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    Reine Lilz
    Reine Lilz
    Messages : 3
    Date d'inscription : 29/02/2016

    Mon personnage
    Réputation: Reine Traîtresse
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    Jeu 15 Sep - 22:33

    De nouveau, j’arrive en retard au conseil. Deuxième fois en un mois, il ne faut surtout pas que ça devienne une habitude. Mais j’ai une bonne excuse.

    Avant de m’asseoir, je reste un instant debout derrière mon siège, les mains sur son dossier. J’observe l’impressionnante tablée rassemblée devant moi. Quand j’étais enfant, ces vieux messieurs austères me terrifiaient. À présent, mon âge et mon statut me donnent un peu d’assurance, mais leurs visages ne sont pas plus amicaux. La jeunesse d’Adelmiro et le sourire dont ne se défait jamais Feistiu ne suffisent pas à adoucir la gravité de cette réunion.

    Au-delà de la table, une petite foule d’aristocrates est sagement assise. L’annonce de cette réunion exceptionnelle et publique a attiré du monde.

    Enfin, je prends la parole. Pour marquer la solennité de ce que j’ai à dire, je reste debout.

    - Je ne vais pas y aller par quatre chemins : l’empereur Aeron est en train de lever des troupes. Il n’a encore rien annoncé officiellement, mais nos espions sont formels. Une colonne de cinq cents hommes est en train de se préparer.

    Je laisse s’écouler quelques secondes, le temps que mes auditeurs digèrent la nouvelle et que leurs chuchotements frénétiques disparaissent.

    - Officiellement, Aeron a fait dire qu’ils vont seulement aller enquêter sur un évènement étrange survenu dans le Sud de l’Empire, mais cela me semble difficile à croire. Une colonne entière, c’est une force impressionnante pour se renseigner sur de vagues rumeurs. Et en même temps, c’est bien trop peu pour reprendre la Guerre sans fin. Le plus probable est donc qu’elle est destinée à mater les rebelles de Talehe. Si c’est le cas, les accords entre nos pays stipulent qu’Aeron devrait passer par les voies officielles pour nous demander l’autorisation d’entrer sur notre territoire, mais nos relations étant ce qu’elles sont, nous ne pouvons pas être certains qu’il suivra le protocole. Je ne saurai donc trop vous conseiller la prudence. Je sais que certains d’entre vous désirent se rendre au monastère Quenda pour la fête du Salut. Cela me semble dangereux. Les rebelles se sont fait oublier ces derniers temps mais le requin vautour n’est jamais aussi dangereux que quand il se sent attaqué.

    « Il nous faut maintenant décider de la marche à suivre. Devons-nous envoyer des gardes rejoindre leurs soldats ? Ce peut être une chance de les laisser endosser le mauvais rôle, ou de faire preuve de fermeté. Je veux entendre vos arguments.

    Je m’assois, pose mes avant-bras sur la table et regarde tour à tour chacun de mes ministres. Après des semaines d’immobilisme et de silence rassurants, les choses sérieuses reprennent.

    Event #1.


    Adelmiro Ybaria
    Adelmiro Ybaria
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    Ven 16 Sep - 13:49


    Adelmiro savait que quelque chose d’important se tramait : Lilz n’était pas du genre à convoquer un conseil des ministres pour une broutilles et si en plus elle décidait qu’il devait se tenir en public, c’était forcément qu’il concernait la sécurité des citoyens. Il ne pouvait pas s’agir d’évènement survenus à Taytambo, Teobalde l’aurait mis au courant. Mais alors, où ?

    Il s’assit sagement à la place qui lui revenait, à droite du premier ministre, qui se trouvait lui-même au plus près de la reine. En tournant légèrement la tête, il pouvait voir la salle du trône se remplir, et pas uniquement des hauts aristocrates qui assistaient d’habitude à ce genre de séances : un nombre important de bourgeois endimanchés restaient timidement debout près des portes.

    Enfin, la reine arriva. Son air sombre conforta les suppositions d’Adelmiro. Elle resta même debout pour parler, mais ce qu’elle avait à dire justifiait cette gravité. Le jeune ministre fit de son mieux pour rester stoïque mais une telle nouvelle, et peut-être encore plus le conseil de ne pas se rendre au Quenda, mirent ses nerfs en ébullition.

    Une fois que la reine se fut assise, il laissa s’écouler quelques secondes puis se leva à son tour. Il se sentait le premier concerné par cette annonce, sur les plans à la fois professionnels et personnels et en conséquence, il lui paraissait logique qu’il soit le premier à réagir.

    - Majesté, mes estimés collègues, citoyens de la rive gauche, dit-il gravement en se tournant tour à tour vers les trois assistances. Je me permets de vous faire part de mon avis, en tant que ministre de tutelle dans cette affaire. Cette intervention spontanée de l’Empire serait bien sûr une chance inespérée pour nous. Cependant, laissez-moi vous dire que nous ne pouvons pas laisser les soldats de l’Empire intervenir seuls dans notre regrettée capitale.

