Nuit à l'Auberge
L'auberge dans laquelle j'avais arrêté mon chemin pour la nuit était tout à fait semblable aux autres auberges dans lesquelles je m'étais arrêtées jusque là. Mais l'ambiance y était confortable et le groupe de marchands qui y faisait halte en même temps que moi était de très bonne compagnie. C'était une caravane de drapiers qui se dirigeait vers le désert Nakhti, en traversant toute la partie sud de l'empire et en longeant la côte. Parmi eux il y avait quelques adolescents, venus apprendre le métier de leur père, et je ne pouvais pas rêver meilleur public pour l'un des récits dont je commençais à avoir l'habitude.
Depuis mon départ de la capitale, j'avais voyagé quelque temps en compagnie de mon ami aux yeux d'or, qui m'avait quitté quelques jours plus tôt, et il nous était arrivé suffisamment de choses pour que je puisse en tirer une histoire digne d'une grande veillée.
Voilà comment je me retrouvai une fois de plus confortablement installé à une table peu éloignée de la cheminée, avec une bonne pinte de bière locale et tous les regards tournés dans ma direction. Je ne faisais pas ça par vanité et je n'en tirais aucun orgueil. Mais j'aimais animer les soirées, les rendre vivantes et partager des histoires que l'on se raconterait au fil des voyages et qui continueraient à vivre. M'éclaircissant la gorge après avoir bu une gorgée de bière, je me lançai.
- Mes chers amis ! Laissez-moi vous conter ce soir l'histoire de la naïade que nous avons aperçue au détour d'un chemin creux, pas plus tard que la semaine passée !
La malheureuse jeune créature s'était trouvée aux prises avec un soudard qui comptait l'emmener pour la vendre sur le marché aux esclaves de Tadala, sans imaginer que sa délicate carnation ne pourrait évidemment survivre à la rudesse du chemin, et encore moins à la chaleur écrasante du désert. Je décrivis donc avec forces détails grandiloquents notre intervention, pour le plus grand plaisirs des jeunes hommes qui ne me lâchaient pas des yeux.
Tous savaient que j'exagérais mais cela faisait partie du jeu. Souventefois, la réalité est bien terne face à la fiction. Et pour voir des étoiles briller dans les splendides yeux bleu nuit qui ne me quittaient pas, j'étais prêt à raconter comment je lui décrocherai la lune. C'est bien là mon problème. Je ne sais pas résister aux yeux des hommes. C'est la première chose que je remarque et, s'ils sont les miroirs de l'âme, alors ce sont les plus beaux miroirs qui soient.
Tout en continuant mon récit, je ne peux m'empêcher d'y glisser une allusion légèrement grivoise qui fait rire grassement l'assemblée. Et apparaître un hâle rose sur les joues de mon charmant admirateur. Oh, il doit avoir mon âge, peut-être un an de moins, mais il y a cette candeur dans le sourire espiègle qu'il m'envoie qui le fait paraître plus jeune. Si je suis chanceux, je pourrais sans doute passer un instant en sa compagnie et échanger quelques mots avant que nos routes ne se séparent demain. Peut-être même que nous pourrons partager plus que des mots...
A Talehe, j'avais peiné à trouver des hommes partageant mes tendres inclinations. Je pensais que cela serait plus difficile encore sur les routes, mais je me trompais sur toute la ligne. Ce jeune homme aux yeux de nuit était le deuxième à m'adresser ce sourire si particulier, après un marin croisé au jour de mon départ et qui avait été comme un magnifique adieu à la ville que je laissais derrière moi. A ma façon, j'aimais chaque amant qui partageait ma couche et je magnifiais leur souvenir et leur amour en récits plus poétiques que je réservais à d'autres audiences.
Perdu entre mes douces pensées et mon récit épique, je ne remarque pas l'entrée d'un nouveau client, du moins pas avant qu'il n'échange quelques mots avec l'aubergiste, provoquant une très légère déconcentration dans mon public. Les gens sont curieux. Ils regardent qui vient d'arriver, puis me rendent leur attention et je continue à raconter notre sauvetage et le duel acharné qui m'avait opposé à ce mercenaire en maraude. J'arrive bientôt à la fin du récit, ce qui me permettra de me désaltérer un peu avant d'en reprendre un nouveau ou bien de discuter avec quelqu'un quelques temps. Au moins jusqu'à ce que mon joli garçon vienne me trouver.
