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    Octans E. Haytham
    Octans E. Haytham
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    Dim 28 Mai - 16:40

    Un matin au ciel gris, Eiranos et moi quittons l'Empire Ivria pour entrer sur les terres du Royaume Naidii, au pas sur des chevaux pimpants et enthousiastes. En temps normal, je ne me serais arrêté qu'une fois à Talehe pour récupérer ce dont j'ai besoin puis serais immédiatement reparti en direction du désert, désireux de ne pas traîner, de ne pas m'attarder sur des terres où il m'est difficile voir impossible de communiquer avec les autres. En temps normal, je voyagerais sur Orias et non sur Marchevent. En temps normal, ça serait une épopée solitaire, ce qui n'est pas le cas actuellement. Mais les choses changent et ça n'est pas pour me déplaire, la présence du religieux n'étant pas désagréable. Pas désagréable du tout même. Parfois, je me surprends à l'observer, détaillant chaque parcelle de son visage, la forme de sa bouche, sa nuque en partie masquée par ses cheveux. Lorsque je m'en rends compte, mes joues s'empourprent et je détourne les yeux en priant pour qu'il ne l'ait pas remarqué. Mais il m'intrigue et la barrière de la langue est une véritable frustration. Je voudrais en apprendre plus sur lui, sur son langage et son mode de vie, ce qu'il a vu, vécu, entendu. Pouvoir l'écouter rire encore. Regarder le bonheur se peindre sur son visage. Ces choses dont j'ai été privé en la compagnie de mon père, si triste qu'il aurait fait pleurer les pierres, et qui me semblent aujourd'hui être des découvertes importantes, des trésors qu'il m'offre sans le savoir et que je compte bien garder précieusement tout au fond de moi.

    Alors c'est pour lui faire plaisir que je me détourne du chemin habituel. Je stoppe Marchevent, mets pied à terre, puis bride en main m'avance vers un sentier que j'ai découvert lors de mon premier voyage, ayant suivi quelques enfants Naidiens tombés sous le charme d'un Orias trop heureux d'avoir des papouilles. Un petit coin de paradis pour quelqu'un venu de loin comme moi. J'espère qu'il saura l'apprécier.

    Le bruit de la cascade se fait de plus en plus bruyant à mesure que nous approchons. Pourtant ça n'a rien d'oppressant, c'est même relaxant. J'attache l'étalon à un arbre puis me débarrasse sans plus attendre de mon chèche avant d'ouvrir la chemise de coton blanc que je porte sur le dos. Je me tourne vers lui dans un sourire, avant de la retirer totalement, dévoilant ma peau trop pâle sans une hésitation, sans une honte, mon regard soutenant le sien pour l'inviter à me suivre. Je recule vers l'eau qui étincelle sous le soleil revenu depuis quelques heures, un pas après l'autre. Et arrivé au bord, me retourne dos à lui afin de retirer les derniers vêtements et me glisser dans l'eau tiède, trempant mes mains pour arroser mon visage, ma nuque, avançant jusqu'à ce que mes hanches soient immergées. Je frissonne, ça me fait du bien. Laisse mes jambes ployer pour me tremper jusqu'aux épaules, lui refaisant face en tendant la main vers Eiranos, tout sourire.

    "Nje ! " (viens)

    J'espère qu'il le fera. Qu'il laissera tomber les conventions qui veulent qu'on ne se met pas à nu devant n'importe qui, c'est du moins ce que mon père m'a appris et répété. Garder ça pour la femme de ma vie qu'il disait. Seulement je ne pense pas comme ça, un corps est un corps et je n'ai pas à avoir honte de le montrer. Ce n'est pas un acte d'amour. Nous avons tous le même, malgré les différences. Alors j'attends en barbotant de voir s'il va me rejoindre ou non.


    Eiranos Mnyson
    Eiranos Mnyson
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    Lun 29 Mai - 20:55

    Petit détouravec Octans

    Le matin de leur cinquième jour de voyage, Eiranos aperçut avec soulagement la borne, au bord de la route, qui indiquait leur entrée dans le royaume Naidii. Ils ne devaient plus être loin de Talehe. La compagnie d’Octans avait été très agréable : c’était un garçon vif, rieur, mais les difficultés pour communiquer faisaient paraître le temps long. Ils avaient bien essayé de discuter par gestes mais à dos de cheval, ce n’était pas facile pour Eiranos. Il aurait sans doute dû être de plus en plus à l’aise en selle mais ce n’était pas le cas : l’engourdissement puis les douleurs dans le bas de son dos le faisaient se dandiner, changer constamment de position sans jamais en trouver une confortable. Difficile, dans ses conditions, de se concentrer à la fois sur son assiette, sur ses mains et sur celles d’Octans. Et une fois les pieds sur le sol, il était trop fatigué pour se lancer dans cet exercice. Ils dinaient – chichement, car leurs réserves n’étaient pas grandes et difficile de trouver de quoi se nourrir en cette saison – puis se couchaient par terre pour s’endormir presque immédiatement.

    Alors à défaut de parler, ils se regardaient. Eiranos avait souvent surpris Octans en train de le fixer mais il n’avait pas fait de remarque. Il faut dire que lui aussi, plus d’une fois, quand il chevauchait derrière Octans, il s’était rendu compte qu’il avait passé les trois dernières minutes les yeux rivés sur sa nuque ou sur les mouvements de roulis régulier de son dos, qui suivaient le déhancher du cheval. Une nuit, aussi, il s’était réveillé et n’avait pas réussi à se rendormir. Il s’était retourné tout doucement, face à Octans, et avait observé son visage endormi. Sa peau pâle semblait briller sous la lumière de la lune. Vu de près, il avait de longs cils, comme Evelyn. Mais quand il le voyait ainsi, immobile et les paupières closes, la ressemblance s’arrêtait là. D’un côté, Eiranos l’avait regretté : finalement, il n’avait pas tout à fait fait son deuil. D’un autre, ça le soulageait, de ne pas être ramené à cette histoire, à cette époque.

    Quand il vit qu’Octans déviait de la route, seule la lassitude l’empêcha de protester. Il voulait arriver, c’est tout ; pouvoir se poser dans une vraie auberge, avoir un vrai repas à une vraie table puis s’effondrer dans un vrai lit. Il changea d’avis quand il vit où son compagnon l’emmenait : au pied d’une magnifique cascade, aux eaux limpides, qui se déversaient dans de nombreux bassins peu profonds. Ce pouvait être agréable, finalement.

    Une fois Orias attaché à côté de Marchevent (nom qu’il avait lui-même choisi, pensant à la monture du Prophète Euphrase), il était en train de chercher une étendue d’herbe confortable pour s’allonger au soleil quand il vit le manège d’Octans : il avait déjà ôté sa chemise et se dirigeait vers l’eau. Eiranos put voir avec précision le relief de ses omoplates, la ligne en creux de sa colonne vertébrale, ses deux fossettes au bas de son dos. Le temps qu’il se remette de cette vue, Octans était dans l’eau jusqu’aux épaules et lui faisait de nouveau face.

    - Viens !