    Un murmure se fit entendre dans l’assistance, presque aussi indigné que celui qui avait répondu à l’annonce elle-même. Depuis le déménagement en catastrophe, il était de bon ton de considérer Talehe comme la nouvelle capitale et de reléguer Taytambo au rang de turbulente ville de province.

    - Certes, cela leur donnerait le mauvais rôle, continua-t-il comme si de rien n’était. Mais quel rôle aurions-nous ? Un seul : celui du valet peureux qui se cache derrière la puissance de son maître, asséna-t-il fermement, faisant référence à une figure classique des comédies naidiennes. Les soldats de l’Empire sont très certainement assez puissants pour bouter les rebelles hors de la Colline aux fleurs, voire hors de la ville si ça leur chante, mais croyez-vous que cela réglera le problème qui secoue notre pays en profondeur ? Nous ne ferions que mettre plus en colère encore notre peuple, et risquerions même de faire basculer des citoyens qui jusqu’à présent n’avaient osé prendre parti.

    « Prêter main forte aux Ivrian, ne serait-ce qu’afficher nos gardes à leurs côtés, aurait exactement les mêmes conséquences et n’est pas plus envisageable.

    Il s’interrompit de nouveau, sachant pertinemment que peu de personnes, à ce stade, réussissaient à suivre sa logique. En face de lui, Feistiu Otsoa souriait, comme toujours, mais comme il ne savait même plus pourquoi, cela lui donnait un air terriblement niais. Curieux de voir l’expression de son collègue, Adelmiro regarda son voisin de droite. Hibraïm N’raëm fronçait ses épais sourcils, luttant pour essayer de comprendre où voulait en venir ce gringalet prétentieux.

    Satisfait de son effet, Adelmiro attendit les réactions.


    Anonymous
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    Dim 18 Sep - 23:40

    Trishna attendait avec impatience le début de la séance. L’air frais envoyé par l’éventail qu’elle agitait fébrilement ne réussissait pas à détendre ses nerfs. Les séances ouvertes au public étaient peu courantes. Quelque chose d’important était en train de se passer, et au vu des récents événements, la reine Lilz ne pouvait que leur apporter une mauvaise nouvelle. Son air sombre en entrant dans la salle confirma ses craintes.

    L’intendante se figea durant le discours qui suivit, lâcha même un « oh » horrifié alors que ses concitoyens s’agitaient frénétiquement autour d’elle. Elle tâcha de dissimuler prestement cette réaction honteuse derrière son éventail, tandis que le calme revenait. La reine Lilz continua ; Trishna la regarda pour la première fois depuis le début de la séance. Elle ne l’avait pas vu depuis des semaines, pas depuis son infâme déclaration à Taytambo, et la vision de sa souveraine provoqua un déclic chez l’intendance. La haine qu’elle entretenait pour Lilz depuis la révolte l’abandonna d’un coup, soufflée par cette silhouette blanche, si digne et si grave.

    « Lilz devient une vraie reine. »

    La réalisation tomba soudainement, et une fierté nouvelle, parsemée d’inquiétude, l’enveloppa comme une couverture moelleuse. Mais elle céda vite sa place à une colère sourde, dirigée contre l’empire ivrian. Leur véritable ennemi, celui qui freinait leur développement, qui voulait leur imposer ses coutumes barbares, qui obligeait Lilz à courber l’échine, qui les contraignaient tous à ramper à genoux. Quelle nation seraient-ils à l’heure actuelle sans cette domination insupportable ? Elle accentua rageusement les battements de son éventail. Sentant le regard curieux de sa voisine, elle la rassura d’un sourire forcé.

    Adelmiro prit la parole. Trishna le fixa, ce Naidien aux traits graciles, ce ministre implacable, tandis qu’il saluait l'assitance. Elle se surprit brièvement à placer tous ses espoirs en lui, à espérer une solution miracle, un retournement de situation salutaire, comme on pouvait en trouver dans la littérature. N’avait-il pas suffisamment prouvé son ingéniosité et ses ressources ?

    Il ne répondit pas tout-à-fait à ses attentes. Surprise par la tournure qu’avait pris son discours, elle réfléchit à toute vitesse, les sourcils froncés. Elle tenta de comprendre, sous la fraîcheur de son éventail, ce qu’il insinuait. Elle ne voyait que deux alternatives possibles aux solutions déjà proposées et écartées par le ministre. Se pourrait-il... ? Le ministre affichait clairement des penchants indépendantistes. Cela ne confirmait que ce qu’elle avait pressenti durant leurs précédentes entrevues, ce que présageaient déjà les bruits de cour, mais elle ne pensait pas qu’un membre du gouvernement, surtout un ministre aussi haut placé, pouvait afficher aussi librement de telles opinions.

