevilles, puis jusqu’aux mollet. Elle finit par le lâcher et poursuivre son jeu seule. Elle tournoya sur elle-même, laissa échapper une exclamation heureuse, puis lui fit de nouveau face.

    Son air malin ne disait rien qui vaille à Adelmiro mais il n’eut pas le temps de réagir : avant de comprendre ce qui lui arrivait, il reçut de l’eau en plein visage. Clignant frénétiquement des paupières, à cause du sel qui lui piquait les yeux, il hésitait entre plusieurs exclamations de stupéfaction.

    - Alors là… Comment…

    Mais ses bafouillages se perdaient dans les éclats de rire de Bao. Cette joie finit par l’atteindre et il rit à son tour.

    - Tu ne paies rien pour attendre, souffla-t-il en naidien.

    Il remonta ses manches – tout en étant conscient que ça ne servirait à rien : il avait assez souvent vu des enfants jouer dans le port de Taytambo pour savoir dans quel état il allait sans doute finir – et entra dans son jeu. Il plongea les mains dans l’eau et éclaboussa plusieurs fois plus Bao, en se tournant à moitié pour ne pas exposer de nouveau son visage. En même temps, il jetait des coups d’œil vers la plage, espérant ne pas être surpris. Ç’aurait été un peu gênant pour son image, d’être surpris se livrant à de tels enfantillages. Mais plus ce rire résonnait à ses oreilles, plus le sien s’amplifiait, et moins il avait envie de s’en préoccuper.
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    Lui proposer de mettre les pieds dans l'eau... Pourquoi pas ! Ça faisait une expérience supplémentaire après tout ! Amusée, un grand sourire aux lèvres, elle se déchaussa et retira le superflu avant de retrousser son pantalon pour s'accrocher à lui, serrant sa main dans la sienne alors qu'elle frissonna en riant lorsque les vagues lui chatouillèrent les pieds. L'eau était si fraîche mais c'était si bon ! L'air était doux et le soleil chauffait doucement leurs épaules, c'était vraiment une journée bénie des dieux, c'était indubitable.

    Une fois que Bao prit de l'assurance, elle lâcha sa prise sur Adelmiro et s'amusa à danser dans l'eau, tournoyant en souriant avant de l'arroser. Spontanément, sans aucune arrière-pensée ou projet loufoque. La brune attrapa de l'eau et la lui lança au visage dans un éclat de rire aussi lumineux qu'un nuage de luciole. Ses bafouillages et son air totalement ébahi la firent rire encore plus alors qu'il ne semblait absolument pas y croire, et pourtant. C'était ce qui était le meilleur dans sa plaisanterie !

    « Même pas peur ! »

    Elle le défia sans une once de prudence ou de regret : il n'y avait pas besoin de traduction, il suffisait de voir son visage et la situation pour comprendre qu'il allait se venger. Et cela ne tarda pas... Riant de plus belle, Bao se fit éclabousser autant qu'elle éclaboussa Adelmiro en retour, tous deux finissant trempés par leur jeu aquatique.

    Cependant, la brune n'allait pas se laisser dominer par la situation et elle finit par bondir pour sauter sur son comparse, le bloquant pour le déstabiliser et le faire tomber dans l'eau. Cramponnée à lui en riant de plus belle, elle fouilla le sable pour tirer des algues et les agiter devant ses yeux.

    « Je suis sûr que tu seras encore plus beau avec des ornements naturels dans les cheveux. »

    Gloussant en fronçant son nez, toujours sur lui, Bao s'amusa à emmêler les algues dans ses longues mèches ténébreuses.

    « Qu'est-ce que je disais ? Tu es encore plus beau comme ça ! »

    Très fière d'elle, elle continua de rire en le regardant avec des yeux pétillants, elle-même ayant ses cheveux qui partaient dans tous les sens, les longues mèches brunes chatouillant son nez et ses joues.

    « C'est comme ça qu'il faut profiter de la vie : en n'oubliant pas les moments comme celui-ci. »

    Elle lui fit un clin d’œil et s'éloigna pour regagner le sable, frissonnant en retirant sa tunique pour finir en simple sous-vêtement, une tunique d'intérieur et un pantalon qui s'arrêtait à mi-mollet, d'un vert pâle très simple et sobre. La brune tordit ses cheveux pour les essorer avant d'étaler ses vêtements sur le sable afin que le soleil les sèche. La finesse de ses vêtements ne permettait pas une transparence à cause de l'eau mais au moins de sécher plus vite que le reste de ses vêtements qui étaient déjà un peu plus épais.

    Bao était vraiment très simple et nature, loin de préoccupations triviales encombrantes, aussi n'était-elle pas gênée par son apparence devant lui.

    « Tu sais Adelmiro, je suis vraiment contente de t'avoir rencontré aujourd'hui. Les dieux ont vraiment été généreux. »

    Elle pencha la tête sur le côté en lui souriant, se mettant en tailleur en inspirant profondément pour calmer son souffle encore saccadée de leur jeu.