    Ce n’était pas dit ainsi mais le geste était clair. Pourtant, Eiranos hésita. À Muvai, la nudité entre hommes n’était pas tabou : difficile de l’éviter, quand tant de moines vivaient en communauté. Mais c’était justement le fait que ce soit si anodin pour d’autres et pas pour lui qui l’avait troublé, des années plus tôt. Mais pour Octans, ça avait l’air si naturel…

    Il avait espéré que son compagnon était comme lui et partageait ses sentiments à son égard. Mais apparemment, il s’était mépris. Ses gestes, le fait qu’il l’ait touché ainsi, qu’il ait posé son front contre le sien (ses lèvres étaient à deux pouces, par Dieu !) ne signifiaient finalement rien. Ou du moins, rien de plus profond que ce qu’il avait exprimé sur l’instant : il voulait le rassurer. C’était tout.

    Il soupira. Profondément, tristement. Mais il ôta ses chaussures et ses chaussettes, remonta sa soutane et s’avança prudemment dans l’eau jusqu’à avoir les pieds immergés.

    - Elle est froide, dit-il en faisant mine de frissonner.

    En réalité, pour lui qui avait l’habitude de se baigner dans le lac de Muvaï, en pleine montagne, la température était tout à fait supportable. Mais il ne se sentait tout de même pas prêt à se mettre à nu, dans aucun sens du terme, devant Octans.



    Octans E. Haytham
    Octans E. Haytham
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    Lun 29 Mai - 22:40

    Sans pouvoir l'en empêcher, je sens la joie retomber légèrement dans ma poitrine. Je pensais lui faire plaisir en faisant un détour pour le conduire ici, obtenir un sourire, profiter quelques heures de l'eau et de ses ressources avant de nous remettre en route. Mais ais-je bien fait ? En entendant son soupir, je n'en suis plus certain. Encore moins lorsque je vois ses réticences à me rejoindre. Est-ce par pudeur ? Ou tout autre chose ? Je penche la tête et je ne sais plus si je fais bien d'être comme je suis : nu comme un ver devant lui. J'hésite même à m'approcher de peur qu'il ne se braque, m'enfonce plus dans l'eau, regard baissé. Je ne comprends pas ce qu'il dit. Et pour la première fois depuis qu'on est partit, je me surprends à avoir peur. Peur parce qu'après ces cinq jours de voyage sans relâche, la lassitude semble le gagner. Peur qu'il s'en aille, qu'il se rende compte qu'il ne veut pas de cette vie même si ce n'est peut-être que temporaire. Qu'il m'abandonne à la première auberge que l'on croisera. Que tout s'arrête avant même que ça n'ai réellement commencé. Et que tous mes efforts soit vains pour lui faire plaisir. Après tout les remords ne détruisent-ils pas tout ? Je relève les yeux vers lui, lueur d'inquiétude brillant sur fond noir. Est-ce qu'il regrette ? Est-ce que c'est ça ? Après tout, sur le dos d'un cheval les trois quarts d'une journée sans pouvoir réellement communiquer, sans rien pouvoir faire non plus pour soulager ses muscles endoloris, on a le temps de penser à toutes ces choses. Le temps pour les regrets.

    "Eiranos.. ?"

    Je me mords la lèvre et finis par me mettre debout, m'approchant. La honte me colle à la peau. J'ai l'impression d'être minuscule face à lui soudainement, de brûler sous son regard alors que quelques secondes auparavant je me fichais bien de montrer mon corps. Pourtant je ne retiens pas ma main – quoique tremblante – de se poser maladroitement sur sa joue. Penche la tête sur le côté. Résiste à l'envie de le prendre encore dans mes bras. Est-ce que ça servirait à quelque chose si je le fais ? Ou est-ce que ça le rebuterais ? Je laisse un sourire pâle se poser sur ma bouche, sans comprendre ce qui peut bien le tarauder dans l'instant, ce qui a pu lui faire pousser ce soupir. Inquiet à l'idée de me planter de nouveau et de faire encore quelque chose qui puisse lui déplaire. De le décevoir.

    "Eiranos.."

    Les doigts descendent caresser sa gorge avec douceur, tendresse. Puis je cesse de résister et l'attire contre moi après avoir passé un bras autour de sa nuque, soupirant à mon tour. C'était pour lui faire plaisir tout ça... Pour lui faire plaisir et ça vire au drame. Je ne sais pas comment lui demander ce qu'il se passe parce que je n'ai pas les mots pour le faire. Alors je le serre juste plus fort, le cœur battant plus fort dans sa cage d'os pressée contre la sienne. Il s'emballe à chaque fois que je l'effleure. A chaque fois que son regard brûle ma nuque. Ça me met mal à l'aise, ça me fait peur aussi, mais je ne veut pas me défiler sous prétexte que mon cœur fait n'importe quoi.


    Eiranos Mnyson
    Eiranos Mnyson
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    Ven 2 Juin - 0:41

    Petit détouravec Octans
    Il avait essayé de paraître enjoué mais il avait lamentablement échoué. Le doute et la déception se lisaient sur le visage d’Octans. Il ne comprenait pas, et Eiranos ne pouvait pas l’en blâmer. Lui-même ne se comprenait pas tout à fait. Il ne voulait pas se complaire dans de faux espoirs mais est-ce qu’il ne se faisait pas plus de mal en repoussant carrément les invitations d’Octans ? Parce qu’il ne l’avait pas juste espéré, ce geste. Et visiblement, cette distance faisait aussi du mal à son compagnon. Il s’était un peu recroquevillé, s’immergeant jusqu’au menton. Est-ce qu’il croyait que c’était sa nudité, qui repoussait le moine ?

    - Eiranos… ?

    Son cœur rata un battement. Ce nom chuchoté, hésitant, avec cet accent qui forçait un peu sur le « r »… Octans ne l’avait pas prononcé depuis qu’ils s’étaient présentés l’un à l’autre, dans la charrette. Et encore, à ce moment-là, il l’avait répété avec curiosité. Là, il y avait une vraie douceur, même une certaine inquiétude. Eiranos se sentit fondre, et un peu honteux de provoquer une telle anxiété.

    Il allait bafouiller une excuse quand Octans se releva, exhibant devant lui toute sa mince silhouette dégoulinante. Et il avança… Eiranos sentit sa gorge s’assécher, son pouls s’accélérer, ses membres trembler. Non, qu’il n’approche pas ! Pas nu ainsi, pas alors qu’il se sentait aussi perdu, pas si près… Il avait envie de lui crier de rester loin de lui et de mettre les choses au clair, une bonne fois pour toute : pourquoi est-ce qu’il est avec lui ? Qu’est-ce que ça signifiait, cette invitation ? Qu’est-ce qu’il pouvait espérer exactement ? Mais ces yeux noirs aspiraient son regard et tous les mots qui réussissaient, tant bien que mal, à atteindre son esprit paniqué.

    Il vit la main s’approcher lentement de sa joue sans pouvoir réagir. La paume était humide et fraîche, mais son contact était tellement doux qu’il en paraissait tiède. Octans pencha la tête sur le côté, comme s’il lisait, dans les iris grises du moine, des questions qui l’intriguaient. Il sourit, légèrement, au grand soulagement d’Eiranos. Puis de nouveau ce prénom murmuré… Et le bout de ses doigts qui lui effleurent la gorge, les étincelles qui lui picotent la peau…

    À l’instant où le moine s’inquiétait de savoir si son cœur résisterait, Octans lui sauta au cou. Eiranos resta pétrifié, les mains serrées sur sa soutane qu’il tenait toujours remontée au-dessus de ses chevilles. C’était de la pure sympathie ? Juste une envie de le consoler ? Ou pouvait-il lire dans ce geste… un peu plus ?

