Voyageur, de son vrai nom Kalios Olaboe Milaikian, est le fils d’un couple de marchands ivrians installés à Tadala. Il a passé une enfance sans histoires dans les rues du marché, au milieu des enfants nakhta. À seize ans, il quitte l’enceinte sécurisante de la cité pour parcourir Noren et trouver l’ulwazi.

Imprégné de la culture locale, il a en effet particulièrement intégré le concept d’ulwazi et a beaucoup réfléchi à ce propos. Sa conclusion : pour apprendre du monde, il faut s’en détacher. Prendre de la distance permet de contempler les choses dans leur ensemble tandis qu’en les prenant trop à cœur, on ne peut les voir qu’à travers un filtre subjectif. Il a aussi réalisé que les conventions, sociales notamment, selon lesquelles vivent les Hommes n’ont aucun fondement naturel et donc absolu mais n’existent que de façon artificielle. D’elles aussi, donc, il faut s’extraire afin de pouvoir les voir pour ce qu’elles sont : des carcans.
Kalios s’est donc efforcé de rejeter tout ce qui risquait de limiter son objectivité. Il a adopté successivement, selon ses envies et la situation, les us et coutumes de chaque peuple de Noren. Il a même cessé d’utiliser son nom, ne se présentant plus que sous le titre de « Voyageur » dans la langue de son interlocuteur. Au niveau relationnel, sa notion de la politesse est ni plus ni moins que « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse ». Il ne se sent pas obligé d’entretenir les relations qu’il a pu nouer mais le fait sans hésiter quand il en ressent l’envie. Ainsi, il échange régulièrement des lettres avec Adelmiro Ybaria, qu'il a rencontré lors d'un passage au monastère Quenda. Les deux hommes aiment surtout parler de leur vision des hommes et de comment les gouverner mais Voyageur aide aussi Adelmiro à se tenir au courant de se qui se passe à travers Noren.

Pour résumer, Voyageur se ballade dans le monde comme un spectateur : il retient ce qui l'intéresse, oublie ce qu'il ne veut pas voir, agit uniquement selon ses envies mais en tout cas ne se laisse jamais, jamais toucher par ce qu'il voit. C'est vraiment possible, ça ?