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    Ven 19 Mai - 18:11

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    Adelmiro s’attendait à finir trempé mais à ce point. Quand Bao changea soudain de position, il ne comprit pas tout de suite qu’elle s’apprêtait à bondir, et il n’eut pas le temps de réagir avant qu’elle ne soit sur lui et ne l’ai fait basculer. Il tomba en arrière et se retrouva couché sur le sable. Une vague profita de sa surprise pour lui noyer le visage. Il suffoqua quelques secondes et recracha un peu d’eau salée. Cette brève sensation de noyade le paniqua un instant mais sa compagne de jeu, tout à ses rires, ne le remarqua pas. Elle avait plongé les mains dans le sable à côté de lui pour en extraire de longues algues vésiculeuses, qu’elle lui montra avec un sourire inquiétant. Il essaya de se débattre mais timidement : il ne voulait pas risquer de donner par accident un coup à Bao, ou de la repousser trop violemment. Sa silhouette menue et sa douceur lui donnaient un air fragile qui était sans doute trompeur, mais Adelmiro ne souhaitait pas le mettre à l’épreuve.

    Aussi finit-il logiquement pas perdre… Et il se retrouva avec de longues feuilles de fucus dans les cheveux. Il n’osait même pas imaginer à quoi il devait ressembler, avec ses vêtements trempés et ces parures improvisées : sans doute à un bout d’épave échoué. Il sentait l’eau et des choses non identifiées le chatouiller au rythme des vagues. Nul doute que s’il restait étendu là trop longtemps, des clams ne tarderaient pas à s’accrocher à lui.

    - C’est comme ça qu’il faut profiter de la vie : en n’oubliant pas les moments comme celui-ci.

    L’affirmation de Bao était à la fois emplie d’ingénuité et de gravité, d’une sorte de sagesse apportée par le jeune âge plutôt que par le vieil. Un bref sourire amer tordit brièvement les lèvres du ministre mais il le ravala vite. Même après trois jours de prières qui avaient enflammé son âme, trois jours passés loin du palais et de toute politique, il ne pouvait totalement oublier la voie qu’il avait choisie. Il aurait pu vivre sans elle mais il était allé trop loin, plongé trop profondément dans cette mélasse pour s’en débarrasser totalement. Et si ce n’était pas lui qui s’y plongeait intentionnellement, d’autres remarqueraient les traces qui ne manqueraient pas de lui coller à la peau.

    Filant cette métaphore, une nouvelle vague vint lui lécher le visage, comme pour lui dire : « En cet instant de foi et d’insouciance, au moins, tu es lavé de cette souillure. » Il sortit de sa triste rêverie au moment où Bao, avec un clin d’œil, le libérait de son poids. Il s’accroupit et se retourna pour la suivre du regard tandis qu’elle sortait de l’eau. Elle essora sa chevelure trempée, il entreprit de retirer le varech pris dans la sienne.

    Quand il se releva et sortit de l’eau, sa veste, trempée, pesait lourd sur ses épaules. Il l’enleva, l’étendit au sol à côté des vêtements de dessus de Bao et s’assit lui aussi sur le sable pour laisser le soleil le réchauffer. L’aveu de sa compagne le fit sourire.

    - Moi aussi, Hua Bao, souffla-t-il. Moi aussi je suis content de t’avoir rencontré.

    Il ne savait pas ce que ça changerait dans sa vie. Concrètement, probablement peu de choses : ce qui se passait au Quenda restait au Quenda. Sur un plan plus intime, elle lui avait apporté des rires et un moment d’innocence qui avaient prolongé la quiétude presque extatique des longues heures de prière. Combien de temps cette insouciance persisterait-elle après son retour à Talehe, là était la question. Difficile de rester pur dans un monde corrompu par l’ambition et les petites intrigues.

    Oh, il ambitionnait et intriguait, lui aussi, mais ce n’était pas pareil : il ne faisait que se battre pour atteindre sa juste place, celle d’où il pourrait corriger les déviances d’idiots qui ne recherchaient qu’à s’enrichir ou à flatter leur égo. Il ne jouait leur jeu que pour mieux le gagner et y mettre fin. C’était parfois difficile de garder la distance nécessaire, aussi ces moments où il s’éloignait physiquement de la cour étaient les bienvenus. Mais leur effet restait toujours limité dans le temps.

    Il soupira, en même temps qu’un frisson le parcourait. Le soleil brillait, à présent, mais on était toujours en hiver, aux premières heures du jour.

    - On devrait rentrer, dit-il en se relevant. Un bon feu nous sèchera mieux que le soleil.