    Après quelques secondes, il osa, timidement, lâcher son vêtement. L’ourlet de la robe de bure tomba dans l’eau, avec un bruit lourd et immonde qui lui rappela un instant le dégoût que ressentiraient ses pairs s’ils le voyaient. Il se figea un instant puis décida que personne ne pouvait les voir, alors il referma son étreinte sur le dos du Nakhti. Ça, ce devait être la réaction qu’il attendait et donc il ne le repousserait pas. Mais pour lui, ce n’était pas assez, ou déjà trop. Pour calmer son cœur qui s’emballait et empêcher ses mains tremblantes de se perdre, il respira profondément. Comme dans la charrette, quand Octans s’était lové contre lui, son nez était tout contre ses cheveux et il put en humer le parfum. Celui-ci avait un peu changé, ils sentaient moins les fleurs et plus l’herbe sèche dans laquelle les deux hommes avaient dormi, ces dernières nuits, mais ils gardaient une senteur particulière. Quelque chose qui évoquait la chaleur et la sècheresse, tellement différent de cette huile des montagnes…

    Il ne se rendit pas compte tout de suite que ses mains avaient glissé. L’une était remontée jusqu’à la pointe d’une omoplate, l’autre effleurait les dernières cotes gauches d’Octans. Il enfouit son nez un peu plus profondément dans les cheveux. Quand ses lèvres rencontrèrent le bout de l’oreille de son compagnon, il s’arrêta dans un sursaut et resta pétrifié, retenant même son souffle, attendant une réaction. Était-il allé trop loin ?


    Octans E. Haytham
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    Sam 3 Juin - 17:36

    Dans certaines cultures, il n'est pas coutumier que deux hommes s'enlacent, qu'ils soient ou non de la même famille. Dans certaines cultures cet acte est considéré comme une abomination et même un crime ou une déviance. Mais si c'est le cas, c'est certainement la plus belle. Quoi de mieux que de serrer entre ses bras un corps puissant ? D'enfouir son nez au creux d'une épaule musclée et brûlante ? De parcourir du bout des doigts une peau considérée comme moins délicate que celle d'une femme, et qui est pourtant toute aussi douce et tendre ? Pour rien au monde je ne voudrais changer de place. Ne plus avoir le droit à ses bras, à l'étreinte qu'il me rends finalement, après quelques secondes d'hésitation. Mon cœur bat plus vite, mes membres se prennent à trembler, ma gorge se noue. Sur la pointe des pieds, je tente d'empêcher mes jambes de trembler sous l'effort. Pourquoi diable est-il si grand ? J'ai l'impression d'être minuscule à côté de lui, pourtant je sais pertinemment que je suis dans la norme, et que la vie dans le désert ne forge pas les hommes de la même façon. Nous ne consommons pas certains produits de la même manière que les habitants de terres fertiles, abondantes et riches? aussi notre corps a dû s'adapter et ne nous permet pas d'avoir exactement la même morphologie - sans compter que mon père n'était pas très grand non plus. Mais même en sachant cela, je me sens presque ridicule accroché ainsi à son cou. Je finirai sans doute par m'y habituer, le problème étant que je n'ai jamais vraiment cotôyé personne, puisque nous ne faisions pas partie d'un groupe, d'une communauté, comme la plupart des nôtres.

    Toujours est-il que je peux inspirer profondément son odeur, le nez caché contre sa clavicul, sans me soucier d'être découvert. Il n'y a que peu de monde qui se rend ici en dehors des Naidiens. Et si par malheur l'un d'eux venait à nous trouver, nous aurions sans doute largement le temps de nous enfuir avec les chevaux avant qu'il puisse avertir qui que ce soit. Quoi que je ne sois même pas persuadé que ce genre de rapport soit interdit sur ces terres. Un léger sourire vient prendre place sur mon visage alors que je me rappelle cette fuite si récente avec Eiranos. À ce moment-là je ne me posais pas autant de questions, me contentant de laisser mes certitudes me guider. À ce moment-là, tout n'était pas si compliqué.... Mais en sentant ses doigts contre mes côtes et sur mon omoplate, je cesse simplement de penser et m'autorise à fermer les yeux. Boum boum boum qu'il fait mon cœur. Trop rapidement. Trop sourdement. Presque douloureusement. Il trouve que c'est trop, il en veut plus. Plus de caresses, plus de contact, plus de chaleur. Et si je ne le repousse pas maintenant... Qui sait ce qu'il adviendra de nous ? Je frissonne entièrement contre lui, lâchant un soupir tremblant en sentant ses lèvres contre mon oreille. Depuis combien de temps n'ai-je pas été aussi proche de quelqu'un ? Est-ce au moins déjà arrivé ? Je n'en sais plus rien. Mes pensées se brouillent, s'emmêlent, chaotiques alors que je retiens comme je le peux mes mains de glisser à mon tour sur son corps. Heureusement pour lui, pour nous, sa soutane le protège un minimum de mes excursions.

    Une troisième fois je murmure son prénom, en un souffle tremblant qui s'échoue contre son épaule. Je me sens comme pris au piège, serré contre lui sans avoir le droit de découvrir le grain de sa peau, caché par son vêtement. Mais d'un autre côté, je me sens bien. Juste bien. La douleur de mon pays ne dévore plus ma poitrine, elle n'est qu'un souvenir comme un autre parce qu'il parvient à la remplacer légèrement. Et timidement, je tourne la tête, poussant encore davantage sur mes pieds pour venir poser sur sa joue un baiser léger, atrocement doux. Ma tête hurle autre chose. Pourtant je m'échappe de ses bras sans violence, reculant d'un pas pour m'enfoncer de nouveau dans l'eau. Un sourire plus confiant posé sur les lèvres. Mes doutes quelque peu rassurés pour le moment.

    "Nje. Eiranos."

    Ce n'était pas pour le charmer ni pour le soudoyer. Mais peut-être que maintenant, Il voudra bien me suivre dans cette eau fraîche.


    Eiranos Mnyson
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    Dim 4 Juin - 20:40

    Petit détouravec Octans
    Les secondes semblèrent durer des heures, une éternité suspendue aux lèvres d’un seul homme. Octans tremblait contre Eiranos, il avait soupiré mais n’avait pas tout de suite chercher à échapper à cette étreinte qu’il avait lui-même amorcée. Après un instant, il chuchota encore une fois son prénom, et son souffle vint chatouiller la peau du moine, à la base de son cou. Son esprit ne s’était pas encore remis quand Octans s’éleva pour l’embrasser sur la joue, délicatement.