    Les battements de l’éventail s’accentuèrent davantage. Adelmiro avait terminé, et personne ne semblait décidé à prendre la parole, pas même les autres ministres, et encore moins la reine Lilz, qui, droite comme un statue, attendait les réactions de son peuple. Trishna inspira profondément. Ils se trouvaient à un tournant de leur histoire, elle le pressentait. Elle effleura un porte-bonheur accroché à sa taille et dissimulé dans les plis de sa jupe bleu, pour se donner du courage. Devait-elle s’exprimer ? Prendre la parole serait prendre parti, elle en était consciente. Elle risquait de tout perdre durant cette intervention, sa crédibilité et sa position à la cour. Mais le grand Dieu de l’est lui pardonnerait-il cette immobilité, ce silence destiné à conserver un futile confort alors que quelque chose de plus grand se tramait ? Elle-même ne le pourrait pas. Elle ferma d’un petit claquement sec son éventail, l’abandonna sur son siège.

    Elle était une Maänadil, la maîtresse du Palais Bleu, elle pouvait endurer une petite prise de parole en public.

    Trishna se recoiffa promptement, réajusta son corsage, lissa ses jupes malmenées. Puis, dans un mouvement gracieux, elle se leva. Les regards convergèrent aussitôt vers elle, silhouette fine et insignifiante dans cette réunion publique. Elle sentit un instant sa confiance vaciller, avant de se réaffirmer derrière un masque avenant et tranquille.

    - Ma Reine.

    Elle s’inclina dans une profonde révérence pour Lilz, avant de se relever et d’enchaîner d’une voix mesurée, ignorant les chuchotements de plus en plus indiscrets que suscitait son intervention.

    - Membres du gouvernement, chers concitoyens, Trishna de la maison Maänadil vous salue. Si ma reine ou un des ministres ne souhaite prendre la parole, alors je la requiers.

    Lilz lui fit signe d’enchaîner, alors elle continua d’une voix plus forte, afin que tous puissent l’entendre.

    - Monsieur Ybaria, bien que je comprenne votre raisonnement, j’ai du mal à en percevoir la conclusion. Comme vous l’avez souligné, laisser l’Empire intervenir dans nos terres n’est pas envisageable. Les rebelles seraient matés un temps, certes, et après ?

    Elle fit un geste d’impuissance, les traits figés dans une expression sévère. Les langues profitèrent de cette brève interruption pour se délier à nouveau, et les chuchotements traversèrent la salle comme un grondement. Quand elle recommença, toutefois, les bruits cessèrent.

    - Les Ivrians n’hésiteront pas à faire couler du sang, beaucoup de sang, pour calmer la révolte. Et ce sang qui trempera les pavés de Taytambo, s’insinuera sous les pavés de la ville et souillera la terre à jamais, ce sang sera naidien. Son ouvrage terminé, la colonne s’en retournera chez elle en ayant essuyé que peu de pertes, et la colline aux fleurs sera jonchée de cadavre. Les survivants feront passer le mot pour que ce massacre ne s’oublie pas. Dès qu’ils pourront, leurs successeurs frapperont. Nous sombrerons à terme dans la guerre civile, à défaut de l’océan.

    Elle effleura son talisman une nouvelle fois, afin que son Dieu lui pardonne l’évocation de ce malheur. La salle s’agita, mal-à-l’aise.

    - Je ne vois que deux alternatives à cette catastrophe. La première serait de s’opposer, d’une manière ou d’une autre, à l’intervention ivriane.

    Le ministre chargé des relations avec l’empire Ivrian pâlit d’un coup. Trishna s’en serait sans doute amusée si la situation n’avait pas été aussi grave.

    - Comme le savons tous, ce n’est pas envisageable. Nos rapports avec l’Empire seraient détériorés, et la situation ne serait pas réglée.

    Elle prit une grande inspiration.

    - La seconde serait de leur couper l’herbe sous le pied et d'agir nous-même. Il ne faudrait pas seulement une intervention armée, non. Notre peuple a besoin d’être ramené à la raison, de se souvenir que sa seule et légitime souveraine est notre bien-aimée Lilz. Il faut lui rappeler que nous œuvrons tous à la grandeur de notre nation, que se déchirer n’a aucun sens. J’insiste, mais quel Dieu n’aurait pas honte de nous aujourd’hui ?

    Elle s’interrompit brièvement, la gorge sèche, avant de continuer.

    - Je suis consciente qu’une intervention militaire est inévitable. Mais à quel point ? Où en sont les pourparlers ? Les rebelles n’ont-ils émis aucune revendication ? Ne pouvons-nous donc trouver autre résolution à ce conflit qu’une honteux bain de sang ?

    Elle planta son regard dans celui du ministre de la paix, droite et digne dans sa robe aux joyeux froufrous pastel, contrastant étrangement avec son air grave.

    - Allez-vous en ce sens, monsieur ? Entrevoyez-vous le moyen de mettre fin à cette situation de manière honorable ?