    Il bougeait lentement, avec réticence, mais le froid commençait à s’emparer de lui et il n’avait jamais aimé le froid. Sur ce point-ci, parmi bien d’autres, il était parfaitement naidien.
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    Hua Bao Xia
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    Très fière d'elle et de sa joie de vivre, Hua Bao finit par sauter sur Adelmiro pour le faire tomber dans l'eau salée de l'océan, finissant de le tremper comme jamais. La fraîcheur de l'eau ne les agressait en rien du tout et n'éteignit aucunement l'enthousiasme de la jeune prêtresse qui assaillit le métis de plus belle. A cheval sur lui sans une once de pudeur, elle s'arma de longues algues bien salées et gluantes pour les tresser dans ses cheveux d'un noir d'encre, amusée par ses dons d'artistes.

    « Ne ferais-je pas une merveilleuse perruquière ? Te voilà transcender ainsi, tu ne penses pas ? »

    Et elle semait derrière elle un rire pétillant alors qu'elle regagnât le sable de la plage histoire de faire sécher ses vêtements sous les rayons d'un soleil encore un peu frileux. La vie était belle... Elle se mit en tailleur et regarda l'horizon en souriant, le cœur chaud de l'entendre dire que lui aussi en était heureux de cette rencontre.

    « Ne t'es-tu jamais demandé que le chemin que tu suivais n'était peut-être pas celui que les dieux t'avaient destiné... ? »

    Pensive, Bao suivit du regard le vol du mouette avant de se lever à la suite d'Adelmiro en ramassant ses vêtements étendus sur le sable.

    « En toutes bonnes choses résident une fin... J'aurais aimé que la nôtre ne survienne pas aussi vite... »

    Mais il y avait peut-être moyen de retarder cela... Elle ne voulait pas quitter cet homme aussi vite. Son esprit s'en troubla mais elle refusa de s'en attarder davantage sur le sujet.

    « Tu as sûrement du sang de reptile pour ne pas aimer le froid. Si jamais tu as l'occasion de revenir dans ton pays, je te montrerais nos montagnes en hiver, avec la neige aussi étincelante que la pleine lune, le craquement des sapins sous les pattes des lapins. »

    Bao lui sourit davantage, lui revendiquant sa partie Qiang, avant de reprendre le chemin du temple où attendait leurs cellules chauffés et retentissant des chants toujours présents en cet instant. Elle marchait tranquillement à ses côtés, sereine alors qu'elle venait de renfiler ses vêtements toujours un peu humide et lourd de sable et de sel.

    « A la fin de la cérémonie je partirais, je rentrerais dans notre pagode avec les miennes... »

    Elle le murmura dans la caresse du vent, pensive alors qu'elle regardait devant elle.

    « Étonnamment, j'aurais été prête à prendre mon baluchon et explorer le monde à tes côtés... Tu m'aurais montrée les dames grises qui peuplaient l'océan, j'aurais découvert les voyages en bateau, je t'aurais montré cette partie de toi que tu n'as l'air d'avoir appris que dans les livres... Tu m'aurais appris ta langue. »

    Bao en rit légèrement, se frottant les bras pour se réchauffer un peu.

    « Dois-tu retrouver ceux qui te suivent à la trace et qui t'ont escorté jusqu'ici ? »

    … Devaient-ils se dire au revoir maintenant alors que la silhouette du temple se profilait à l'horizon ? Mais elle ne le dit pas de cette façon pour ne pas se trahir. Qu'est-ce qu'il y avait à trahir de toute façon... Voilà qui était curieux.


    Adelmiro Ybaria
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    La question de Bao, qui cueillit Adelmiro à l’improviste, le surprit.

    - Non ! s’exclama-t-il, presque outré. Je suis le chemin que Dieu a tracé pour moi. Comment pourrais-je faire autrement ?

    Il n’était pas sûr qu’elle ait entendu, ni même qu’elle ait vraiment voulu entendre sa réponse. Le nez en l’air, elle observait une mouette qui tournait autour d’eux en criant, puis elle se releva et ramassa ses affaires. Il ne sut pas quoi répondre à son soupir. Toute chose a une fin, qui vient en son temps. Parfois, vouloir prolonger une histoire apporte plus de déceptions que de joies. Il craignait que celle-ci le trouble et mette à mal sa capacité à se replonger dans l’univers impitoyable de la cour.

    Heureusement, Bao ne protesta pas plus que cela et changea rapidement de sujet. Adelmiro rit brièvement de sa proposition : un rire court, jaune.

    - Du sang de reptile… Ce n’est pas la première fois qu’on me le dit, souffla-t-il à mi-voix, en naidien.

    Il allait continuer, plus fort, pour faire remarquer que ce n’était pas « son » pays et qu’il n’y « reviendrait » pas, étant donné qu’il n’y était jamais allé, mais les mots restèrent bloqués dans sa gorge. Il n’avait jamais eu aucun doute sur le fait que son cœur était résolument naidien mais renier à vive voix ses origines qiang semblait au-delà de ses forces. Il ricana amèrement de sa propre ambiguïté.

