"Vous avez de la chance que le ministre veuille bien se déplacer."
Les mots du garde flottaient seuls dans l'air humide d'automne, échouant à briser le silence du vieillard malgré le ton compatissant.
Il était encore tôt ce matin, et seuls le garde et l'artisan patientaient au bord du pont joignant les deux rives. Livaro avait froid et respirait au travers de l'épais tissu de son écharpe, il tenait d'une main le coffret contenant ses outils et gardait l'autre bien enfouie dans sa lourde veste.
Le garde, lui, avait les bras dénudés et semblait apprécier le doux climat Naidien. Le vieil homme frisonna tout en pensant que cette histoire aurait déjà dû être finie en été.
3 mois ! Déjà 3 mois que la situation était bloquée !
Après avoir été contacté pour remplacer les vitraux du palais de Talehe, le maître avait rapidement compris que ce travail lui permettrait de s'exprimer comme il ne l'avait fait depuis longtemps. Même si le contrat spécifiait des coûts minimes et inistait sur l'efficacité - cétait sûrement pour cela qu'on avait fait appel à lui - l'emplacement du bâtiment offrait des jeux de lumière naturels avec les rues et la grande place. Un défi technique et artistique que Livaro ne souhaitait pas laisser passer.
Les travaux auraient dû commencer 3 mois plus tôt... si seulement le quartier n'avait pas été réquisitionné et bouclé à double tour par l'aristocratie venant de Taytambo.
Le maître Sigerre n'y comprenait pas grand chose (on lui avait dit que le "dossier" était passé par plusieurs mains, chacun se renvoyant les responsabilités entre l'accord, les financements ou les laisser-passers), mais il savait être tenace.
Le ton était monté plusieurs fois, Livaro perdant son calme et son temps en aller-retours le long de la grande rue transversale. Alors si, aujourd'hui, un ministre venait à sa rencontre, il comptait bien régler cette histoire une bonne fois pour toute.
Le maître verrier crut au début à un nouveau délais, voyant un jeune homme s'avancer vers lui - à un tel âge, on ne pouvait qu'être assistant ! Mais les traits du ministre le rendaient reconnaissable parmi tous les autres... et s'il y avait un politicien dont les gens parlaient en ce moment, c'était bien du jeune loup au dents longues aux origines Qiang.
Mais qu'importait qui il était en fait, Sigerre avait son travail et les politiciens avaient le leur. Le vieil homme comptait juste que chacun fasse le sien, et surtout que chacun le fasse bien.
Ne souhaitant pas perdre plus de temps, il décida de prendre l'initiative. Dégageant rapidement son écharpe pour parler clairement, il remit sans attendre sa main au chaud après un nouveau léger frisson.
- Puis-je donc enfin commencer à faire mon travail ? commença-t-il d'un ton neutre et quelque peu distant.
Son âge, ainsi que son attente, pouvaient peut-être excuser son absence de salutations et Livaro n'était de toute façon pas venu pour faire la causette avec un inconnu. Mais l'expérience le rattrapa bien vite.
- ... monsieur le Ministre, ajouta-t-il en s'inclinant subtilement, son humeur pliant devant son respect des règles.
Les mots du garde flottaient seuls dans l'air humide d'automne, échouant à briser le silence du vieillard malgré le ton compatissant.
Il était encore tôt ce matin, et seuls le garde et l'artisan patientaient au bord du pont joignant les deux rives. Livaro avait froid et respirait au travers de l'épais tissu de son écharpe, il tenait d'une main le coffret contenant ses outils et gardait l'autre bien enfouie dans sa lourde veste.
Le garde, lui, avait les bras dénudés et semblait apprécier le doux climat Naidien. Le vieil homme frisonna tout en pensant que cette histoire aurait déjà dû être finie en été.
3 mois ! Déjà 3 mois que la situation était bloquée !
Après avoir été contacté pour remplacer les vitraux du palais de Talehe, le maître avait rapidement compris que ce travail lui permettrait de s'exprimer comme il ne l'avait fait depuis longtemps. Même si le contrat spécifiait des coûts minimes et inistait sur l'efficacité - cétait sûrement pour cela qu'on avait fait appel à lui - l'emplacement du bâtiment offrait des jeux de lumière naturels avec les rues et la grande place. Un défi technique et artistique que Livaro ne souhaitait pas laisser passer.
Les travaux auraient dû commencer 3 mois plus tôt... si seulement le quartier n'avait pas été réquisitionné et bouclé à double tour par l'aristocratie venant de Taytambo.
Le maître Sigerre n'y comprenait pas grand chose (on lui avait dit que le "dossier" était passé par plusieurs mains, chacun se renvoyant les responsabilités entre l'accord, les financements ou les laisser-passers), mais il savait être tenace.
Le ton était monté plusieurs fois, Livaro perdant son calme et son temps en aller-retours le long de la grande rue transversale. Alors si, aujourd'hui, un ministre venait à sa rencontre, il comptait bien régler cette histoire une bonne fois pour toute.
Le maître verrier crut au début à un nouveau délais, voyant un jeune homme s'avancer vers lui - à un tel âge, on ne pouvait qu'être assistant ! Mais les traits du ministre le rendaient reconnaissable parmi tous les autres... et s'il y avait un politicien dont les gens parlaient en ce moment, c'était bien du jeune loup au dents longues aux origines Qiang.
Mais qu'importait qui il était en fait, Sigerre avait son travail et les politiciens avaient le leur. Le vieil homme comptait juste que chacun fasse le sien, et surtout que chacun le fasse bien.
Ne souhaitant pas perdre plus de temps, il décida de prendre l'initiative. Dégageant rapidement son écharpe pour parler clairement, il remit sans attendre sa main au chaud après un nouveau léger frisson.
- Puis-je donc enfin commencer à faire mon travail ? commença-t-il d'un ton neutre et quelque peu distant.
Son âge, ainsi que son attente, pouvaient peut-être excuser son absence de salutations et Livaro n'était de toute façon pas venu pour faire la causette avec un inconnu. Mais l'expérience le rattrapa bien vite.
- ... monsieur le Ministre, ajouta-t-il en s'inclinant subtilement, son humeur pliant devant son respect des règles.