    Adelmiro Ybaria
    Adelmiro Ybaria
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    Lun 19 Sep - 20:41

    Adelmiro était sur le point de reprendre son discours quand il perçut un mouvement sur sa droite, parmi le public. Tournant la tête, il aperçut Trishna se lever, à la fois gracieuse et tendue comme pour dissimuler ses tremblements. Elle prit la parole avant qu’il ait pu se remettre de sa surprise. Il avait voulu la jouer trop théâtral, il avait attendu une seconde de trop, tant pis pour lui. Il aurait pu l’interrompre sans paraître impoli quand elle requit la parole, il n’en fit rien. Il se rassit donc pour écouter ce qu’elle avait à dire.

    Il ne fut pas déçu. Son raisonnement se tenait parfaitement, et allait tout à fait le sens de ses propres propos. Si son discours manquait des fioritures et figures de styles prisées par les orateurs entraînés, elle avait une présence qui imposait le silence et permettait à ses mots de pénétrer directement l’esprit de son auditoire. Il ne put détourner le regard de son visage grave que quand elle évoqua la possibilité de l’immersion de son pays. Là, il ferma les yeux et baissa la tête pour chuchoter une formule de protection, tout en portant la main à son pendentif renfermant des cristaux de sel.

    Il fut brusquement tiré de sa courte prière par les phrases suivantes de Trishna. Heureusement, elle savait bien que sa proposition était inimaginable. La seconde option envisagée, elle, était tout à fait sensée. Malheureusement, quand elle lui demanda son avis, il ne pouvait répondre qu’une seule chose. Il soupira et se releva lentement, comme réticent à faire ce qu’il devait faire.

    - Merci, dame Maänadil, pour cette intervention courageuse et pleine de bon sens, répondit-il honnêtement. Je suis cependant au regret de devoir vous apporter de mauvaises nouvelles. Les pourparlers n’en sont nulle part puisqu’ils n’ont jamais débuté. Aucun meneur crédible ne s’est élevé parmi eux pour tenter de négocier. Nous n’avons donc, à ce jour, aucun moyen de sortir de ce conflit par la voie diplomatique.

    « Quant à la voie militaire, elle est, elle aussi, impossible. Si j’envoyais mes hommes de la garde évacuer par la force la Colline aux fleurs, ils déserteraient. Près d’un tiers d’entre eux est déjà resté à Taytambo, pour se joindre à la rébellion ou du moins afficher clairement leur soutien. Les autres ne nous ont suivis que par loyauté et amour envers notre reine, mais même cet amour a des limites. Leur ordonner d’aller s’en prendre à leurs concitoyens, possiblement à leur famille et amis, serait l’ordre de trop.

    Un nouveau brouhaha s’éleva, y compris parmi les ministres attablés, comme si cette nouvelle était totalement inattendue. Adelmiro retint un soupir. Ces nobles étaient-ils si imbus d’eux-mêmes et de leur statut qu’ils en oubliaient que le personnel à leur service était fait d’hommes et de femmes ? Qu’ils n’étaient pas des chiens qu’on dresse et qui obéissent sans ciller à notre moindre demande ? Il secoua la tête et reprit :

    - À mes yeux, il ne nous reste qu’une seule option. Une seule issue honorable, qui nous permettrait à la fois de ne pas nous opposer à l’Empire et de ne pas agrandir le fossé entre notre peuple et nous : ne surtout pas entraver l’action des soldats impériaux mais nous assurer que l’évacuation de nos villas et de notre quartier se déroule sans effusion de sang.

    Il entendit un ricanement à sa droite.

    - Vous devez vous dire que je ne me suis jamais montré aussi tendre, continua-t-il en se tournant un instant vers Hibraïm N’raëm. Sans doute pas. Mais ne vous inquiétez pas, je n’ai pas l’intention d’en faire une habitude.

    Nouveaux ricanements, et même quelques rires assez francs. Bien qu’il les ait sciemment provoqués, Adelmiro se renfrogna immédiatement et prit un air plus dur que jamais. D’assurée, sa voix devint tonnante.

    - Seulement, nous ne devons pas oublier une chose : avant d’être des vassaux de l’Empire, nous sommes le gouvernement d’un pays. D’hommes et de femmes qui certes se sont opposés à nous, mais qui restent malgré tout notre peuple.

    Il ponctua ces derniers mots de deux coups de poings sur la table.

    - Nous ne pouvons tuer notre peuple, ni laisser qui que ce soit d’autre le tuer. Dame Maänadil l’a très bien dit : si du sang naidien venait à couler à Taytambo, la moindre goutte formerait un fleuve infranchissable entre nos citoyens et nous. Un gouvernement n’existe pas sans peuple, une reine sans sujets n’est qu’une femme affublée d’une couronne. Vous valez mieux que cela, Majesté. Vous…

    Il s’interrompit soudain, comme frappé par la foudre. Une question venait d’apparaître dans son esprit, une question tellement évidente qu’il serra les dents pour ne pas jurer, fâché contre lui-même de ne pas y avoir pensé avant. Une question pourtant capitale. Et dont il n’avait pas encore la réponse.