    Eiranos sentit la chaleur quitter son visage, puis tout son corps. Il avait l’impression d’avoir été jeté dans un bain froid, ou plutôt au milieu d’un blizzard. Il neigeait, au pont venteux, quand Evelyn lui avait fait ses adieux, déposant un baiser léger sur sa peau glacée. Eiranos aurait voulu le serrer dans ses bras et sentir, une dernière fois, la chaleur de son ancien amant, mais celui-ci semblait vouloir s’épargner cette épreuve. Il avait laissé ses lèvres et le bout de ses doigts l’effleurer, lui avait souri tristement puis s’était retourné et était parti pour ne jamais revenir parmi les vivants.

    Aussi, quand Octans répéta involontairement ce geste, les larmes montèrent aux yeux du moine. Il essaya de retenir son compagnon qui quittait ses bras mais il tremblait tellement que sa main ne saisit que le vide. Il regarda, terrifié, le Nakhti s’éloigner de lui pour replonger dans l’eau.

    - Viens. Eiranos.

    Au milieu de ses larmes, Eiranos réussit à sourire. Il ne le fuyait pas. Il ne le quittait pas. Il avait vu et compris le geste du moine mais ne l’avait pas repoussé. Il n’avait pas eu cet air terrifié et choqué qu’avait affiché le grand heirst quand il les avait surpris, aidé par la dénonciation du frère Mosë. C’était une première victoire.

    Rassuré, Eiranos réussit à enlever sa soutane. Il hésita un instant puis ôta sa chemise. Evelyn, mieux remplumé que lui, avait eu une remarque plutôt désobligeante sur sa maigreur, la première fois qu’ils s’étaient vus nus, mais Octans aurait été mal placé pour dire quoi que ce soit. Il s’avança donc à son tour dans l’eau, progressivement. Il lui fallut une bonne minute pour être dans l’eau jusqu’à la taille, puis quelques secondes de plus pour se mouiller jusqu’aux épaules.

    - Elle est quand même fraîche, dit-il en répétant son geste de frissonnement, avec cette fois un sourire malin sur le visage.

    Rien de bien terrible, comparé aux eaux du lac Miroir, près de Muvaï, mais il ne voulait pas paraître changer d’avis sans raison. Et il voulait taquiner Octans. Il fit quelques brasses pour se réchauffer, tournant en rond dans le petit bassin qu’ils avaient investi. Ce faisant, pour la première fois, il osa un coup d’œil autour d’eux. Ils étaient seuls. Eiranos, en homme de l’intérieur des terres, ne comprit pas bien pourquoi mais un local, s’il s'en était trouvé un là à cette heure, aurait pu lui dire : on était à marée haute, impossible de venir pêcher à pieds avant encore quelques heures. Et on n’était pas à une saison où les gens ressentent le besoin de chercher de la fraîcheur.

    En tournant ainsi, il repéra un courant plus chaud et il finit par s’y arrêter, accroupi et immergé jusqu’à la bouche. Il regardait Octans, les yeux brillants des restes de larmes, comme pour lui demander : "Ça y est, je suis venu. Et maintenant ?"


    Octans E. Haytham
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    Ven 9 Juin - 11:10

    Avec un soupçon de désespoir, une angoisse presque palpable, sa main se jette vers mon corps comme pour s'en saisir et me retenir quelques secondes de plus contre son torse. Étonnamment elle n'y parvient pas. Tremblant avec tant de force que j'aimerais avoir le courage de m'en saisir pour la serrer entre les miennes, le rassurer, faire fuir ces démons dont j'ignore tout mais qui, en cet instant, semblent vouloir le tourmenter, au lieu de faire un pas en arrière comme c'est le cas afin de m'enfoncer dans l'eau. Heureusement, et pour mon plus grand bonheur, il retrouve son sourire avant d'abandonner sa soutane et sa chemise pour avancer vers les eaux plutôt hautes à cette heure-ci, ce qui est parfait pour ne pas que des importuns viennent déranger notre moment. Par réflexe pourtant, je glisse mon regard tout autour de nous pour vérifier encore une fois que nous sommes seuls, puis sur son torse et sa peau, ses flancs et ses hanches. Mes joues s'empourprent. Et tout en me croquant les lèvres avec une gêne évidente et le cœur qui bat la chamade, je m'oblige à ne pas regarder plus bas, mon ventre se tordant dans une douleur que je n'ai connue qu'à la sortie de quelques rêves dont j'avais honte. Comme si des fourmis avaient envahi tout mon corps. Le souffle plus court. Je tente de ne pas le montrer alors qu'il semble avoir enfin retrouvé un semblant de joie que je refuse de gâcher à nouveau.

    Après tout, il vaut mieux qu'il ne se rende pas compte de mon anormalité, il pourrait mal la prendre.

    Riant doucement à ces mots que je comprends à peine, je le laisse s'immerger à son rythme sans cesser de l'observer du coin d'un œil curieux. Je barbote quelques secondes dans mon coin, peu touché par la froideur de l'eau malgré mon manque d'entraînement, et ressort ensuite pour aller chercher un pain de savon dans la sacoche. Puis je m'approche de lui, parce que ses larmes n'ont toujours pas disparues et qu'elles me sont insupportables, venant glisser sur sa peau le bout d'un index délicat qui s'efforce de gommer toute trace de tristesse. Je lui souris bien sûr. Parce que les sourires réchauffent bien mieux que n'importe quelle parole et que les mots pour tenter de comprendre son trouble, je ne les possède pas. Il y a plein de choses que je voudrais lui dire pourtant. Alors je ne peux qu'espérer trouver un livre à Talehe qui pourra m'apprendre les rudiments de sa langue pour progresser le plus rapidement possible et parvenir à communiquer plus facilement. En attendant, nous ne pouvons que continuer comme nous l'avons fait : a force de patience, de gestes, et d'un tout petit peu d'imagination. Mais aussi - parce que c'est nécessaire - d'un soupçon de témérité, sans laquelle nous ne serions de toute façon pas ici aujourd'hui, du moins pas tous les deux.

    C'est grâce à elle que je me glisse dans son dos pour passer sur sa nuque le savon préalablement mouillé. Il glisse aisément sur sa peau pâle et je retiens à grande peine mes doigts de s'attarder dessus, frottant ses épaules enfoncées dans l'eau, ses omoplates. C'est au tour de mes mains de se mettre à trembler. Ma gorge s'assèche, je me stoppe et colle une seconde mon torse contre lui pour le lui poser dans les mains et le laisser se laver seul. Parce que ça me fout les pensées en vrac et que je hais ça. Parce que j'ai du mal à contrôler mes déviances et que je me plais à l'imaginer pressé contre moi, peau contre peau. Parce que tout au fond de moi, j'ai toujours voulu savoir ce que ça fait et que je m'en veux d'en avoir envie avec lui. Mais n'est-ce pas normal ? Après tout il est le premier que je côtoie réellement, ça éveille ma curiosité. Et alors que cette explication devrait me rassurer, elle ne fait que m'inquiéter un peu plus, et renforcer cette culpabilité que je ressens. Je lâche le savon contre sa paume. Frissonne en sentant mon cœur au bord de l'explosion. Me recule rapidement. Avant de laisser ma main lui envoyer une gerbe d'eau dessus, comme pour lui demander pardon de ressentir toutes ces choses, de me laisser aller à ces pensées.