    Ils commençaient à remonter le long de la falaise. Bao marchait à pas lents, le regard dans le vague, et Adelmiro faisait attention à ne pas la distancer, d’abord par politesse mais aussi pour pouvoir entendre ce qu’elle chuchotait.

    - Non, répondit-il de nouveau. Je ne les rejoindrai que demain soir, au moment de reprendre le bateau.

    Il soupira.

    - Mais explorer le monde… Je te l’ai dit : je suis à ma place, à la cour. Je dois retourner là-bas et faire ce que j’ai à faire. Je ne peux pas abandonner mon devoir. Des gens comptent sur moi…

    Qui donc ? La question, qui valait sans doute le coup qu’on y réfléchisse, ne l’effleura qu’une courte fraction de seconde.

    - …et on ne comprendrait pas que je m’en aille maintenant, avec tout ce qui se passe dans le pays.

    Et puis, s’imaginer errer sur les mers et les chemins l’effrayait. Il n’était pas habitué aux grands espaces, sauf aux routes maritimes entre Talehe, Taytambo et le Quenda. Il se sentait déjà dangereusement exposé sur le forum de la capitale (l’ancienne capitale, devrait-il penser), il supporterait difficilement les plaines qiang.

    - Mais je serais ravi que nous nous revoyions, Hua Bao, reprit-il pour adoucir son refus. En été, quand les baleines seront revenues. J’espère aussi que les troubles seront calmés d’ici là et que nous aurons tout notre temps pour parler.

    Il s’arrêta. Ils étaient arrivés en haut de la falaise, là où un petit banc avait été installé. La montée l’ayant réchauffé et un peu essoufflé (après tout, il sortait d’une nuit blanche), il s’assit et proposa d’un signe à Bao de le rejoindre.

    - Finalement, le soleil pourrait suffire, sourit-il.
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    Mar 6 Juin - 19:36

    Hua Bao rit doucement en le regardant gentiment. Comment pourrait-il faire autrement... Elle avait bien été guerrière avant d'être prêtresse après tout alors pourquoi lui aussi... Sauf qu'il semblait bien certain de sa destinée. C'était une bonne chose aussi après tout, d'être sûr de soi était gageure de réussite : elle, elle n'avait que suivi la destinée que ses parents avaient décidé pour elle avant de choisir d'être prêtresse. Bao en fronça les sourcils, pensive alors qu'elle enfila de nouveau ses vêtements, frissonnant en sentant le contact du tissu lourd et rêche par le sable et le sel.

    Sa réflexion sur le sang de reptile sembla l'attrister et elle s'en mordit légèrement les lèvres avant de lui sourire gentiment.

    « Quand vient la saison chaude, les roches sont tellement brûlantes qu'on peut voir de multiples lézards colorés, jaune, vert, turquoise, rouge... Ils sont tellement lestes et magnifiques, autant que les papillons dans les champs de fleurs. »

    La brune espérait que ça suffirait à lui remonter le moral, ou au moins à gagner un petit sourire. Elle préférait quand Adelmiro avait au sourire sur le visage, c'était beaucoup plus agréable et ça réchauffait son cœur : la tristesse n'était pas quelque chose qu'elle acceptait. Et elle voulait lui montrer sincèrement cette partie de son cœur : il était qiang même s'il était aussi naidien, c'était triste de le voir renier cette partie de lui, ça faisait partie de ses origines après tout.

    Remontant le long de la falaise, marchant calmement à ses côtés, Bao réfléchissait à tout ce qui avait été dit durant cette rencontre qui était la leur. Elle ne voulait pas que cela se termine maintenant... Ses chuchotements se firent attraper au vol et elle leva les yeux vers lui, l'observant avec attention, un bref sourire aux lèvres.

    « Demain soir... Aurons-nous l'occasion de nous rencontrer de nouveau d'ici là ? Ou restons-nous encore l'un avec l'autre ? »

    Elle en rit doucement avant de s'asseoir à ses côtés, ses jambes en tailleur alors qu'elle étira ses bras jusqu'à craquer ses épaules. S'il n'était pas prêt à partir à l'aventure, frileux de ce vaste monde, c'était qu'il avait encore des choses à construire selon la volonté des dieux qui ont créé sa destinée. Elle se demandait bien ce qu'ils avaient comme but pour lui...

    « Il s'agit simplement d'une utopie pour l'instant : je suis encore trop jeune pour partir seule de la pagode. »

    Bao redressa ses jambes et enroula ses bras autour pour les serrer contre elle, posant son menton sur ses genoux.

    « Je reste fidèle à ma voie et mon engagement, à mes sœurs et ma pagode. Mais j'aimerais bien partir et explorer le monde, voir où tu habites, connaître le pays d'un autre étranger que j'ai rencontré. L'hiver est maître apparemment et les gens sont aussi pâle que la lune ou la neige. »

    Elle en rit doucement en le regardant.