    Anonymous
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    Ven 23 Sep - 14:57


    Fi était assise sur un des banc du premier rang et avait donc une très bonne vision de ce qui se passait dans la salle du trône ce jour là. Les ministres étaient agités pour la plupart, ou du moins pas tranquille. Ils se dandinaient sur leur chaises, patientaient comme il le pouvaient. Elle, se contentait d'agiter tranquillement son éventail, une pièce unique dont le tissus couvert de roses s'entremêlant était terminé par une fine bande de dentelle noire dessinant des pétales, attendant de savoir ce qui avait poussé leur reine à les convoquer ainsi. Il demeurait rare qu'une séance soit tenue en public, cela n'annonçait rien de bon. Lilz entra enfin dans la salle, après avoir fait attendre l'assemblée, elle demeura debout, derrière son siège, et la fixa d'un regard assuré. La jeune femme à la chevelure de feu la jaugea sans se cacher, écouta ce qu'elle avait à dire sans sourciller. Mais à mesure que la voix de la souveraine formait mots, puis phrase, ses yeux s'agrandissaient. La lave qui y siégeait se liquéfia, déferlant dans ses veines, la chaleur l'envahit, brûlant chaque parcelle de son corps jusqu'à ce que son rythme cardiaque s’accélère. Il n'y paraissait pourtant rien, le rythme des battements de l'éventails n'avait rien perdu de leur régularité fainéante et son visage aux traits doux continuait d'afficher un sourire crispé de circonstance. La salle était emplis de murmures d'indignations, et les quelques paroles qui parvenaient aux oreilles de la Naidienne n'avait rien de rassurantes. Loin de là même.

    Alors que tout le monde se demandait déjà si ce groupe de soldats de l'Empire descendait vraiment vers Taytambo afin de mettre fin à la rébellion, l'esprit de la rousse était dirigés vers le doute qui la saisissait, l'envahissait brusquement. La demoiselle se demandait plutôt s'il n'y avait pas réellement quelque chose dans le Sud. Après tout, que gagneraient les Ivrians à se mêler de cette affaire alors que leur Reine avait déjà refusé une aide extérieure ? Tout cela sans même signaler des soldats se rendant sur les terres Naidiennes, ou demander l'autorisation d'intervenir à Lilz ? Cette provocation aurait de lourdes conséquences, l'empereur ne devait pas être suffisamment inconscient pour provoquer de lui même le soulèvement d'un territoire annexé. Du coin de l’œil, Filyana guetta l'intervention d'Adelmiro. Il était comme à son habitude, ni plus ni moins qu'un politique, qu’apparences et longues phrases pour amener la populace jusque là où il venait en venir. Toutefois, son raisonnement était juste et la jeune femme darda sur lui son attention, en attendant qu'il dévoile le fin mot de son petit discours. Puis un mouvement de foule sur sa droite l'intrigua et elle tourna la tête pour voir de quoi il s'agissait. Trishna Maänadil, vêtue de bleu, venait de sortir du rang, la tête bien droite et sans baisser le regard, elle s'adressa à l'ensemble des personnes présentes. Lilz l'autorisa à s'exprimer et la belle femme appuya sur le fait que laisser les Ivrians agir dans l'ancienne capitale causerait immanquablement des pertes. Et celles-ci étaient inacceptables, elles renforceraient les impressions des Naidiens sur la faiblesse de leur Reine face à l'Empire, c’était inconcevable. 

    Adelmiro répondit à la sollicitation de la dame bleue sans tarder, donnant son avis sur les sujets qu'avait soulevé Trishna en y apposant son avis et leurs alternatives. Filyana approuvait tout ce qu'elle attendait, mais quelque chose la dérangeait vraiment dans leur discussion. Aucune personne ne s’était imposée pour dire qu'il s'agissait peut être réellement d'une enquête sur un lieu ou un rapport suspect d'un de leur éclaireur. La demoiselle savait que le gouvernement avait un mauvais à priori de sa personne, mais il fallait bien que quelqu'un face valoir cette option. Fi referma son éventail dans un claquement qui lui valu un regards de travers de ses voisins les plus proche et se leva, ne craignant absolument pas le regards des personnes présentes. Excepté peut être son père qui ne manquerait pas de la punir sévèrement si elle tournait leur famille en ridicule en ce genre d'occasion. Après la robe pastelle de l'intendante, son caftan d'un blanc immaculé cousu de fleur dorée et rouge autour des manches et au bas de la veste, paraissait plus mesuré. La chevelure flamboyante de la jeune femme suffisait toutefois à combler le manque de couleur de la tenue. De nombreuses personnes à la table principale froncèrent les sourcils, dont Hibraïm qui lui lança un regard d'avertissement. Loin de la décourager, cela lui fit gagner en assurance et tout comme Trishna, elle demanda et obtint le droit de s'exprimer. Se concentrant pour obtenir une élocution claire et sans tremblement, ce qui lui semblait important compte tenue des circonstances, la Naidienne se lança :

    " Je conçois que vous pensiez en premier aux habitants restés à Taytambo, mais ... et si ce qu'avait dit l'empereur Aeron était juste et qu'il s'agissait vraiment d'une investigation concernant un incident qu'aurait rapporté un éclaireur et qui nécessiterait suffisamment de précautions pour envoyer autant d'hommes ? Dans ce cas nous serions entrain de parler de mesures qui n'ont pas lieu d'être alors que le véritable problème serait de savoir ce qui inquiète tant l'Empire."