    Eiranos Mnyson
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    Dim 11 Juin - 23:32

    Petit détouravec Octans
    Eiranos regarda avec une certaine déception, et même une pointe de colère, Octans sortir du bassin. Alors il l’encourageait à venir, lui faisait même les yeux doux pour l’attirer dans l’eau, et il en sortait à peine quelques secondes après avoir atteint son but ? À quoi il jouait ? Il était sur le point de lui envoyer un reproche amer quand il le vit extraire un savon de ses sacoches. Ça changeait tout. Après des jours de voyage sans possibilité de se décrasser, Eiranos avait l’impression d’être entièrement recouvert d’une épaisse couche de poussière et même si se plonger dans l’eau avait déjà fait grand bien, un coup de savon n’était pas de refus.

    Il pensait attendre qu’Octans ait fini de se savonner (En se disant cela, il ne put s’empêcher d’imaginer la scène : ses mains qui glisseraient le long de son corps, la mousse et l’eau qui en dégoulineraient… Il dut faire un effort, secouer la tête pour se débarrasser physiquement de cette pensée) puis lui demander le pain. Il ne s’attendait pas à ce que son compagnon s’approche ainsi de lui, un sourire hésitant aux lèvres. Eiranos resta immobile, osant à peine respirer pendant qu’Octans cueillait délicatement les dernières traces d’humidité sur ses joues. Stupéfait, il ne réussit pas à lui rendre son sourire alors que son cœur était broyé entre la joie et la frustration. Le nomade avait-il conscience de ce qu’il provoquait en lui ? À son air innocent, Eiranos voulait croire que non, mais intentionnel ou pas, le résultat était le même.

    Il crut que cette douloureuse tentation allait prendre fin quand Octans s’éloigna de nouveau, mais son doigt ne quitta sa joue que pour effleurer sa nuque. Le contact du savon, frais et inattendu, le fit sursauter puis frissonner. Les yeux fermés, le menton contre la poitrine, il essaya de profiter de ce moment, du massage, du contact furtif des doigts d’Octans contre sa peau mais impossible de se détendre tout à fait. Une boule restait bloquée dans sa gorge, il se tordait nerveusement les mains de peur qu’elles ne s’échappent où il ne fallait pas. Il releva la tête, pour pouvoir respirer par la bouche, lentement et profondément, et ralentir les battements de son cœur affolé.

    - Tu n’es sûr de rien, se répétait-il à mi-voix. C’est un étranger, il ne vit pas comme toi, tu ne peux pas interpréter ses gestes comme tu interpréterais ceux d’un Ivrian. Si ça se trouve, c’est tout à fait normal pour des nomades de se comporter comme ça entre eux… Se serrer dans les bras, et même le baiser et tout ça…

    Un bref ricanement amer s’échappa à travers ses lèvres closes.

    - Les nomades invertis doivent avoir bien plus de sang-froid que moi, alors.

    Il rentra de nouveau la tête entre les épaules et souffla dans l’eau, regardant les bulles remonter à la surface et y éclater. Si ses sentiments pouvaient être ainsi, aussi volatiles et fragiles… Si seulement ses désirs pouvaient disparaître dès qu’ils étaient confrontés à la moindre anicroche, au lieu de s’en nourrir… Il pensait avoir réussi à repousser la vague qui s’était emparée de lui quand il sentit Octans se presser complètement contre son dos et passer son bras devant lui. Son rythme cardiaque s’affola de nouveau. La main du nomade tâtonna un instant, son menton effleurait l’épaule du moine. Eiranos, chaque muscle de son corps tendu, la respiration saccadée, bascula la tête en arrière et un peu sur le côté, espérant sentir sous sa tempe les cheveux de son compagnon. Il en était réduit à ce point, à chercher un peu de réconfort dans le plus petit contact. Mais celui-ci fut vite interrompu et sans le pain de savon qui était soudain apparu dans sa main, Eiranos aurait pu croire que ça n’avait été qu’un mirage.

    Avec un doux clapotis, une petite vague vint arroser l’arrière de son crâne. Un accident ou un jeu ? Plutôt le second : quand il se retourna, Eiranos vit qu’Octans le fixait avec un regard un peu triste mais qu’il essayait de contrebalancer avec un sourire léger. Encore une fois, il se sentit fondre et l’envie de pleurer lui remonta à la gorge. Il était complètement perdu, presque désespéré. Alors il décida de tenter sa chance. Franchement, cette fois, sans ambiguïté. Dans le pire des cas, il serait repoussé avec de grands cris de dégoût mais il les avait déjà entendus, il y survivrait. Tandis que si ce calvaire continuait, il n’était pas sûr de pouvoir garder sa santé d’esprit encore longtemps.

    Comme lui, Octans était agenouillé dans le bassin. Eiranos tendit la main et la posa délicatement sur son genou. Petit à petit, il laissa ses doigts remonter délicatement le long de sa cuisse tout en approchant son visage. Son regard, qu’il voulait à la fois résolu et doux, passait des lèvres d’Octans à ses yeux, guettant avec inquiétude le moindre signe de rejet. Son cœur semblait compter les secondes qui le séparait de l’instant fatidique où il serait fixé : allait-il de nouveau se retrouver seul ou son compagnon de fuite deviendrait-il plus que cela ?


    Octans E. Haytham
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    Le cœur battant à tout rompre, je m'écarte de lui et vais m'enfoncer dans l'eau fraîche à peine quelques pas plus loin, sans détacher une seule fois mon regard de son visage. J'ai peur. C'est la seule pensée qui me traverse, alors qu'il avance vers moi, comblant la courte distance que j'ai voulu imposer, comme pour palier à mes envies impures. J'ai peur, peur du rejet, de ce qu'il pourra dire s'il comprend que ce comportement n'est pas propre à mon peuple. Peur de me tromper aussi, de mal interpréter ces signaux que j'ai l'impression de percevoir, d'être aveuglé par mes propres désirs et ne voir que ce que je veux. Alors je le fixe avec cet air triste, un peu inquiet, pourtant teinté d'espoir. Un espoir de fou. Pourtant il s'approche et ne me fuit pas. Posant le savon contre mon genou, ce qui m'arrache instantanément un frisson d'anxiété et d'impatience mêlées. Remontant sur ma cuisse tandis que son visage vient se caler bien trop près du mien. Je ne loupe pas son regard jusqu'à mes lèvres. Et je les entrouvre comme pour prononcer quelques mots, avant de me souvenir qu'il ne les comprendra pas. Que la barrière est toujours là, dressée entre nous, même si elle est en l'instant sur le point de s'estomper pour devenir quasiment invisible.

    J'ai peur. Je suis mort de peur. Comme un gosse qui se retrouve devant un obstacle sans trop savoir s'il faut le franchir ou lui tourner le dos.