    « Mais je ne peux pas quitter la pagode, pas encore, un jour peut-être. Quand j'aurais gagné quelques saisons. Je dois d'abord persuader les sœurs aînées pour cela... »

    Frissonnant plus fort, Bao éternua avant de serrer ses jambes contre elle, frottant ses mollets.

    « En attendant cette séparation qui nous guette, apprends-moi ton autre langue, le naidien. »

    Elle souffla sur une de ses mèches qui lui chatouilla le bout du nez.


    Adelmiro Ybaria
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    Dim 18 Juin - 0:35

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    Bao, qui avait déjà exprimée sa tristesse à l’idée de leur séparation, sembla ravie de ce délai qu’il leur accordait. Il n’avait rien de bien spécial à faire, en dehors d’aller se coucher pour rattraper un peu du sommeil qu’il avait dédaigné cette nuit-là, donc il n’était pas pressé de la quitter. Et sa compagnie n’était pas désagréable.

    Le sourire aux lèvres, il la regarda s’étirer, se tortiller pour trouver une position confortable. Elle devint d’abord un peu songeuse, puis presque un peu triste, semblait-il… Ou peut-être pas. Ses mots auraient pu traduire certains regrets mais ceux-ci étaient indiscernables dans sa voix. Bien dissimulés derrière son rire si léger, ou véritablement absents ? Il ne réussit pas à décider.

    Il faut dire qu’il fut vite détourné de cette interrogation : elle éternua dans un grand frisson. Son premier réflexe faillit d’être de lui proposer son manteau mais celui-ci étant trempé par leurs jeux aquatiques, il se rendit vite compte que cela ne lui servirait pas à grand-chose, bien au contraire. Mais le soleil finissait d’émerger d’entre les nuages, il ne devait pas tarder à les réchauffer. D’autant qu’elle ne protesta pas, ne demanda pas à repartir ou à bouger.

    Quand elle formula sa demande, il ne put retenir un petit rire amer, encore un.

    - Mon autre langue… Ma langue, en fait, corrigea-t-il. Le qiang, je le parle à peu près mais ce n’est pas encore ma langue. Pas même une de mes langues. Il n’y a que le naidien qui soit mien.

    Se rendant compte de la tristesse qui émanait de cette réflexion, alors même qu’il ne souhaitait pas repartir dans cette grisaille. Il se força un peu à redresser la tête, se tourna vers Bao et déclama la première strophe d’un vieux poème que sa nourrice lui récitait quand il était enfant :

    « Quand nous ne verrons plus le bleu de la mer
    Par nos fenêtres battre le brun des rochers,
    Quand les cris des mouettes seront étouffés par
    Les bruissements des goupils dans les feuilles des sous-bois,
    Quand poissons et coquillages ne seront plus
    À nos tables qu’images au fond de la vaisselle
    Alors, amour, je t’oublierai »


    Ce n’était peut-être pas la plus jolie des poésies en langue naidienne, ni la plus travaillée ni la plus émouvante en tout cas, mais il en aimait les sonorités, même en mettant de côté autant de possible les souvenirs qu’elle lui ramenait. En tout cas, elle lui était immédiatement venue en tête quand Bao avait parlé de sa langue.

    - Il faudrait des semaines, des mois pour que je t’apprenne la langue, alors on peut commencer par là, non ?

    Il traduisit le poème puis répéta lentement le premier vers. Et en en détachant chaque voyelle, il se rendit compte qu’il prenait un plaisir immense à les détailler ainsi, les goûter une à une. Le qiang était loin d’être aussi naturel dans sa bouche. En cet instant, il eut la certitude qu’il ne serait jamais un véritable Qiang, et cette pensée provoqua un serrement de cœur qu’il ne sut pas interpréter. Mais il se rendit compte en même temps que ça ne lui interdisait pas de chercher à connaître cette culture, bien au contraire : il pouvait ainsi se permettre une curiosité qu’un natif n’aurait sans doute jamais.
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    Mer 21 Juin - 13:02

    La caresse du soleil finit par chasser les frissons qui secouait sa peau, la réchauffant doucement alors qu'elle continua de sourire et de discuter tranquillement avec Adelmiro. Une compagnie vraiment agréable qu'elle n'était pas prête de quitter, se sentant bien trop sereine à ses côtés...

    « Si tu veux, je peux t'apprendre à être plus à l'aise avec le qiang. »

    Cette amertume, cette tristesse... Son héritage qiang lui pesait-il à ce point ? Bao s'en mordit les lèvres, réfléchissant à un moyen de le dérider ou de fermer sa grande bouche pour ne pas le blesser davantage. Alors qu'elle se morfondait un peu, la voix d'Adelmiro résonna entre eux et elle se redressa pour l'observer avec attention, l'écoutant avec soin alors qu'elle essayait de mémoriser les sonorités si différentes de sa langue natale.