    La demoiselle laissa ses paroles s'imprimer dans l'esprit des personnes présentes, constatant par le doute transparaissant sur leur visages qu'elle avait fait mouche. Loin d'afficher de la satisfaction, elle calcula rapidement le temps de voyage et reprit :

    " Si ces soldats Ivrians n'ont pas encore quitté Hinide, cela nous laisse de l'avance. En envoyant nos meilleurs cavaliers sur nos chevaux les plus rapides nous pourrions faire la lumière sur ce qu'il se passe réellement. Envoyons des éclaireurs vers la frontière la plus au Sud de l'empire, et prenons tout de même les devants s'il s'agit réellement d'un convois destiné à forcer la situation à Taytambo, ainsi nous ne serons pas lésé. Le temps joue en notre faveur, il faudra plus de sept jours de voyages aux soldats pour parvenir jusqu'à notre regrettée capitale quand il n'en faut que trois à nos hommes. Nous sommes également plus proche de la zone qui semble intéresser l'Empereur Aeron. S'il est réellement survenu quelque chose alors les villages les plus proches et les caravanes marchandes en auront entendus parler et il sera aisé de savoir si un événement étrange est réellement survenu dernièrement."

    La rousse se tue, demeurant debout en attendant les impressions des dirigeant, son regard dévia légèrement vers son père qui restait impassible, réfléchissant à ce qu'elle venait de présenter, puis vers Adelmiro. Que penserait il de tout cela ? La rabaisserait il comme il aimait tant à le faire ? Ou prendrait il sa parole en compte ? Après tout, la situation telle qu'elle l'avait présenté était une possibilité tout à fait probable, rien qu'on ne puisse rejeter de but en blanc. Filyana serra ses mains l'une contre l'autre pour apaiser les battements de son cœur et conserver son masque d'impassibilité.


    Reine Lilz
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    Mer 5 Oct - 22:45

    Mes mains se sont à peine posées sur la table, la gauche serrant fermement de mon poing droit, que je sais déjà comment va se dérouler la suite. Adelmiro va prendre la parole en premier, puisque cette affaire concerne ses prérogatives ; de plus, contrairement à bien d’autres qui regardent ailleurs en espérant qu’on ne leur demandera pas leur avis, il aura le courage de s’exprimer. Il va me conseiller de rester en retrait. Je demanderai son opinion à Jioele, puisque cela concernait aussi les relations avec l’Empire, mais n’écouterai sa réponse qu’à moitié. Il ressassera ses mêmes conseils de prudence habituels : ne pas interférer avec les plans d’Aeron, lui envoyer un message stipulant que nous tenions nos ressources à sa disposition (puisque de toute façon il ne s’abaissera pas à les demander), bref, toutes ces petites humiliations que lui appelle « diplomatie ». J’essaierai peut-être de lancer un peu le débat, plus pour la forme qu’autre chose, puis nous déciderons de ne rien faire. Comme toujours.

    Je suis tellement résignée, persuadée que ça ne pourrait pas se passer autrement, que j’écoute à peine Adelmiro. Quand je réalise qu’il est en train de dire l’exact contraire de ce que j’attendais de lui, je sursaute et lève vers lui des yeux écarquillés. Il veut que nous envoyions nos gardes à Taytambo ? Non, non plus… Alors quoi ?

    Pourquoi doit-il faire ça ? Pourquoi ne peut-il pas se contenter de la simplicité ? Ce serait tellement plus rassurant de faire ce que l’Empire attend de nous ! Une partie de moi, peut-être la plus lâche, ne veut pas entendre ce qu’il a à dire. Aussi, quand Trishna Maänadil profite du silence qu’Adelmiro ménage pour demander la parole, je la lui donne presque avec soulagement. Elle va lui faire entendre raison. C’est une femme raisonnable, tout le monde le dit…

    Et pourtant non. Elle est d’accord avec Adelmiro. Elle répète que nous ne pouvons pas laisser l’Empire tuer des Naidiens. Je n’en ai aucune envie, mais quelle alternative avons-nous ? Nous opposer à Aeron ? Dieu merci, elle n’y croit pas sérieusement. Des pourparlers ? À l’entendre, ça paraît si facile… comme si je pouvais me rabaisser à discuter avec des rebelles sans que l’Empire ne tourne ma faiblesse en dérision… De plus, Adelmiro le lui explique bien : c’est impossible. On ne peut pas discuter avec un corps sans tête.  