    Malgré tout mes doigts quittent l'eau pour repousser une mèche de cheveux barrant son visage. Ils la coincent derrière son oreille, caressent sa joue. Se glissent sur sa nuque qu'ils agrippent dans un sursaut proche du désespoir. Puis mes lèvres effleurent les siennes et mon esprit s'envole, la peur et les doutes avec. Mon torse se tordant sous une chaleur puissante mais loin d'être désagréable. Des baisers, j'en ai vu des milliers à Tadala ou dans les villes que j'ai eu l'occasion de parcourir en allant chercher de quoi me nourrir. Souvent je me suis demandé ce que ça faisait. Souvent, j'ai pensé que je ne franchirais jamais ce pas, car je n'ai jamais eu personne dans ma vie. Mais ça y est, j'embrasse quelqu'un. Je ne sais pas trop pourquoi et je ne sais pas non plus s'il faut une raison autre qu'une envie très forte de le faire, mais je l'embrasse. J'embrasse un homme. C'est léger, quelque peu incertain et maladroit, ça n'en est pas moins fantastique. Dans un soupir, je rompt le contact, rouvre mes yeux inconsciemment fermés, hésite. Puis avant de lui avoir laissé le temps de dire, de faire quelque chose, je reprends ses lèvres avec un peu plus d'assurance. S'il avait voulu me repousser, ne l'aurait-il pas déjà fait ? Je n'en sais rien, mais cette fois-ci l'inquiétude ne me taraude pas tant la poitrine.

    Ça viendra sûrement après. Plus tard. Lorsque le bien être aura cessé de compresser mon estomac, qu'il mettra fin à cela. Pour le moment, je me contente d'être invincible. Ou de me croire invincible, même si les différences se confondent en ce moment. Car il m'est impossible de penser correctement. Pas alors que la pointe de ma langue, timide, caresse ses lèvres puis se rétracte, manquant clairement d'expérience pour savoir quoi faire. Pas alors que mon corps est revenu se coller au sien, mais cette fois face contre face. Pas alors qu'un bras s'est passé autour de sa taille, autant pour le retenir que pour m'y accrocher. Pas alors que je suis dévoré par l'impression de chavirer dans un monde complètement étranger.


    Eiranos Mnyson
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    Mar 27 Juin - 0:36

    Petit détouravec Octans
    Le rejet ne venait pas. Octans le fixait du regard, l’air un peu perdu. Les lèvres entrouvertes, il semblait sur le point de dire quelque chose mais avoir oublié ce qu’il avait en tête. Le plus important était sans doute qu’il ne le repoussait pas, pourtant Eiranos hésitait à combler les quelques centimètres qui les séparait encore. Réalisait-il exactement ce qui était en train de se passer ? Cette absence de refus était-elle vraiment une acceptation du baiser qui se profilait ?

    Les questions, les doutes continuaient de fracasser le crâne du moine quand enfin, le nomade osa un geste : il dégagea une mèche de cheveux de son visage. Pendant une seconde, Eiranos eut peur que cette douceur ne serve qu’à adoucir la réponse négative qui allait suivre. Mais sa main traîna le long de sa joue, derrière son oreille, avant de brusquement crocheter sa nuque. D’abord surpris par la force et la soudaineté de ce geste, l’Ivrian mit un instant à réaliser que les lèvres de son compagnon s’étaient posé sur les siennes. Ce premier baiser était à l’image du jeune homme : léger, un peu timide mais bel et bien présent ; tellement léger, en fait, qu’il en était presque frustrant. Eiranos aurait voulu, lui aussi, prendre Octans par la nuque, pour plaquer son visage contre le sien et échanger un vrai baiser, qui saurait lui faire oublier les doutes et les peurs qui avaient failli le rendre fou. Mais ç’aurait été prendre le risque de l’effrayer, encore une fois ; de le faire fuir au pire moment. Alors l’impatient prit sur lui, essaya de profiter des sensations qu’on lui accordait, de cesser de rêver de plus. C’était tendre, c’était doux, il n’avait pas tout perdu.  

    Puis Octans s’écarta de lui. Les yeux toujours fermés, Eiranos resta immobile, la bouche entrouverte, une supplique au bord des lèvres. Encore… Je meurs de faim devant toi et tu me jettes des miettes… Mais la peur d’être repoussé était revenue. Il ne pouvait plus se dire qu’il avait déjà subi l’abandon, qu’il pourrait le supporter une seconde fois. Pas après avoir goûté à cela. Des miettes, peut-être, mais qui présageaient d’une douceur, d’une prévenance, d’une ingénuité qui ne pouvaient qu’aiguiser son appétit, son besoin. Avant cet avant-goût, il aurait pu supporter d’être rejeté en se convainquant que de toute façon, ça aurait sans doute été un fiasco complet : un nomade et un Ivrian, ensemble, quelle idée stupide ! Même s’il s’était agi d’un homme et d’une femme. Trop de différences, de culture, d’habitude, sans parler de la langue ! Sauf que là, il venait de sentir que finalement, toutes ces choses ne comptaient pas vraiment, quand on laissait les corps parler.

    Heureusement, le second baiser suivit vite, comme si Octans regrettait déjà son hésitation. Et cette fois, Eiranos n’y sentit plus aucune retenue. Les mains derrière sa nuque et son dos, l’assurance et la langue qui se pressaient contre ses lèvres, il prit tout cela comme une invitation, qu’il s’empressa de saisir. Le savon avait disparu de sa paume, mais qui s’en serait préoccupé en cet instant ? Sa main droite put ainsi continuer son exploration interrompue, le long de sa cuisse, jusqu’à sa hanche. La gauche se posa sur son flanc puis glissa dans son dos, sur son épaule. Il aimait ces reliefs osseux, sur le corps d’un homme : les saillies du bassin, les omoplates, la ligne des clavicules… C’était comme si la vie intérieure du jeune homme, bouillonnante, tentait de sortir de son enveloppe charnelle.

    Il était en train de perdre pied. Après trop de temps à gamberger, son esprit se laissait noyer par ces sensations. Ne plus penser, surtout, ne plus se faire de mal à imaginer le pire alors qu’il était en train de vivre le meilleur, ou du moins ses prémices. Octans ayant déjà, timidement, évoqué le geste, il osa approfondir leur baiser, lui offrir sa langue.

    Sans lâcher un seul des points de contact entre eux, Eiranos se traîna sur les genoux pour se rapprocher encore d’Octans. Sentir sa peau sous ses doigts et ses lèvres ne lui suffisaient pas : il voulait s’imprégner de lui, ressentir sa chaleur et son aura par chacun des pores de sa peau. Un cœur battait contre sa poitrine mais il n’était plus sûr que ce soit le sien. Il n’avait jamais été aussi rapide, aussi enthousiaste. Même… « Même avec Evelyn », voilà sans doute la pensée qui aurait dû lui traverser l’esprit mais Octans, les sentiments et les sensations qu’il lui procurait en cet instant occultaient jusqu’au souvenir de ce premier amour. Plus tard, Eiranos serait forcément amené à se rappeler et à les comparer mais pour le moment, rien d’autre que le présent ne comptait.

    Et le présent, c’était non seulement cette sensualité débordante mais aussi l’inconfort du sol sur lequel ils étaient agenouillés. Éloignant à peine ses lèvres de celles d’Octans (c’était un crève-cœur, mais il ne pouvait pas bouger en gardant ce point fixe et sa position commençait à devenir très, très désagréable) Eiranos se dandina un peu, pour soulager discrètement son tibia dans lequel s’enfonçait une petite pointe. Ce faisant, il dut mettre tout son poids sur son genou droit… qui était posé sur un bouquet d’algues agréablement moelleux mais aussi dangereusement glissant. Se rendant compte qu’il était en train de basculer, il eut un réflexe à la fois humain et stupide : tendre tous ses muscles. Et donc, s’accrocher encore plus fermement à Octans. Une seconde, il crut ainsi pouvoir rester à peu près vertical.