    « C'est une très bonne idée. Les sonorités chantent agréablement à l'oreille en plus. »

    Elle sourit de bon cœur à son compagnon de fortune, se tournant vers lui en faisant une tête très sérieuse sous la concentration qu'elle déployait pour ne pas faire de faute. Assidue, elle entreprit de répéter docilement chaque syllabe qu'il épelait avec lenteur pour l'aider à bien articuler. Le moins qu'elle pouvait avouer était que ce n'était guère facile... Incertaine malgré sa bonne volonté, Bao inspira profondément pour se lancer dans un premier essai de répétition de strophe complète. Accrochez-vous à vos souliers parce que quelque chose lui soufflait que ça serait vraiment lamentable comme échec cuisant...

    « Q-quand nous enterrons le bleu de la terre
    Par nos prêtres battre le brun des rochers,
    Quand les p-plis des mouettes seront étouffés par
    Les polissement des poulies dans les feuilles des s-sous-bis,
    Quand boissons et c-coquillages ne seront plus
    A nos tables qu'images au fond de la faisselle
    Alors, amour, je te p-pardonnerais... Aïe ! »


    La main sur la bouche, Bao afficha une moue boudeuse alors qu'elle venait de se mordre la langue. En même temps c'était une prononciation à laquelle elle n'était pas habituée alors forcément, arriva ce qui devait arriver, elle se mordit la langue sur la dernière syllabe.

    « Hmmm... Je suis pas très douée... Ça a l'air de ressembler à ce que tu as dit mais, je n'ai pas l'impression que c'était exactement ce que tu as dit... »

    Elle en rougit de honte alors qu'elle se frotta la joue en suçant doucement sa langue, grimaçant légèrement au goût du sang si ferreux en bouche. Brr... Rien ne valait mieux qu'une soupe de quinoa, carottes et bambous.

    « Avec de l'entraînement je finirais pas y arriver... »

    Bao soupira, lui jetant un clin d’œil timide, guettant le moment où il éclaterait de rire tellement elle avait été ridicule dans sa prononciation. Elle n'arrivait même pas à comprendre ce qu'elle avait voulu prononcer...


    Adelmiro Ybaria
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    Mer 12 Juil - 14:14

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    Adelmiro n’avait pas l’intention de mettre Bao en difficulté. Lui-même n’avait pas eu l’impression d’avoir tant de difficultés à prononcer le qiang, malgré ses sonorités sifflantes et chuintantes que le naidien ne connaissait pas. Mais après tout, il avait souvent entendu cette langue, parlée par les diplomates qiang, donc il avait un modèle. Bao avait forcément eu un aperçu de la langue locale, lors de son séjour au monastère, mais elle n’y avait pas forcément prêté attention. Aussi, malgré sa concentration et son évidente bonne volonté, sa réussite fut mitigée. Adelmiro n’eut cependant pas à s’empêcher de rire. Il était là pour l’aider, lui donner un premier aperçu de sa langue, pas pour l’évaluer.

    Il ne put malheureusement retenir un petit sourire quand elle se mordit la langue. Ce geste, au moins autant que sa prestation, semblait l’embarrasser énormément.

    - C’était pas mal du tout ! protesta sincèrement Adelmiro.

    Il ne devait pas s’être montré assez convaincant :

    - Avec de l'entraînement je finirai par y arriver... assura-t-elle d’un ton un peu boudeur.

    Enfin, elle osa se tourner vers lui mais avec un regard toujours inquiet, comme si elle s’attendait à se faire gronder. Adelmiro lui répondit d’un sourire qu’il voulait rassurant.

    - Aux fortes volontés, seul Dieu ne plie, dit-il, citant un proverbe naidien. Ça veut dire que si tu veux vraiment quelque chose, tu l’obtiendras. Si Dieu l’accepte. Et je ne vois pas pourquoi Dieu te refuserait de parler le naidien.

    Il serait bien resté assis là encore un moment. Le soleil était braqué sur eux et faisait monter la température à un niveau agréable. Mais il voyait Bao se suçoter la langue avec une certaine insistance. Un soupir commença à passer ses lèvres mais il essaya de le dissimuler :

    - Viens : ils ont une glacière, au monastère. Ils te donneront sans doute un glaçon pour calmer ta langue.

    Voulant dédramatiser un peu, il ajouta, se forçant à rire un peu :

    - Comme première rencontre avec le naidien, ce n’est pas bien joyeux. J’espère que ça ne te dégoûtera pas de ma culture.  