    Mais l’idée qu’il a, lui, est presque encore plus irréalisable : envoyer nos hommes assurer la sécurité des rebelles. Ne surtout pas entraver l’action des impériaux (il n’ose quand même pas aller jusque-là) mais s’assurer que notre peuple n’est pas malmené. Lorsqu’il frappe, littéralement, du poing sur la table, un tremblement parcourt l’épais plateau de bois puis se prolonge à travers mes bras et tout le long de mon corps. Il n’a pas tort : sans mes sujets je ne suis rien, et pourtant…

    Il s’interrompt brusquement. Il a pensé à quelque chose. Des chuchotements s’élèvent derrière lui mais il ne les entend pas, il réfléchit. Ne pouvant pas attendre indéfiniment qu’il daigne nous faire part de son idée, je préfère mettre fin à ce brouhaha enfiévré en donnant la parole à la fille d’Hibraïm N’raëm. Quel est son nom, déjà ? Philippa ?

    Je pensais être au bout de mes surprise, elle me prouve le contraire. Elle, elle ne croit pas que Taytambo soit en danger ?

    - Merci pour vos conseils, mademoiselle N’raëm, dis-je un peu sèchement. Et merci d’avoir ramené ce débat une heure en arrière. Le premier ministre Zubia et moi-même avons bien sûr envisagé la possibilité qu’Aeron dise la vérité et nous l’avons déjà écartée.

    J’essaie de rester calme et froide, comme il convient à ma fonction, mais c’est difficile. Ce que j’avais prévu ne me plaisait pas, quelques minutes plus tôt, mais j’aime encore moins la tournure que prennent les événements. Je desserre les poings, étire longuement mes doigts ankylosés et pose mes mains à plat sur la table. À deux mètres de moi, Adelmiro est encore debout, les bras tendus appuyés sur la table. Impossible de dire s’il a écouté Philippa, ou même s’il a remarqué qu’elle avait pris la parole.

    - Si vous avez fini, monsieur Ybaria, vous pouvez vous rasseoir, dis-je sans cacher mon irritation. Monsieur Martello, je ne vous entends pas. Cette question vous concerne pourtant, vous aussi. J’ai la vision du ministre de la Paix civile, il manque celle du ministre des Relations avec l’Empire. Et je veux du concret !

    Qu’il ne se contente pas de me conseiller la prudence, cette fois. Si la seule proposition formulée est celle d’Adelmiro et que personne n’ose s’y opposer, qu’est-ce que je fais ?
    Event #1.


    Qui est Jioele ? (et autres précisions)
     


    Adelmiro Ybaria
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    Jeu 6 Oct - 13:58

    À partir de l’instant où elle avait fait irruption dans l’esprit d’Adelmiro, lui tombant dessus avec la lourdeur d’une pierre, la question ne l’avait plus quitté, tournant en rond encore et encore : « Pourquoi… ? Pourquoi… ? Pourquoi… ? »

    En un instant, il passa en revue toutes les raisons qui pourraient pousser l’Empire à intervenir. La simple volonté de ramener le calme chez un vassal ? Lilz était encore plus facile à contrôler privée du soutien de son peuple. Permettre aux impôts de rentrer de nouveau dans les caisses ? La Guerre sans fin étant terminée, cet argent ne leur manquerait pas. Affirmer leur force ? Personne n’en doutait. Alors…

    Une seule conclusion s’imposait. Tandis que Finalya la suggérait timidement, Adelmiro s’en convainquait : la colonne impériale ne venait pas à Taytambo. L’intérêt de cet échange changeait soudain du tout au tout.

    Un sourire malicieux faillit faire irruption sur son visage mais le ton brusque (injustement brusque, jugea Adelmiro) sur lequel la reine répondit à Finalya lui coupa toute envie de se réjouir. Il lança un court regard de travers à Zubia, juste à sa gauche. Aucun doute que c’était lui, avec son égocentrisme et son pessimisme, qui avaient convaincu Lilz que la colonne ne pouvait avoir qu’une destination. Pendant un instant, la fierté d’Adelmiro réclama qu’on lui fasse remarquer son erreur grossière, mais sa raison reprit le dessus. Et puis, il était forcé de reconnaître qu’il avait failli tomber dans les mêmes travers. Il n’allait cependant pas s’excuser et s’écraser pour autant.

    La reine lui demanda de se rasseoir et ordonna à Martello de s’expliquer. Sa nervosité était claire. Adelmiro, la plupart du temps, ménageait la jeune souveraine, et particulièrement quand il la sentait flancher sous le fardeau de sa fonction, mais ce jour-là, il désobéit.

    - Majesté, si vous m’y autorisez, j’aimerais répondre à mademoiselle N’raëm, osa-t-il.