    Mais la seconde suivante, il était allongé dans l’eau. Le temps de se remettre de cette surprise et il se redressa, un bras passé autour de la taille de son compagnon pour le tirer avec lui hors de l’eau. Voilà une interruption des plus mal venues… et des plus originales. La vexation et la honte tordirent son visage mais bien vite, un éclat de rire gêné vint les remplacer. Un rire incontrôlable. Tentant de retrouver un peu de contenance, il se força à l’étouffer et, d’une main, dégagea le visage d’Octans des mèches tombées en travers, comme il l’avait fait pour lui une minute plus tôt. Mais sa bouche ne pouvait s’empêcher de se tordre et bientôt, ses lèvres ne purent plus retenir le gloussement qui se pressait derrière elles. Le rire était reparti.


    Octans E. Haytham
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    Dans un soupçon d'indécence, mes doigts parcourent sa peau et mes ongles laissent dessus quelques marques rougeâtres heureusement sans douleur pour lui. Mes lèvres épousent ses lèvres. Mon corps se colle au sien. Ma main caresse ses cheveux, sa nuque, se perd, se perd dans sa chaleur et sa douceur. Le souffle accroché au sien, mes yeux dans ses yeux, je le serre et me refuse à le lâcher, frissonnant, soupirant d'un bien être inconnu mais totalement grisant qui fait frémir mon cœur et tressaillir mes poumons. Bien être si grand qu'il aveugle, noie l'attention dans les sensations. Si bien que je ne remarque pas son inconfort, le prenant un instant pour une recherche plus profonde de contact. Puis je nous sens basculer. Au début ce n'est rien, je n'y prends pas garde. Mais l'eau nous submerge et pénètre dans mes poumons qui se compriment et la rejettent, m'arrachant une quinte de toux que je masque contre sa peau alors qu'il nous tire de là, la tête enfouie au creux de son épaule. Pour m'y fondre sans doute, ne faire plus qu'un avec lui. Jusqu'à ce qu'il décide de me quitter pour repartir à la croisée de chemins moins incertains. Moins dangereux que le désert et ses risques qu'aujourd'hui je connais par cœur, qui ne me surprennent plus lorsque je les rencontre et leur fais face sans crainte. Alors je me presse contre lui de toutes mes forces, avec un désespoir presque palpable, pour finalement m'écarter afin d'écouter son rire, admirer les nuances sur son visage.

    Et laisser éclater à mon tour un amusement qui rejoint le sien. Joyeux. Enfantin. Doux. Avec ce soupçon d'innocence qui trahit mon manque d'expérience. Jusqu'à ce qu'il se tarisse dans ma gorge, ne laissant sur mon visage qu'un sourire de bonheur tandis que mon regard se blottit dans le sien. Y cherchant quelque chose, sûrement, un petit rien, un indice même minuscule de ce que je dois faire maintenant. Mais je n'y trouve rien.

    Alors je remue dans l'eau et pose un baiser sur son front, le corps tremblotant d'une envie mal contenue de l'embrasser à nouveau, de goûter encore à ces sensations étranges mais délicieuses, tant grisantes qu'effrayantes. De sentir sa peau effleurer la mienne. Son souffle se mêler au mien. Dans un concert de respirations chaotiques et de battements effrénés. Sur un rythme insoutenable, insupportable. Presque étouffant de plaisir et de désir si violent que j'ignore comment les gérer. Je le fixe, quelques secondes de plus qui semblent être des heures, puis m'écarte doucement non sans m'être saisi de sa main que je serre entre la mienne. Sourire aux lèvres et légers rougissements sur les pommettes. Et lorsque je le relâche, ce n'est que pour finir de me rincer dans l'eau claire de la cascade et récupérer à tâtons le pain de savon bien réduit que je pose sur le bord, le temps de nager quelques brasses maladroites qui me dirigent à nouveau vers lui, lui que j'esquive au dernier moment, frôlant son corps en gestes délicats, effleurements sensuels presque illusoires. Fantasmés. Peu croyables. Auxquels suit aussitôt un rire léger et tendre que je masque en un bisou rapide sur son épaule, avant de m'enfuir à l'autre bout du bassin.

    Je prends le temps. Le temps de nous ressourcer un peu. De reposer nos corps et nos esprits. De souffler. De nous découvrir un peu plus. De profiter du moment aussi, ce moment que nous passons ensemble dans un endroit particulièrement beau et peu fréquenté pour le moment. Il en sera autrement bientôt, lorsque les pêcheurs arriveront pour attraper de quoi nourrir leurs familles. Aussi je jette parfois un regard sur le chemin, pour vérifier que nous sommes toujours seuls. Aux aguets comme un animal, comme Orias dont les oreilles se pointent vers l'avant à chaque bruit qui ne vient pas de nous. Puis la première silhouette apparaît finalement à l'horizon. Je jette un regard vers Eiranos et m'avance vers lui, montrant du doigt ce qui m'ennuie, suivi d'un mot :

    "Talehe."

    Parce que nous n'avons plus le choix désormais. Cet instant - notre instant - se termine avec l'arrivée des premiers pêcheurs que je ne me permettrais pas de gêner par ma présence. De toute façon il nous faut atteindre Talehe avant la nuit. Je m'extirpe donc de l'eau, enfilant à la va vite mon bas, davantage par soucis de décence que par pudeur, tendant au moine ses affaires pour qu'il puisse enfiler ce qu'il souhaite avant l'arrivée de l'homme qui se rapproche dangereusement.


    Eiranos Mnyson
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    Petit détouravec Octans
    Une interruption aussi brusque et inattendue aurait pu briser complètement l’ambiance, sa solennité à la fois gauche et empruntée ; être le retour à la raison après un instant d’abandon. Elle le fut, un peu. Mais la façon dont Octans s’accrocha à Eiranos quand il le tira hors de l’eau prouva que si l’instant était passé, ils n’étaient pas pour autant revenus au point de départ. Un cap avait été franchi et il n’y avait pas de retour en arrière possible. Eiranos était heureux et soulagé. Il était fixé quant à ce que ressentait Octans. Restait à découvrir ce que l’avenir leur réservait mais il avait toute confiance en Dieu pour lui donner la force de faire face à tout ce qui se présenterait à lui.

    Pour le moment, il ne voyait que son avenir immédiat, les quelques minutes à venir, et elles étaient radieuses. Le regard tendre d’Octans, qui semblait avoir absorbé son rire, lui faisait oublier tout ce qui les entourait et Eiranos s’y plongea avec un sourire un peu niais. Il croyait que ses iris étaient noirs mais à y regarder de plus près, ce n’était pas tout à fait vrai. Ils étaient plutôt bruns très sombres, ou peut-être bleus, il n’arrivait pas à savoir. Ça dépendait peut-être de la lumière, ou alors c’était le reflet de l’eau…

    Il ferma les paupières, quand le nomade déposa un baiser sur son front, à la fois pour mieux goûter le rapprochement de leurs corps et la chaleur de ses lèvres et pour avoir la surprise de ce qui se passerait après. Mais rien ne se passa ; rien de plus, du moins. Il n’en fut pas déçu. Jamais auparavant il n’avait ainsi pris le temps de profiter de la simple compagnie de l’autre. À Muvaï, la présence constante et menaçante des moines représentait un obstacle. Il fallait aller à l’essentiel, saisir le plaisir quand l’occasion se présentait. Peut-être par inexpérience et naïveté, Eiranos n’avait jamais pensé que des gestes aussi anodins puissent le combler ainsi. Des poursuites espiègles, des contacts délibérés mais furtifs, des baisers volés, cela valait presque des caresses plus appuyées. Surtout après toutes ces interrogations et ces frayeurs : son cœur avait déjà été mis à assez rude épreuve, il valait sans doute mieux terminer la journée de façon plus apaisante.