    Et comme pour la convaincre de la beauté de sa langue, tout en marchant, il récita l’intégralité du petit poème :

    « Quand nous ne verrons plus le bleu de la mer
    Par nos fenêtres battre le brun des rochers,
    Quand les cris des mouettes seront étouffés par
    Les bruissements des goupils dans les feuilles des sous-bois,
    Quand poissons et coquillages ne seront plus
    À nos tables qu’images au fond de la vaisselle
    Alors, amour, je t’oublierai

    Mais tant que les infatigables vagues
    Chaque jour et nuit reviendront à la charge
    Tant que goëlands et mouettes rieuses
    Le bruit du vent des plages de leurs cris couvriront
    Tant que les poissons à nos tables seront
    Toujours les bienvenus et plus fréquents encor
    Mes sentiments toujours vivrons »



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    Ven 11 Aoû - 23:47

    Hua Bao apprécia énormément qu'il éternise leur moment en lui apprenant sa langue. Bien que le résultat ne fut pas le moins du monde une réussite... Elle s'en mordit même le bout de la langue donc c'est dire à quel point elle n'avait pas l'assurance d'avoir réussit ce si simple exercice. Mais, alors qu'elle pensait que son comparse allait rire d'amusement face à son accent déplorable, il se contenta de lui offrir un bref sourire. Etait-il timide ? Ou trop réservé peut-être ? Elle en était surprise en tout cas et quelque peu gênée, se disant qu'elle en avait peut-être trop fait au final.

    « Dieu accepterait que je parle le naidien... »

    Les choses étaient différentes entre son pays et le sien : comment un seul dieu pouvait suffire pour gérer le monde ? Vu ce qu'étaient ses créatures, il valait mieux ne pas être seul... Sans compter que ce n'était pas crédible pour une qiang : l'union faisait la force, leur nation était forte donc il n'y avait pas qu'un seul dieu en ce monde. La théologie restait un domaine complexe dont il ne valait mieux pas commencer à discuter sous peine de ne jamais s'arrêter, surtout si on mettait en différent la religion qiang et la religion naïdi.

    Son commentaire sur sa langue lui fit baisser les yeux, de même que son petit soupir qui ne lui avait pas échappé. Elle était en train de l'agacer...

    « Ce n'est rien, ne t'en fais pas. Cela me pique simplement parce que c'est le bout de la langue. »

    Bao lui offrit un bref sourire avant d'étirer ses jambes.

    « Je sais qu'il est mal de faire des caprices mais je veux rester avec toi plus longtemps ici. »

    L'égoïsme n'était pas reconnu, c'était même à proscrire. L'honneur, la loyauté, la fidélité, l’honnêteté, le courage. On reconnaissait cela mais tout ce qui pouvait nuire était banni, comme la lâcheté et la trahison, mais aussi l'égoïsme. Agitant doucement ses pieds, la petite brune dressa pourtant l'oreille quand elle l'entendit entonner de nouveau le même poème, tous deux marchant vers le monastère. Le son résonnait agréablement à l'oreille et un sourire rêveur vint fleurir sur ses lèvres alors qu'elle regardait devant elle, le bâtiment finissant par se profiler à l'horizon.

    « C'est magnifique... Je ne suis hélas pas en mesure de comprendre ce que cela raconte mais c'est vraiment beau. La mélodie de ta langue tinte si magnifiquement dans mes oreilles. »

    La fin de leur rencontre lui donnait étonnamment un arrière-goût d'amertume... S'était-elle déjà trop attachée à cet homme qu'elle venait simplement de rencontrer ? Son cœur et son esprit était troublé, ce n'était pas normal. Où se trouvait la quiétude qui agitait si sereinement son être auparavant. Elle lui jeta un coup d'oeil troublé avant d'inspirer profondément en redressant ses épaules.

    « Je ne sais pas si je te verrais une autre fois, je l'espère sincèrement. Je pense... Si je dois m'unir à un homme, j'aimerais qu'il te ressemble, qu'il ait le même cœur et le même esprit que toi. »

    Elle émit un bref rire en se mettant à sautiller.

    « Je sais bien que chaque créature des dieux est unique mais j'aimerais qu'il te ressemble parce que je t'apprécie vraiment beaucoup. J'espère sincèrement que ce que les dieux te réservent soient à la hauteur de tes mérites. »

    Bao s'arrêta et s'inclina devant lui, le regard troublé bien que pétillant.

    « Je dois rejoindre mes sœurs. Au revoir Adelmiro. »

    Elle se redressa et le fixa un instant avant de lui sourire chaleureusement et de s'en aller, inspirant profondément pour essayer de se calmer.
    ---

    {hrp: désolée pour le retard... Mais je suis rentrée pour de bon là donc je vais pouvoir rp plus régulièrement et normalement! Désolée...}

    Adelmiro Ybaria
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    - Je sais qu'il est mal de faire des caprices mais je veux rester avec toi plus longtemps ici.

    Adelmiro n’avait pas prêté attention à la protestation timide de la Qiang, qu’il avait interprétée comme une gêne mal placée. Cet aveu, par contre, le visa droit au cœur. Rester avec lui ? Il était habitué à être méfiant envers ceux qui recherchaient sa compagnie : ils avaient trop souvent quelque chose derrière la tête. Mais elle, elle paraissait totalement dénuée de mauvaises intentions. Et qu’aurait-elle pu vouloir venant de lui, de toute façon ?