Depuis mon départ de la capitale, j'avais voyagé quelque temps en compagnie de mon ami aux yeux d'or, qui m'avait quitté quelques jours plus tôt, et il nous était arrivé suffisamment de choses pour que je puisse en tirer une histoire digne d'une grande veillée.
Voilà comment je me retrouvai une fois de plus confortablement installé à une table peu éloignée de la cheminée, avec une bonne pinte de bière locale et tous les regards tournés dans ma direction. Je ne faisais pas ça par vanité et je n'en tirais aucun orgueil. Mais j'aimais animer les soirées, les rendre vivantes et partager des histoires que l'on se raconterait au fil des voyages et qui continueraient à vivre. M'éclaircissant la gorge après avoir bu une gorgée de bière, je me lançai.
- Mes chers amis ! Laissez-moi vous conter ce soir l'histoire de la naïade que nous avons aperçue au détour d'un chemin creux, pas plus tard que la semaine passée !
La malheureuse jeune créature s'était trouvée aux prises avec un soudard qui comptait l'emmener pour la vendre sur le marché aux esclaves de Tadala, sans imaginer que sa délicate carnation ne pourrait évidemment survivre à la rudesse du chemin, et encore moins à la chaleur écrasante du désert. Je décrivis donc avec forces détails grandiloquents notre intervention, pour le plus grand plaisirs des jeunes hommes qui ne me lâchaient pas des yeux.
Tous savaient que j'exagérais mais cela faisait partie du jeu. Souventefois, la réalité est bien terne face à la fiction. Et pour voir des étoiles briller dans les splendides yeux bleu nuit qui ne me quittaient pas, j'étais prêt à raconter comment je lui décrocherai la lune. C'est bien là mon problème. Je ne sais pas résister aux yeux des hommes. C'est la première chose que je remarque et, s'ils sont les miroirs de l'âme, alors ce sont les plus beaux miroirs qui soient.
Tout en continuant mon récit, je ne peux m'empêcher d'y glisser une allusion légèrement grivoise qui fait rire grassement l'assemblée. Et apparaître un hâle rose sur les joues de mon charmant admirateur. Oh, il doit avoir mon âge, peut-être un an de moins, mais il y a cette candeur dans le sourire espiègle qu'il m'envoie qui le fait paraître plus jeune. Si je suis chanceux, je pourrais sans doute passer un instant en sa compagnie et échanger quelques mots avant que nos routes ne se séparent demain. Peut-être même que nous pourrons partager plus que des mots...
A Talehe, j'avais peiné à trouver des hommes partageant mes tendres inclinations. Je pensais que cela serait plus difficile encore sur les routes, mais je me trompais sur toute la ligne. Ce jeune homme aux yeux de nuit était le deuxième à m'adresser ce sourire si particulier, après un marin croisé au jour de mon départ et qui avait été comme un magnifique adieu à la ville que je laissais derrière moi. A ma façon, j'aimais chaque amant qui partageait ma couche et je magnifiais leur souvenir et leur amour en récits plus poétiques que je réservais à d'autres audiences.
Perdu entre mes douces pensées et mon récit épique, je ne remarque pas l'entrée d'un nouveau client, du moins pas avant qu'il n'échange quelques mots avec l'aubergiste, provoquant une très légère déconcentration dans mon public. Les gens sont curieux. Ils regardent qui vient d'arriver, puis me rendent leur attention et je continue à raconter notre sauvetage et le duel acharné qui m'avait opposé à ce mercenaire en maraude. J'arrive bientôt à la fin du récit, ce qui me permettra de me désaltérer un peu avant d'en reprendre un nouveau ou bien de discuter avec quelqu'un quelques temps. Au moins jusqu'à ce que mon joli garçon vienne me trouver.
codage par LaxBilly.