    D’après le regard de Lilz, elle n’avait pas bien envie d’entendre ce qu’il avait à dire mais il ne lui laissa pas le temps de protester. Il se redressa et se tourna vers l’assistance.

    - Mademoiselle, vous avez bien fait de nous rappeler que la vie de Noren ne tourne pas autour de nous, dit-il en inclinant légèrement la tête. Cependant, dans cette situation, nous ne pouvons pas nous permettre de douter.

    Il mit un peu plus de tristesse dans son regard.

    - Le plus rapide serait d’attendre de voir si les soldats se présentent à notre frontière Nord. Cette nouvelle datant d’il y a au moins deux jours, la colonne est probablement déjà en chemin et devrait entrer sur notre territoire d’ici quatre jours maximum. Peut-être n’en feront-ils rien, et dans ce cas-là leur véritable but n’est pas notre affaire.

    Il asséna fermement cette affirmation, fixant Filyana dans les yeux, comme un père devant contenir l’enthousiasme de sa fille. En réalité, il espérait lui faire comprendre qu’ils ne devaient pas se disperser. La rébellion de Taytambo, l’évènement qui semblait les intéresser tous les deux, se jouait avant tout entre le peuple et le gouvernement.

    - Mais si, effectivement, ils pénètrent dans le royaume, il sera alors trop tard pour reprendre cette discussion et savoir ce que nous faisons, conclut-il plus calmement, avant de se tourner vers la reine. Majesté, vous avez compris ma position. Nous avons là une chance d’envoyer un message fort à votre people, de combler un peu du fossé qui se creuse entre vous. À moins, bien sûr, que monsieur Martello juge que ce n'est pas prudent.

    Alors qu’il lançait à Jioele un regard un brin narquois, son esprit s’agitait ailleurs. Lui, son message était déjà envoyé. Il ne restait plus qu’à écrire à Teobalde pour qu’il le fasse connaître à travers Taytambo : Adelmiro Ybaria avait tenu tête à la reine et intercédé pour les vies de rebelles.


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    Mer 30 Nov - 20:00

    Je me suis déjà détournée d’Adelmiro, pour bien lui signifier que je ne veux plus l’entendre, quand il reprend tout de même la parole. Il m’en demande l’autorisation mais mon avis lui importe visiblement peu. Le regard noir que je lui lance devrait pourtant lui faire comprendre que son temps de parole est écoulé. Peu lui en chaut : il m’ignore et s’adresse directement à l’assistance. La patience et la pédagogie dont il fait preuve avec la fille N’raëm, tout autant que son insolence à mon égard, sont étonnantes venant de lui mais je ne suis pas là pour comprendre les détours de son esprit tortueux.

    Quand il finit sa tirade, il a du mal à dissimuler sa fierté. Ah, il a réussi à se faire remarquer ! Mais je n’ai pas convoqué ce conseil pour lui servir d’estrade. Je suis ici pour entendre leurs conseils et prendre une décision, et qu’est-ce que j’ai entendu jusqu’à maintenant ? Des propositions séduisantes dans l’absolu mais irréalisables et une donneuse de leçons bêcheuse. Rien qui puisse me permettre de me décider dans cet instant critique pour notre nation.

    - Monsieur Martello… soupiré-je en me tournant vers l’intéressé.

    Jioele prend son temps pour avaler sa salive, se redresser, s’éclaircir la voix. Tout ça pour me sortir ses recommandations habituelles, ses sempiternelles mises en garde contre le courroux ivrian. Je suis obligée de répéter mon exigence de concret. J’ai l’impression de le soumettre à la torture mais il finit enfin par m’énoncer quelque chose d’à peu près clair : soutenir les Ivrians, sans faire de zèle inutile. Je pourrais le titiller sur la définition qu’il veut donner à « zèle inutile » mais je ne pense pas pouvoir obtenir grand-chose de plus.

    De toute façon, j’ai ce que je voulais : une alternative à la proposition inacceptable d’Adelmiro. Enfin, inacceptable… Il n’a sans doute pas tort : il est mieux placé que moi pour connaître l’état d’esprit de la garde, mais est-il parfaitement objectif et honnête ? Et il est vrai que je ne souhaite pas blesser mon peuple, contrairement à ce que les habitants de Taytambo semblent croire. Mais les petites gens ne se rendent pas compte de la force d’Aeron.

    Après un moment de réflexion, je me lève et met fin au conseil.

    - J’ai bien entendu tous vos arguments, dis-je d’un ton grave. Monsieur Ybaria, que la garde soit prête à partir dans les jours à venir. Vous semblez tous d’accord pour exclure totalement la possibilité de laisser les soldats ivrians entrer seuls dans Taytambo. Reste à savoir quelle devra être l’attitude de nos troupes. Je ne puis me décider immédiatement mais vous aurez ma réponse au plus tard quand la colonne pénétrera sur notre territoire. Bonne fin de journées, messieurs-dames.

    Et sans m’attarder, je quitte la salle.

    Event #1.


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