    Leurs jeux continuèrent ainsi jusqu’à ce qu’Octans y mette fin. Il nagea vers Eiranos, l’air attristé, montrant du doigt le chemin par lequel ils étaient arrivés.

    - Talehe.

    Il devait parler de l’origine de l’homme qui venait vers eux, supposa l’ecclésiastique. Il avait presque oublié qu’ils n’étaient pas seuls au monde, que ce lieu était accessible à d’autres, alors voir ce pêcheur venir vers eux le surprit, dans un premier temps ; puis le déçut. Le voilà, le véritable retour à la réalité. Il fallait bien qu’il arrive à un moment, et celui-ci n’était pas le plus mauvais, après tout. Ses questions avaient trouvé une réponse, ses doutes étaient dissipés, il pouvait passer à autre chose. S’il s’écoula un instant entre la sortie de l’eau d’Octans et celle d’Eiranos, ce fut uniquement parce que le moine voulut lambiner un peu dans la fraicheur de l'océan. Mais il finit par émerger à son tour.

    Il attrapa sa chemise qu’Octans lui tendait avec un mot de remerciement et s’en servit pour s’essuyer, avant de prendre et d’enfiler sa soutane, le tout en fixant du coin de l’œil le Naidien qui descendait vers eux. Il avait voulu se convaincre que cette arrivée n’était pas si terrible mais trahissait une certaine colère envers cet importun. Il lui fallut quelques secondes pour se rendre compte que les muscles de son visage étaient crispés, et un effort pour corriger cela. Il se tourna alors vers Octans, forçant un sourire, et fit un signe de tête en direction de leurs chevaux.

    - Allons-y. Nahi Talehe.

    L’homme était arrivé sur la grève, à présent. Il se dirigeait vers des bassins moins profonds que celui dans lequel ils s’étaient baignés mais rendait au moine ses regards obliques. Il ne devait pas être habitué à voir des étrangers, surtout en ce lieu un peu à l’écart de la route : tant pis pour lui. Ils étaient là, ils n’allaient pas s’excuser. Eiranos le salua poliment, d’un signe de tête appuyé, avant de s’en aller.

    Une fois sur le dos de Marchevent, il jeta pourtant un dernier regard à l’étendue d’eau fraîche derrière lui. Elle avait rapetissé, depuis leur arrivée, happée par la descente de la marée. Le creuset de leur nouvelle relation disparaissait petit à petit. À eux de prolonger ce qui en était né.


    Octans E. Haytham
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    Finalement, pour ne pas importuner de futurs visiteurs et ne pas bouleverser leurs mœurs un peu trop strictes, nos deux corps avaient retrouvé leurs enveloppes de tissus, finissant de briser notre moment, ce petit bout d'intimité que nous avions réussi à construire au creux de cette cascade isolée. Nous avions repris les chevaux, repris la route tout court. Remontant le sentier emprunté juste un peu plus tôt après avoir laissé passer le nouveau venu auquel j'avais envoyé un sourire réservé, dénué d'une quelconque forme d'agressivité ou même de provocation. Il en aurait fallu bien peu pour qu'il se décide à sonner le tocsin. Bien peu pour qu'il voit au sein de mes traits un danger, parce que trop peu nombreux sont ceux qui nous apprécient... Parce que les différents peuples tendent à nous rejeter juste en entendant notre provenance, sans s'imaginer que nous ne sommes pas tous pareils, que je ne suis pas aussi dangereux qu'ils veulent le croire, pas aussi sanguinaire que les rumeurs laissent penser. Mais il nous avait laissé nous en aller sans faire d'histoires après un rapide coup d'œil durant lequel il avait simplement du estimer que nous n'étions pas un danger pour lui, ou pour les autres qui allaient arriver pour pêcher, et nous avions continué de grimper, les chevaux s'arquant pour nous porter jusqu'en haut. Ils soufflent un peu lorsqu'on arrive mais la pause au lac leur a fait du bien. Orias gambade gaiement, le pas léger et la tête haute, lâchant quelques hennissements plein d'allégresse.

    Je ris, tout aussi tranquille que lui. Je ris avec cet éclat non contenu, tournant la tête vers le moine comme pour lui communiquer ma passion, ma folie. La joie qui me hante comme un spectre depuis qu'il nous accompagne.

    Je n'aurais jamais cru que ça me donnerait autant de bonheur, de me retrouver accompagné mais Eiranos n'est pas un simple compagnon de voyage, non, il devient peu à peu un ami – peut-être plus ? –, même si la langue nous sépare encore. Nous n'avons pourtant pas passé beaucoup de temps ensemble. Mais chaque seconde est plaisante. Reposante, et même un peu rassurante. Grâce à lui je m'autorise à penser un peu moins à mon désert, grâce à lui je me sens moins malade, moins allergique à ces terres qui ne sont pas les miennes, à ce climat qui ne me convient pas. A cause de lui je me sens sûrement un peu moins nomade, un peu moins solitaire du moins, mais peu importe. Sa présence me convient même si je continue d'ignorer jusqu'à quel point notre relation va pouvoir évoluer, se transformer. Jusqu'où tout ça va aller. Mais je m'en moque tant que ça me colle le sourire tous les jours, tant que je me réveille avec le bonheur planté dans la tête. Tant que je peux rire, rire pour rien comme à l'instant et me sentir léger, léger comme les oiseaux sur le ciel bleu. Joyeux comme le pas d'Orias.

    Alors oui je m'en moque, ça me porte.

    Ça m'emmène jusqu'aux portes de la ville, jusqu'à Talehe, jusqu'aux habitants qui nous observent avec curiosité, nous le nomade et le moine. Je dissipe la méfiance d'une femme d'un sourire, l'inquiétude d'un homme par un hochement de tête. Un enfant tend les doigts vers Orias qui, tranquille, tourne la tête vers lui, effleurant la peau du bout de son souffle, de ses naseaux de velours. Juste le temps d'une seconde puis il reprend son chemin, mais au moins il lui a donné le sourire, au gamin. Lorsqu'il s'arrête de nouveau, c'est devant une auberge et sous ma demande, un endroit qui a l'air cosy, du moins moins sordide que peuvent l'être certains. Je jette un regard interrogateur au moine en descendant de l'étalon, lui indiquant d'un signe de menton le bâtiment


    Eiranos Mnyson
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    Ven 22 Sep - 20:29

    Les pérégrinations d'Octans et Eiranos les ont maintenant menés ici !


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