    Ne sachant trop comment réagir, il avait caché son hésitation derrière ce poème. Ses sonorités familières et les souvenirs qu’il portait avec lui l’avaient aidé à se calmer. Un peu, du moins. Car tant que Bao se contenta de s’extasier sur la joliesse des vers, il réussit à reprendre son costume de courtisan, capable d’étendre à l’infini une conversation à partir des plus petites trivialités, mais dès qu’elle soupira, démontrant ses regrets bien plus sincèrement que ce qu’une politicienne se serait permis, il ne put continuer à jouer ce rôle. C’était le plus rassurant, pourtant : revenir à quelque chose de connu, à la place qu’il occupe avec succès au quotidien. C’était oublier qu’il n’était plus dans le palais, ni celui de Taytambo ni celui de Talehe, et qu’il s’en était justement éloigné pour souffler et se libérer de ce masque qui commençait à lui peser. Réussissant à faire revenir un peu de sincérité, il commença à sourire quand la jeune prêtresse expliqua l’origine de ce souffle de déception. Et il ne s’attendait pas à cela.

    Lui, comme modèle pour un mari ? Cela aurait pu faire une belle blague, mais l’idée avait visiblement été annoncée sérieusement. Si elle rit d’elle-même, preuve qu’elle avait conscience de l’embarras que provoquait un tel aveu, elle ne renia pas le moindre mot, confirma même chacun d’eux.

    Adelmiro sentit, peut-être pour la première fois de sa vie, le rouge lui monter aux joues. Sous sa complexion occidentale, cela ne se vit sans doute pas beaucoup, mais il eut soudain l’impression qu’on avait posé des briques chaudes sur ses pommettes. Ce n’était pas la première fois qu’on lui faisait des compliments, mais les précédents venaient trop souvent de jeunes filles envoyées en pâture par leur père, convaincues d’utiliser leurs charmes pour essayer de soutirer une faveur ou une information quelconque. Du moins, c’était ce qu’Adelmiro avait toujours lu derrière ces sourires aguicheurs et ces mouvements d’épaules discrets mais bel et bien destinés à être vus.

    Là, celui qui se targuait de savoir lire les intentions de ses interlocuteurs était face à une énigme. Il ne détectait pas la moindre trace de calcul derrière les mots de la prêtresse. Mais d’où pouvait lui venir ces pensées ? Elle n’avait rien en commun avec lui – ou si peu, et si insignifiant.

    À l’entendre formuler une telle preuve d’admiration, Adelmiro eut l’impression de l’avoir souillée. Elle n’était pas dégoûtée par le monde dans lequel il trempait, alors qu’elle aurait dû. Elle aurait dû lui reprocher vertement de se corrompre ainsi, nourrir la honte qu’il avait trop tendance à oublier : c’était pour cela qu’il venait au Quenda. L’espace d’un court instant, Bao perdit toute l’aura d’innocence et de pureté qui semblait émaner d’elle et Adelmiro sentit une déception rageuse monter en lui.  

    Puis il se rendit compte qu’il ne devait pas prendre les choses de cette façon. Ce compliment n’était pas destiné au ministre mais bien au croyant. Elle ne l’avait jamais vu dans la cage aux fauves, elle ne connaissait de lui que le visage qu’il avait présenté ces dernières heures. Et s’il n’avait sans doute pas fait preuve de toutes ses qualités, il n’avait pas non plus laissé parler ses plus mauvais instincts. La colère fut lavée de son cœur par une vague de reconnaissance. Jamais il ne s’était lié à qui que ce soit en tant qu’Adelmiro le Pieu : tous ceux qu’il croisait au monastère cherchaient en sa compagnie celle du ministre Ybaria ou le fuyaient. Très souvent, pendant ses séjours, les seules personnes à qui il adressait la parole étaient des moines, qui certes se montraient courtois mais semblaient toujours le voir à travers le prisme de sa réputation. Bao, ignorant ces rumeurs, l’avait vu comme il s’était montré, ni meilleur ni plus mauvais. Et cet aveu prouvait qu’elle avait avant tout vu un homme avec un « cœur » et un « esprit » dignes d’être admirés, et même aimés.

    Il aurait sans doute répondre quelque chose à Bao. Il ne pouvait pas lui rendre sincèrement le compliment (une telle douceur était reposante et bénéfique mais devait rester ponctuelle dans sa vie, sinon il ne pourrait réussir à atteindre le poste qui lui revenait et à y rester) mais au moins lui dire que lui aussi, il lui souhaitait tout le bonheur que Dieu pouvait accorder à un mortel. Cela aurait été absolument sincère. Mais quelque chose coincé au fond de sa gorge l’empêcha de prononcer le moindre mot et il resta planté là, à bafouiller quelques syllabes inintelligibles tandis qu’elle s’inclinait devant lui pour le saluer puis s’éloignait. Elle avait presque franchi le sommet de la butte quand enfin il reprit ses esprits et réussit à lancer, d’une voix peut-être un peu trop tremblante :

    - Je serai là l’an prochain !
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